En 1998 lorsque M’zée Laurent-Désiré Kabila fait face à une rébellion, partie comme toujours de l’Est de la RDC et soutenue par le Rwanda, il a fait recours à la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC). Aujourd’hui, la donne géopolitique a profondément changé, dans la mesure où la République Démocratique du Congo fait partie à la fois de la SADC et de l’EAC (Communauté des Etats de l’Afrique de l’Est), dont est également membre le Rwanda, son agresseur qui a décidé d’armer les rebelles du Mouvement du 23 mars (M23).
L’adhésion de la RDC était-elle une bonne chose? Au regard de l’agression dont elle est victime de la part du Rwanda, sans la moindre condamnation de Kigali, à Kinshasa on doit réfléchir sérieusement sur l’engagement que le pays a pris avec les pays voisins comme l’Ouganda et le Rwanda.
Par extension, la même attention doit aussi concerner les autres pays de l’EAC qui se sont tus en anglais et en swahili après la résurrection du M23 avec des armes sophistiquées et des hommes aguerris capables à mettre en mal une armée régulière.
Armé par le Rwanda qui lui a prêté des hommes des troupes, le M23, comme jadis l’AFDL de triste mémoire, porte les revendications de Kigali.
Aussi curieux que cela puisse paraître pour ce qui est de l’Ouganda, le rôle trouble joué par ce pays dans la prise de Bunagana interpelle. Comment un allié peut-il se permettre d’ouvrir les frontières à gauche et être avec vous en opération conjointe à droite? Un non sens qui démontre la fragilité des engagements pris par les autorités. D’ailleurs, le fils Museveni n’a jamais caché dans ses tweets, les véritables intentions de son pays en ce qui concerne la République Démocratique du Congo. Kampala a choisi Kigali, mais distrait Kinshasa.
Face à ce tableau, les autorités congolaises devraient jouer la carte de la SADC qui a démontré à plusieurs reprises sa disponibilité à aider la RDC chaque fois que son intégrité territoriale était menacée. Il ne faut pas être naïf et croire que la Tanzanie, le Kenya et les autres seraient favorables à la RDC contre leurs alliés de tout le temps le Rwanda et l’Ouganda. D’ailleurs, une opinion congolaise voudrait que le pays sorte de cette communauté.
A noter est le vendredi 8 avril 2022 que le chef de l’État congolais Félix Tshisekedi a signé le traité d’adhésion de la RDC à l’EAC. Ce geste marquait encore une fois le retour de la République démocratique du Congo dans le concert des nations. Le pays sort de plus en plus de son isolement diplomatique et commercial.
Avec cette adhésion, l’EAC devenait « une communauté plus vaste en taille que l’Europe… Avec des ressources abondantes, une main d’œuvre formée… Il n’y a pas de raison que nous ne soyons pas forts et prospères économiquement », avait alors déclaré le chef de l’État kenyan, Uhuru Kenyatta.
Le Président Félix Tshisekedi espérait, de son côté, qu’« en adhérant à la Communauté des pays d’Afrique de l’Est, le peuple congolais ne veut pas seulement se contenter des bénéfices d’un commerce intra-communautaire, mais il aspire d’abord et surtout à entretenir des relations fondées sur la paix et la sécurité de tous ».
Apparemment, le Chef de l’Etat prêchait dans le désert. Car, moins de deux mois après la signature de l’acte d’adhésion à l’EAC, le Rwanda décida de passer outre la charte communautaire en armant le M23 contre la RDC.
Francis M.