Parmi les six candidats au poste de gouverneur de la province du Nord-Ubangui, trois se détachaient nettement. Non par leurs hauts faits politiques ou par des réalisations sociales notables; ils sortaient du lot par leur pedigree. Tous trois portent les noms prestigieux de leurs ascendants, dont Léon Kengo wa Dondo et Seti Yale, piliers incontestables du régime du Maréchal Mobutu au cours des trois décennies du pouvoir sans partage du natif de Lisala. Inconnus du grand public, ils évoluaient néanmoins dans les ombres troubles du pouvoir par les relations et les réseaux tissés par leurs géniteurs qui inspirent encore du respect dans certains milieux post-mobutistes.
L’élection organisée ce mardi 12 juillet 2022 à Gbadolite par la Commission électorale nationale indépendante (CENI) a vu la victoire sans appel de Mobutu Malo Ndimba, petit-fils du Maréchal et fils de Manda Mobutu avec 11 voix sur les 18 députés provinciaux votants. Marie-Claire Kengo obtient 3 voix, et aucune à Seti Yale Kete.
La candidate Marie-Claire Kengo a fait dans un passé récent un passage furtif dans l’opinion en briguant sans succès la présidence du club de football kinois du Daring Club Motema Pembe (DCMP). Ceux qui la côtoient décrivent une femme qui a hérité de son père politique. Elle a convaincu son père aux facultés quelque peu défaillantes à lui passer les rênes du parti Les Républicains et de la plateforme RIA, au détriment du professeur Michel Bongongo qui a claqué la porte, dépité.
Seti Yale Kete, resté sans doute le dépositaire du sens morbide du secret de son géniteur, le mystérieux et redouté Conseiller spécial à la sécurité du président Mobutu; dissimulé et secret au point qu’après sa mort au Portugal où il est enterré, et dont il détenait par ailleurs la nationalité, la presse locale avait eu du mal à trouver la moindre de ses photographies. Rasant les murs dans les rouages sombres de la jet-set, Yale fils, illustre inconnu, du moins dans la remuante Kinshasa, ne pouvait compter que sur les nostalgiques de l’ère mobutiste; mais les temps ont changé.
Quant au désormais vainqueur du scrutin et gouverneur du Nord-Ubangui, Mobutu Malo Ndimba, l’on apprend qu’il était, jusqu’à son élection, conseiller au ministère de l’Aménagement du Territoire, après avoir exercé la même fonction à la présidence de la République entre avril et novembre 2019. Ainsi, porté par son nom et l’influence grandissante du ministre Guy Loando dans les provinces de l’Equateur démembré, l’issue de la compétition était inéluctable.
Dans la confrontation inédite des Mobutu, Kengo et Yale, la hiérarchie a parlé et elle a été respectée. Même dans l’au-delà, le Maréchal Mobutu exerce encore son autorité sur ceux qui continuent à avoir foi dans ses mérites passés.
M.M.F.