Un ministre en fonction du Gouvernement légal qui essuie des tirs en pleine capitale, ça n’arrive pas tous les jours. Pourtant, c’est ce qu’a vécu dimanche Alexis Gisaro, ministre d’Etat des Infrastructures et Travaux publics, lors d’une visite d’inspection des travaux retenus dans le cadre du projet «Tshilejelu».
Dans sa délégation, on apprend qu’il y avait les autorités urbaines et certains députés nationaux, élus de la ville de Kinshasa.
L’histoire digne d’un film d’hollywood a indigné des Congolais. Le ministre d’Etat Alexis Gisaro a été la cible des tirs nourris à Mbudi, un quartier résidentiel de la commune de Mont-Ngafula. Il était en visite des travaux du projet «Tshilejelu» lorsqu’il s’est retrouvé face à une construction anarchique.
Alors qu’il accordait une interview à la presse devant le mur de cette construction anarchique d’un expatrié, non autrement identifié, un policier a ouvert le feu sur la délégation. Quelques membres du cabinet ont été blessés. Mais le ministre s’en est sorti sans dégâts, apprend-on.
Dans un tweet, son cabinet avait prétendu que le ministre était porté disparu. Il n’en était rien. « Dans l’Est de la RDC, on disparaît mystérieusement pour échapper aux balles », a confié un ancien Mai-Mai, faisant allusion à la disparition du ministre qui n’a jamais quitté les lieux contrairement au tweet de son cabinet.
Sur son compte twitter, le porte-parole du Gouvernement a été plus explicite, dissipant tout malentendu. « Je viens d’échanger avec mon collègue Alexis Gisaro. Il se porte bien et n’a pas été physiquement touché. Une équipe d’intervention de la police est arrivée sur place. La situation est suivie de très près », a écrit Patrick Muyaya.
Malgré cet incident, on rapporte que le ministre d’Etat a poursuivi sa visite avec une sécurité renforcée par plusieurs éléments de la Police nationale.
Qui aurait donc donné l’ordre de tirer sur une délégation ministérielle en visite officielle ? A cette question, la réponse se trouve d’abord dans le degré de déliquescence de l’État congolais. En réalité personne n’est à l’abri. On peut être un citoyen ordinaire de Beni ou Goma, voire un ministre de la République, lorsqu’on sort le matin, on n’est pas à l’abri des brebis galeuses.
A Mbudi, c’est un expatrié qui aurait donné l’ordre de tirer. On ne peut vivre pareille situation qu’en République Démocratique du Congo. Un procès en flagrance est la seule réponse qui convient si on tient à l’État de droit.
Hugo Tamusa