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Est de la RDC : la Belgique est «totalement en désaccord» avec la politique du Rwanda (Maxime Prévot)

Le 17 mars dernier, Kigali avait annoncé la rupture de ses relations diplomatiques avec la Belgique, accusant Bruxelles d’avoir « pris parti » dans le conflit dans l’est de la RDC et de vouloir maintenir une forme de domination coloniale sur le Rwanda.

«Je pense que le Rwanda, et c’est légitime, recherche la sécurité […] mais je suis totalement en désaccord avec […] la manière dont il agit dans l’Est du Congo », a déclaré vendredi 25 avril Maxime Prévot, lors d’un entretien accordé à l’AFP après une rencontre à Kampala avec le président ougandais Yoweri Museveni.

Ancienne puissance coloniale à la fois en RDC (ex-Zaïre) et au Rwanda, la Belgique a été l’un des pays les plus critiques de Kigali depuis l’offensive éclair du M23 lancée en décembre au cours de laquelle le groupe armé a pris le contrôle de Goma, capitale du Nord-Kivu, puis de Bukavu, capitale du Sud-Kivu.

RUPTURE DES RELATIONS DIPLOMATIQUES

Le chef de la diplomatie belge doit également rencontrer dans les prochains jours les présidents du Burundi et de la RDC, Évariste Ndayishimiye et Félix Tshisekedi, mais il ne se rendra pas au Rwanda en raison de la rupture diplomatique entre Kigali et Bruxelles annoncée le 17 mars.

Le Rwanda n’a jamais explicitement reconnu la présence du M23 sur le sol congolais. Kigali admet toutefois des préoccupations sécuritaires le long de sa frontière avec la RDC et réclame notamment l’éradication des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), fondées par des Hutu rwandais responsables du génocide des Tutsi. Près de 4.000 soldats rwandais soutiennent le M23 dans l’est de la RDC, selon des experts de l’ONU.

Le Rwanda avait accusé en mars l’ex-puissance coloniale d’avoir pris fait et cause pour Kinshasa, et de tenter de créer une «opinion hostile injustifiée» à son égard. Kigali avait aussi dénoncé des «tentatives pitoyables» de «maintenir des illusions néocoloniales».

La Belgique est accusée d’avoir favorisé la division ethnique au Rwanda, qui a abouti au génocide des Tutsi en 1994 faisant plus de 800.000 morts. «La Belgique n’est certainement pas contre le Rwanda. Nous avons une longue histoire», a rétorqué Maxime Prévot. «Nous n’avons aucune nostalgie du colonialisme. Il n’y a aucun lien entre notre position actuelle et le génocide.» La Belgique, selon lui, réagit «pour la défense du droit international, du droit humanitaire, de la souveraineté et de l’intégrité territoriale. C’est notre seule boussole ».

L’INFLUENCE LIMITEE DE LA BELGIQUE

Maxime Prévot a également appelé au dialogue pour résoudre le conflit dans l’est de la RDC qui a fait ces derniers mois des milliers de morts, selon l’ONU et le gouvernement congolais. «Il n’y aura pas de solution militaire dans l’est du Congo. Nous avons besoin de dialogue», a-t-il ajouté, tout en reconnaissant l’influence limitée de la Belgique à l’heure actuelle. « J’espère qu’il sera possible dans les prochains mois de rouvrir, peut-être discrètement, peut-être de manière informelle, les canaux de communication», a-t-il toutefois déclaré.

Le ministre a également salué les récents efforts diplomatiques menés par les États-Unis et le Qatar pour faciliter les pourparlers entre le gouvernement de la RDC et le M23. Le Rwanda et la RDC se sont donnés jusqu’au 2 mai pour ébaucher un projet d’accord de paix.

Dans une déclaration signée sous l’égide des États-Unis à Washington, les deux pays se sont aussi engagés à respecter leur souveraineté respective et à s’abstenir de soutenir des mouvements rebelles. Mercredi, le gouvernement congolais et le M23, qui mènent des pourparlers au Qatar, avaient publié pour la première fois une déclaration conjointe inattendue dans laquelle ils disaient vouloir «œuvrer à la conclusion d’une trêve».

Avec AFP

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