C’est à Yangambi, dans la province de la Tshopo, que la République organise la Pré-COP27, en prévision de la tenue en Egypte de la 27ème Conférence des parties à la convention-cadre des Nations-Unies sur le changement climatique (COP27). A Yangambi, cette conférence scientifique internationale sur les forêts du Bassin du Congo se tient dans le cadre des travaux préparatoires de COP27.
Partie prenante à l’organisation en Egypte de COP27, c’est dans la cité de Yangambi (Province de la Tshopo) que la RDC organise, du 5 au 7 septembre 2022, la Pré-COP27, sous le thème : «Contribution des forêts du Bassin du Congo et des autres bassins tropicaux de la planète à la lutte contre le changement climatique : état des lieux et perspectives».
La COP27 se tient, du 7 au 18 novembre 2022 à Charm El-Cheikh, en République Arabe Egypte. Six ans après Marrakech au Maroc lors de la COP22 de 2016 et à la COP 26 à Glasgow 2021, la RDC avait exprimé son ambition d’abriter les travaux préparatoires de la COP 27 (Pré-Cop 27), et cela, avec le soutien de plusieurs Etats du Bassin du Congo, de l’Afrique et des pays développés.
Le «Pacte climatique de Glasgow », conclu en novembre 2021, a invité les scientifiques à s’investir davantage afin de mieux comprendre et expliciter les impacts mondiaux, régionaux et locaux du changement climatique, et à proposer des options et des stratégies de réponse appropriées. Cette interpellation s’avère particulièrement pressante pour le Bassin du Congo, une région riche en ressources naturelles nécessaires à la transition écologique, mais qui, comparativement aux autres bassins tropicaux de la planète n’a bénéficié à ce jour que de très peu d’attention internationale, en dépit de sa position de premier plan dans la lutte contre le changement climatique.
Avec 268 millions d’ha de forêt tropical humide, dont plus de 62% se retrouvent en République Démocratique du Congo (RDC), le Bassin du Congo est le deuxième plus grand massif forestier tropical humide de la planète après celui de l’Amazonie. Cependant, en terme de séquestration de CO2 par unité de superficie (ha), les forêts du Bassin du Congo séquestrent plus que celles d’Amazonie ou d’ailleurs, soit environ 1.7 tonnes de CO2/ha, contre 1.2 tonnes de CO2/ha de celles des forêts du Bassin amazonien.
Cet écart considérable qui notamment s’explique par des facteurs dendrométriques, phyto-morphologiques et phyto-physiologiques fait du Bassin du Congo le premier poumon écologique de la planète.
La RDC, pays qui abritera les travaux préparatoires de la 27e Conférence des parties à la Convention cadre des Nations-Unies sur le changement climatique possède environ 155,5 millions d’ha de forêt tropicale humide, avec 10 500 000 ha de tourbières, 10% de réserves d’eaux douces de la planète et 52% de l’Afrique, séquestrant ainsi près de 1,5 milliard de tonnes de CO2 atmosphérique par an, soit l’équivalent de 4% des émissions annuelles mondiales.
Il s’est donc avéré nécessaire de rassembler les scientifiques spécialisés dans les questions de forêts, ressources en eau, changement climatique, finance climatique, et des disciplines connexes, pour réfléchir sur la contribution des forêts du Bassin du Congo et des autres bassins tropicaux à la lutte contre le changement climatique, et surtout des moyens efficaces permettant d’assurer leur préservation. Cela, dans le but de garantir le développement socio-économique vert des populations du Bassin du Congo qui, en tant que premiers gardiens de ces forêts et de sa biodiversité doivent en être les premiers bénéficiaires.
Cependant, les réflexions des scientifiques ne se limiteront pas qu’au Bassin du Congo, mais s’étendront également aux autres bassins tropicaux de la planète, notamment les Bassins de l’Amazonie et de l’Indonésie, lesquels rendent les mêmes services écosystémiques à l’humanité, et sont souvent confrontés à des problèmes similaires de protection et de préservation.
Les experts devront procéder aux états des lieux et aux analyses prospectives, car si dans le passé le Bassin du Congo a été pour l’essentiel épargné de la déforestation, il n’en est plus le cas aujourd’hui. En 2001, l’étendue totale de forêts primaires perdues suite à la déforestation représente plus de 6 millions d’ha. Les causes directes et profondes de cette déforestation sont l’extrême pauvreté, le déficit énergétique, et les méthodes de cultures itinérantes sur brulis forestier.
Le déboisement et la dégradation continus des forêts du Bassin du Congo comportent plusieurs conséquences dont, notamment : l’aggravation des émissions mondiales de CO2 ; la réduction de la capacité de séquestration du carbone atmosphérique ; la réduction des débits des fleuves Congo, Nil, Zambèze, et de certains lacs de la région ; l’assèchement de certains affluents du fleuve Congo ; la rupture du cycle hydrologique dans le Bassin Congo ; la perte de la biodiversité et de la disparition de centaines d’espèces floristiques et fauniques endémiques, ainsi que leur capacité à fournir des biens et services vitaux aux populations
C’est dans ce contexte que la RDC en partenariat avec la République Arabe d’Égypte entend organiser une conférence scientifique internationale sur les forêts des Bassins Tropicaux et le changement climatique, dans le cadre des travaux préparatoires à la 27e Session de la Conférence des parties à la convention-cadre des Nations-Unies sur le changement climatique (Pré-COP27).
La conférence vise à réfléchir sur la contribution des forêts du Bassin du Congo et des autres bassins tropicaux de la planète à la lutte contre le changement climatique, et sur les stratégies visant leur protection et préservation, au regard des moteurs directs et indirects actuels de déforestation. A la lumière des trouvailles scientifiques, la conférence proposera des options pratiques, politiques et scientifiques innovantes en vue de renforcer la conservation et la sauvegarde de ces écosystèmes.
Tighana MASIALA