Dans la région des Grands Lacs, le problème s’appelle le Rwanda. Le ministre congolais de la Communication et Médias, Patrick Muyaya, n’avait pas tort de l’affirmer haut et fort sur le plateau de France 24. En effet, chaque jour qui passe, le Rwanda multiplie des actes de provocation vis-à-vis de ses voisins. Si Kigali a pu harmoniser avec Kampala, après un moment de brouille, le Rwanda et le Burundi se regardent depuis lors en chiens de faïence. Bujumbura a poussé le bouchon beaucoup plus loin en fermant toutes ses frontières terrestres avec Kigali. Déjà, avec la RDC, le Rwanda est en crise permanente, ravivée depuis quelques mois par le soutien que le président Paul Kagame apporte aux rebelles du M23. A cette allure, le Rwanda n’est plus loin d’un isolément dans la région des Grands Lacs.
Dans la région des Grands Lacs, le Rwanda a acquis la mauvaise réputation d’un voisin gênant. Le pays de Paul Kagame n’est plus loin d’un isolément par le fait de ses tendances belliqueuses dans la région.
Les relations entre la République Démocratique du Congo et le Rwanda sont au plus bas depuis des mois, en raison notamment de l’offensive de la rébellion du M23, conduite dans l’Est de la RDC, avec le soutien du Rwanda.
Mais si la situation politique est tendue, les populations de la région ont appris à vivre ensemble depuis des décennies, des deux côtés de la frontière. Certaines familles sont ainsi composées de Rwandais et de Congolais.
C’est le cas de Keren Uwineza. La Rwandaise est mariée à un Congolais. Tous deux vivent à Goma, dans leur quartier Katindo. Keren explique ainsi que leur origine différente n’est pas un facteur de division dans leur couple.
Pour elle, «comme dans chaque famille, il y a toujours des moments de mésententes, mais cela ne s’est jamais produit entre nous parce que je suis Rwandaise. Nous avons deux enfants qui me ressemblent et il les aime tous les deux parce que, selon lui, ils représentent l’image des enfants qu’il rêvait d’avoir avant même qu’il me connaisse.»
Même si cela n’a pas été facile au début, cette mère de deux enfants explique avoir de bons voisins qui ne la stigmatisent pas en raison de sa nationalité. Keren Uwineza avoue d’ailleurs qu’elle peut discuter avec eux de la crise entre les deux pays.
«Au départ (après notre mariage), mes voisins étaient très réticents envers moi, et je pensais que c’est parce que j’étais Rwandaise. Mais après quelques semaines, j’ai compris que c’était seulement parce que je suis timide et que je n’osai pas les approcher. Aujourd’hui, nous discutons de tout, nous parlons même de la politique entre nos deux pays. Je pense personnellement que le Rwanda, mon pays, devrait améliorer son attitude face au Congo», explique-t-elle.
De la politique à la xénophobie
Depuis son atelier de menuiserie où il passe ses journées, Adrien Muhima, l’époux de Keren, est fier de sa femme. Sa seule crainte reste la persistance de la crise politique entre le Rwanda et la RDC qui pourrait conduire à des actes xénophobes.
Il estime que «nous vivons bien avec les Rwandais, il n’y a pas vraiment de problème. Nous craignons seulement que la situation de crise persiste et qu’elle conduise à une révolte populaire. Parce que les Congolais commencent à manifester leur impatience en raison de l’insécurité qui leur est imposée par le Rwanda.»
Au quotidien, loin de la politique et du conflit contre le M23, et à l’exception de certains actes racistes, les relations entre Congolais et Rwandais, qui vivent dans le même quartier et ont appris à se connaître, se déroulent donc sans grands problèmes.
Les tensions entre le Burundi et le Rwanda s’accentuent
Les autorités rwandaises ont accusé le dirigeant burundais de faire des «allégations incendiaires visant à semer la division parmi les Rwandais», ce qui a ravivé les tensions qui persistent depuis que le Burundi a fermé tous les points de passage avec le Rwanda au début du mois.
Les autorités rwandaises ont accusé le dirigeant burundais de faire des «allégations incendiaires visant à semer la division parmi les Rwandais », ce qui a ravivé les tensions qui persistent depuis que le Burundi a fermé tous les points de passage avec le Rwanda au début du mois.
Les relations entre le Rwanda et le Burundi se sont détériorées ces dernières semaines après que le président burundais Evariste Ndayishimiye a renouvelé les accusations selon lesquelles le Rwanda finance et entraîne les rebelles du groupe RED-Tabara.
Les autorités burundaises considèrent le RED-Tabara comme un mouvement terroriste et accusent ses membres d’avoir participé à une tentative de coup d’État ratée en 2015. Le groupe est apparu pour la première fois en 2011 et a été accusé d’une série d’attaques au Burundi depuis 2015.
M. Ndayishimiye a parlé de la jeunesse rwandaise en « captivité » lors d’un événement organisé dans la capitale congolaise, Kinshasa, dimanche, affirmant que la région devait continuer à se battre jusqu’à ce que le peuple rwandais fasse pression sur son propre gouvernement.
Il s’adressait à une conférence de jeunes après avoir assisté à l’investiture du président congolais Félix Tshisekedi. Il s’est apparemment exprimé en sa qualité de champion de l’Union africaine pour la jeunesse, la paix et la sécurité.
Dans un communiqué publié lundi en fin de journée, les autorités rwandaises ont qualifié les propos de M. Ndayishimiye d’«in-cendiaires», affirmant que les appels au soulèvement contre le gouvernement sapent l’unité du Rwanda et menacent la sécurité régionale.
«Il est troublant que quelqu’un tente de saper ces progrès en appelant les jeunes Rwandais à renverser leur gouvernement. Mais qu’un dirigeant d’un pays voisin le fasse, à partir d’une tribune de l’Union africaine, est profondément irresponsable et constitue une violation flagrante de la charte de l’Union africaine», indique le communiqué.
Au début du mois, le Burundi a fermé tous les points de passage avec le Rwanda et a commencé à expulser des citoyens rwandais, affirmant qu’il réagissait au soutien présumé du Rwanda au RED-Tabara. Ces rebelles ont attaqué le mois dernier le village burundais de Gatumba, près de la frontière congolaise, tuant au moins 20 personnes.
Le RED-Tabara, qui est basé dans la province du Sud-Kivu, dans l’Est de la République Démocratique du Congo, a assumé la responsabilité de l’attaque dans un message publié sur X.
«Tant qu’ils auront un pays qui leur fournit des uniformes, les nourrit, les protège, les abrite, les entretient, nous aurons des problèmes », a déclaré M. Ndayishimiye lors d’une émission de radio nationale le mois dernier, faisant référence à la RED-Tabara.
Le Rwanda a nié à plusieurs reprises ces allégations.
Le Rwanda et le Burundi sont tous deux membres de la Communauté de l’Afrique de l’Est, dont les ambitions commerciales ont souffert ces dernières années de conflits sporadiques qui compromettent la libre circulation des personnes et des biens.
Les autorités congolaises invoquent également l’agression rwandaise dans l’Est du Congo, où les troupes gouvernementales se battent pour déloger les violents rebelles du M23 qui contrôlent une partie du territoire. Le Rwanda nie avoir autorité sur le M23.
Econews avec Euronews