Entre interpellations et arrestations : confusion totale à la Police nationale

Rien d’officiel, quelques jours après l’interpellation du numéro 3 de la Police nationale congolaise, Jean-Bosco Ndonda, selon la dernière ordonnance-présidentielle. Des informations parcellaires glanées aux sources réticentes ne démentent pourtant pas qu’il règne au sein de la Police nationale un profond malaise, provoqué par la découverte dans les ordonnances présidentielles de nominations et d’affectations d’officiers de Police des preuves suffisantes de manipulations des listes soumises à la signature du Chef de l’Etat. Mais le fait que le vice-Premier ministre, ministre de l’Intérieur et Sécurité n’ait pas encore été présenté officiellement aux officiers généraux, supérieurs, subalternes et hommes de rang de la PNC en dit long et vient corroborer les bribes d’informations les unes plus alarmantes que les autres.
La cérémonie de présentation officielle du nouveau ministre l’Intérieur aux cadres supérieurs de la Police nationale congolaise, initialement prévue ce lundi 11 avril à Kinshasa, a été reportée à une date ultérieure, a-t-on appris des sources officielles. C’est le deuxième report de la traditionnelle cérémonie depuis l’arrivée de Peter Kazadi, vice-Premier ministre en charge de l’Intérieur, au sein de l’Exécutif national, à la suite du remaniement gouvernemental du 23 mars 2023.
Bien que les raisons de l’ajournement de la grand-messe de la Police et de l’autorité politique, qui se tient traditionnellement dans la cour d’honneur du commissariat général, des informations persistantes, font état, depuis bientôt une semaine, d’un profond malaise au sein de l’institution de maintien de l’ordre d’une part, et de la justice militaire qui aurait entrepris de démêler l’écheveau d’une manipulation des listes des nominations-affectations d’officiers de Police tant au niveau national que provincial, d’autre part, des faisceaux d’infos parvenues à Econews rapportent qu’un profond malaise règne dans les rangs de la Police, après les dernières mises en place.
Ces sources indiquent que des listes ont été trafiquées, voire tripatouillées, avant la dernière étape de la signature présidentielle.

Démonter le puzzle
Tout serait parti, dit-on, de la direction des ressources humaines de la PNC, dont l’ancien responsable au commissariat général de la Police, Jean-Bosco Ndonda, a été promu aux fonctions de commissaire général adjoint en charge de l’appui et gestion. Il est ainsi fait état, entre autres, de promotions fabriquées de toutes pièces ou de détournements d’affectations d’officiers supérieurs, grâce à la falsification des listes établies en amont par les instances autorisées.
La mise aux arrêts du commissaire général adjoint chargé de l’administration, le général Jean-Bosco Ndonda, propulsé troisième personnalité de la police nationale après avoir été directeur des ressources humaines au commissariat général et sur lequel pèsent de lourdes soupçons dans ce dossier sulfureux.
Selon des sources recoupées, plusieurs officiers supérieurs ou subalternes seraient également entendus à la Demiap, certains d’entre eux faisant les frais de détentions provisoires.
La floraison subite sur les réseaux sociaux de messages mettant hors de cause des officiers généraux pourtant en liberté et apparemment non concernés à ce stade de l’enquête est la preuve qu’il existe des raisons de s’inquiéter dans le chef de complices dont les interrogations éventuelles ne sont qu’une question de jours, voire d’heures.
Que s’est-il réellement passé, ou plus, à quel niveau les projets d’ordonnances de nominations et de promotions soumises à la signature du Chef de l’Etat ont-elles été traficotées, avec la volonté apparente de « caser » des frères et des amis ? Mais surtout, les soustraire aux mutations dans les provinces considérées à tort comme moins riches et au mieux, les maintenir dans la capitale. Plus grave, des indiscrétions rapportent qu’il y aurait même parmi les promus des personnes dont le parcours est on ne peut plus éloignés, de la Police. En clair, des civils parachutés officiers supérieurs.
Bien que les services des renseignements militaires ne communiquent pas abondamment sur le sujet, la situation vécue au sein des organes dirigeants de la Police vient jeter le discrédit sur ce corps spécialisé, confirmant du coup certains dysfonctionnements qui se répercutent ipso facto sur la sécurité des biens et des personnes, dont l’incapacité à conjurer le banditisme urbain qui connaît un regain sana précédent.
En attendant, à la PNC, c’est le statu quo. Aucun mouvement n’est prévu au niveau du commandement, en attendant les conclusions des enquêtes qu’effectuent conjointement la Maison militaire du Chef de l’Etat et les renseignements militaires.

Econews

Voici les nominations qui posent problème au sein de la PNC

I. Commissariat général

  • Commissaire général : Benjamin Alonga Boni
  • Adjoint en charge de la Police administrative (Opérations et renseignements) : Sylvano Kasongo Kitenge
  • Adjoint chargé de la Police judiciaire : Elias Tshibangu
  • Adjoint en charge de l’appui et gestion : Jean-Bosco Ndonda

II. Inspecteur général de la PNC : Juvenal Bideko Murhabazi
III. Secrétaire exécutif de suivi des réformes de la Police : Patience Mushid Yav
IV. Directions centrales et grandes unités de la PNC

  • Protection des institutions et hautes personnalités : Omokoko Polydore
  • LENI : Kantu Bakulu Israël
  • Sécurité publique : Bertin Yawe Sumanda
  • Renseignements généraux : Kabasele Tshianana Valentin
  • Protection civile : Nzila Alain-David
  • Police des frontières : Gédéon Lombo
  • Voies de communication fluviale, lacustre et ferroviaire : Paulin Kyungu Banza
  • Police scientifique : Muvulu Prosper
  • Lutte contre la criminalité : Mwakadi Mwalebukayi Isaac
  • Télécommunications et NT : Kalemba Jean-Romain
  • Lutte contre la criminalité économique et financière : Mulanga Tshisekedi Petit
  • Direction des stupéfiants : Egwake Monga Stéphane
  • Fichier central et identité judiciaire : OkeYum Evariste
    -Interpol : Matangi Bolodengo
  • Service des Statistiques : Kavhati Kambale Gilbert
  • Ressources humaines : Tariel Kisak Longin
  • Budget et Finances : Mukaz Odette
  • Logistique : Nzomono Wanisa Achille
  • Gestion et entretien des infrastructures : Amatu Nkiala Virginie
  • Transmission et Télécommunications : Tshinyama Itambo Dodo
  • Santé : Kamanga Mwanatenda Joël
  • Affaires sociales : Ilunga Luyoyo et Françoise Munyarugerero
  • Informatique : Matombe Léonard
  • Études et planification : Alimasi Biganangwa Joseph
  • Information et communication (Porte-parole) : Mwanamputu Epung
    V. Commissariat provincial
  • Kinshasa : Jean-Bosco Galenga
  • Nord – Kivu : Eddy Léonard Mukuna Tumba
  • Sud -Kivu : Kongolo Kambale Christian
  • Ituri: Amisi Nyembo Albert
  • Maniema : Murhula Mwenze Pades
  • Kongo Central : Muteba Kashala Narcisse
  • Bas – Uélé : Henry Kapend Tshipund
  • Équateur : Placide Nyembo Ngalusha
  • Haut – Katanga : Odimba Okito Dieudonné
  • Haut – Lomami : Isaka Léon
  • Haut – Uélé : Palanga Nawej Elvis
  • Kasaï : Makambo Ngimba Fidèle
  • Kasaï Central: Kabwine Wa Mihigo John
  • Kasaï Oriental: Lukesu Lwembi Francis
  • Kwango : Bazenge Jean-Bernard
  • Kwilu : Sabiti Abdallah Patrick
  • Lomami: Ilunga Kitenge Jacques
  • Lualaba : Kizomba Carl
  • Mai-Ndombe : Louis-Second Karawa
  • Mongala : Yav Mukaya Jean
  • Nord – Ubangi : Nzala Ebola Thadée
  • Sankuru : Ekofo Djemba Donatien
  • Sud – Ubangi : Kamana Uwimana Kanold
  • Tanganyika: Wasongo lwa Ngana Claude
  • Tshopo : Singa Volo Roger
  • Tshuapa : Amisi Nyembo Albert