Constant Mutamba, ministre d’État et garde des Sceaux de la République démocratique du Congo, s’engage à réformer en profondeur une justice décrite comme «malade» par le président Félix Tshisekedi. Reconnaissant les ingérences internes et externes qui minent l’indépendance des magistrats, il promet de mettre en œuvre les recommandations des états généraux de la Justice pour restaurer la confiance des citoyens et consolider l’État de droit. Mais face à des défis immenses, sa capacité à faire bouger les lignes reste une interrogation cruciale.
Nommé Garde des Sceaux et minister d’État en charge de la Justice en République Démocratique du Congo, Constant Mutamba affiche une ambition claire : transformer une justice décrite comme «malade» par le président Félix Tshisekedi. Face à une tâche titanesque, le ministre entend s’attaquer aux maux qui gangrènent le système judiciaire et redonner à la justice congolaise son indépendance et sa crédibilité.
UN DIAGNOSTIC SANS CONCESSION
Dans une interview accordée à Jeune Afrique, Constant Mutamba ne mâche pas ses mots. Il pointe du doigt les multiples interférences, internes et externes, qui compromettent l’indépendance des juges et magistrats. «Les influences internes – notamment la hiérarchie de la magistrature – et externes – venues du pouvoir politique – n’aident pas les juges et magistrats à dire le droit en toute indépendance », déplore-t-il.
Cette ingérence systémique, selon lui, explique pourquoi de nombreux criminels économiques et financiers demeurent en liberté tandis que les prisons sont surpeuplées de délinquants mineurs. Une situation qui, selon le ministre, sape la confiance des citoyens envers les institutions judiciaires et nuit aux efforts de consolidation de l’État de droit.
Pour redresser la barre, le ministre s’engage à mettre en œuvre les réformes issues des états généraux de la Justice, une initiative du gouvernement visant à identifier les failles du système judiciaire congolais et à proposer des solutions concrètes. Ces recommandations, qui touchent à la fois la formation, l’indépendance et la responsabilisation des magistrats, représentent pour Constant Mutamba une feuille de route ambitieuse mais nécessaire.
«Le Chef de l’État a instruit. Il nous revient d’exécuter», martèle le ministre, déterminé à dépasser les résistances qui se dressent sur son chemin.
Dans un pays où la justice est souvent perçue comme une arme aux mains des puissants, Constant Mutamba veut inverser la tendance. Il estime que la lutte contre la corruption et les abus de pouvoir passe avant tout par une justice équitable et indépendante. «Nous devons restaurer cette confiance pour consolider l’État de droit », insiste-t-il.
Cependant, le défi est de taille. L’histoire récente montre que réformer en profondeur le système judiciaire congolais nécessite non seulement des moyens financiers et humains, mais aussi une volonté politique à tous les niveaux.
JUSQU’OU IRA CONSTANT MUTAMBA ?
S’il est encore trop tôt pour mesurer les résultats de son action, Constant Mutamba semble prêt à défier les obstacles et les résistances pour accomplir sa mission. Mais sa capacité à faire bouger les lignes dépendra en grande partie de son aptitude à naviguer entre les pressions politiques et institutionnelles, tout en restant fidèle à son engagement pour une justice véritablement indépendante.
L’enjeu est crucial, non seulement pour l’avenir de la justice en RDC, mais aussi pour le renforcement de la confiance des citoyens envers leurs institutions. Pour Constant Mutamba, le temps est à l’action, et les Congolais attendent des résultats.
Si le ministre de la Justice, Constant Mutamba, a «fait sortir des milliers de prisonniers pour libérer de l’espace à la prison centrale de Makala» et donné des directives pour que les condamnés soient envoyés dans d’autres établissements, le problème de fond reste entier : une surpopulation carcérale intenable, conséquence d’un système judiciaire en faillite. Jeune Afrique le rappelle : «En RDC, 80 % des détenus qui croupissent en prison sont dans l’attente d’un procès. Ils sont donc possi-blement innocents.»
Tighana M.
Soyez le premier à commenter