Des hauts officiers rwandais étaient à Paris, le 16 mai 2024, pour la signature du procès-verbal (PV) de la deuxième commission militaire mixte franco-rwandaise. Le Partenariat militaire entre la France et le Rwanda vient d’être confirmé et reconduit jusqu’à fin 2025.
Une semaine plutôt, nous avons évoqué, dans un article rédigé par nos soins et publié dans un quotidien de la place, l’hypocrisie française face à l’agression rwandaise contre la République Démocratique du Congo (RDC). En effet, cette nouvelle entente conclue entre la France et le Rwanda vient étayer notre argumentation : La France est et reste un pays ami du Rwanda. Si les Congolais ne sont pas dupes des demi-vérités et des faux espoirs, ils doivent s’assumer.
À la lumière des propos tenus au Palais de l’Élysée, mardi 30 avril 2024, sur « la France qui entend œuvrer pour la stabilisation de l’Est de la RDC », lors d’une conférence de presse conjointe du président français, Emmanuel Macron, et de son homologue congolais, Félix Tshisekedi, ainsi que les évènements récents de la prolongation du soutien militaire de la France au Rwanda, deux questions se posent : faut-il continuer à vilipender le comportement des Français et des Rwandais face à la crise (multiforme) que traverse la RDC ? Que font les Congolais, eux- mêmes, pour mettre un terme à cette guerre dans l’Est qui dure depuis trente ans ?
Ces questions peuvent aider à prendre conscience de choses et ne pas esquiver la réalité. Recréer les conditions d’une coexistence pacifique inter-congolaise est l’élément essentiel du bien-vivre ensemble. Aujourd’hui, la société congolaise est fracturée. La solidarité, la cohésion sociale ou l’unité nationale deviennent de vains mots sans substance et n’assurent plus le bien-être de la population. D’où la douleur, la colère, la frustration qui conduisent notamment à la révolte contre le régime actuel.
Le pays est dévasté par une guerre dans l’Est et vivote entre megestion publique, corruption, tribalisme, népotisme, clientélisme, égoïsme, prévarication, anarchie…Les Congolais ont perdu toute dignité et se vendent à vil prix. Les slogans comme « Mboka ya makasi » (un pays fort), « Peuple ya lokumu » (un peuple fier) se conjuguent, aujourd’hui, au passé. Un cauchemar !
Dès lors, qu’on reconnaisse que les principaux problèmes auxquels la RDC fait face actuellement sont d’abord congolo-congolais. C’est une réalité qu’il faut assumer. Pour ce faire, il faut crever l’abcès et se parler entre Congolais. Aux problèmes des Congolais, des solutions congolaises. Cependant, il est triste de constater que, l’opposition politique et la société civile sont muselées, rares sont à l’heure actuelle les manifestations citoyennes qui sont autorisées par le gouvernement.
L’heure est grave, très grave ! Aucun État au monde ne travaillera pour l’intérêt de la RDC. Ou ne se décarcassera pour les Congolais afin qu’ils retrouvent leur crédibilité, leur allure d’antan… Il serait présomptueux de penser le contraire.
Si les Français et les Rwandais ont leur part de responsabilité dans le malheur de la RDC, les Congolais sont eux-mêmes les fossoyeurs de l’idéal de développement de leur pays. Sans Congolais fiers d’eux, sans un Congo qui a confiance en lui, le pays ne pourra pas se développer. Les Congolais doivent ainsi se convaincre qu’ils doivent se serrer les coudes et faire face aux problèmes ensemble, avec l’espoir de récréer une nation souveraine et unie où régnera la paix et l’harmonie. La réalité est que l’irresponsabilité et l’inconscience, traits communs aux politiques congolais, expliquent le gouffre dans lequel est tombé le pays. La classe politique, en panne de vision, est incapable d’agir contre les antivaleurs qui ruinent les efforts de reconstruction et de stabilisation de la RDC. Cette réalité risque de détruire la société congolaise pour des générations.
La RDC doit arriver à sécréter une nouvelle classe politique, éprise d’indépendance, de liberté, d’égalité et de progrès. Ce dont a besoin la RDC, ce sont de vrais leaders, des éveilleurs de conscience, des personnes prêtes à porter le pays à bout de bras. Sinon la tradition de la dictature qui se voile sous le couvert des présidents « démocratiquement élus » et le genre de propos « ça va changer », « on va corriger les erreurs du passé » finiront par achever les minces espoirs que nourrissent les Congolais pour leur pays.
Robert Kongo (CP)