L’ancien Premier ministre, Matata Ponyo Mapon, a refusé de prendre le don d’une jeep fait aux sénateurs et députés par le Gouvernement de la République. L’homme à la cravate rouge ne manque pas d’arguments pour décliner ce don aux allures évidentes de corruption. Pour cet éminent économiste formé en RD Congo et qui a fait ses preuves comme chef du Gouvernement, il aligne des chiffres qui interpellent tout dirigeant sérieux sur le gaspillage des maigres ressources publiques. 609 Jeeps au coût de 65.000 dollars américains, c’est, dit-il, quatre universités répondant aux normes. C’est aussi près de 400 écoles, des hôpitaux généraux et deux Airbus A310 de moins de 10 ans pour relancer la compagnie aérienne nationale, Congo Airways, à plein tourment… Ces chiffres, poursuit-il, mettent en mal la gouvernance du pays. Le président du Sénat, Modeste Bahati, a également eu droit à des remontrances de Matata. Le président de la chambre haute n’a pas usé de la sagesse et de la rigueur pour éviter ce gaspillage des ressources financières dont le pays a tant besoin. Face aux « jeeps de la honte », Matata n’est ni demandeur ni preneur. Il se positionne plutôt en bon défenseur de la bonne gouvernance et du leadership.
Matata Ponyo Mapon, sénateur élu de la province du Maniema, a fait fort de décliner le don de jeeps aux députés et sénateurs. Il a refusé de rouler, seul, dans ce confort, alors qu’avec les moyens ayant servi à l’acquisition de ces véhicules de luxe, il y avait l’opportunité de doter la population de 400 grands bus pour vider les attroupements dans les arrêts de bus aux heures de pointe.
L’ancien Premier ministre Matata s’est démarqué de cette voie aux antipodes d’une gouvernance rigoureuse et d’un leadership exemplaire. Un leader ne doit pas être un jouisseur. Il doit servir et non se servir. D’aucuns ont tenté de tourner en dérision cette décision courageuse d’un homme qui avait démontré dans le passé sa capacité dans l’orthodoxie de la gestion de la chose publique.
En économiste rigoureux soucieux du bien-être de la majorité de la population, Matata a décliné avec fracas cette offre indigeste, manifestation de la diffusion de la culture de la jouissance au sein des institutions.
En prenant cette courageuse et historique décision, Matata Ponyo Mapon s’est tourné vers le peuple. Il s’est donc attiré une fois de plus les courroux d’une classe politique prédatrice, voire jouisseuse pour qui le peuple n’a droit à rien.
Ce positionnement, qui fait l’objet de critiques acerbes aujourd’hui, a déclenché dans l’opinion un intérêt tourné vers le souci de relever les défis de la Nation.
Matata le énumère les plus significatifs : les hôpitaux, les écoles, les bus, les universités. Un regard tourné vers la jeunesse sur qui le présent et l’avenir du pays sont en train de se construire.
Plutôt que de doter à 609 individus, députés et sénateurs, 609 Jeeps de six places confortables, l’ancien Premier ministre propose d’acquérir 400 bus de grande capacité devant servir au transport de plusieurs centaines de milliers de Congolais qui se déplacent au quotidien pour gagner leur vie. Le Congolais lambda le sait.
En réalité, Matata a démontré à la face du monde que dans le secteur du transport en commun, il avait investi utilement. Aujourd’hui lorsqu’on parle de Transco, il faut penser à Matata Ponyo Mapon. Il n’avance donc pas des choses en l’air.
De même, Matata estime que les fonds alloués à l’achat de ces Jeeps pouvaient servir à doter la République de quatre grands hôpitaux de référence. Tout un programme. Il suffit de s’imaginer le pas de géant franchi en dotant le Nord, le Sud, l’Est et l’Ouest de la RDC d’hôpitaux de standing international. Il n’y a pas meilleure campagne électorale que celle-là.
Comme pour confirmer encore une fois son souci pour la jeunesse, le professeur Matata estime qu’avec l’argent ayant servi à l’achat de jeeps Palissade, il y avait moyen de construire quatre universités qui répondent aux standards. Il en a l’expérience avec l’université qu’il a construite à Kindu, dans le Maniema. Une fierté de la Nation congolaise.
De même que les 40 millions de dollars américains investis dans une dépense de prestige aux élans de corruption pouvaient servir à doter la République de 400 écoles primaires dans un pays où les enfants étudient dans des conditions inhumaines. Tout comme, cette enveloppe pouvait bien servir, pense-t-il, à renforcer la flotte de la compagnie aérienne nationale, Congo Airways, avec deux Airbus A310 de moins de dix ans. L’Etat en aurait certainement tiré d’importants dividendes.
En lieu et place, on a préféré sevrer 609 députés et sénateurs avec des jeeps toute neuves pour obtenir leur silence. Des «jeeps de la honte » qui éloignent les détenteurs du pouvoir d’Etat de ce souci du bien-être collectif.
En se positionnant du côté du peuple, ses anciens amis du FCC et les dirigeants actuels vont sûrement coaliser contre Matata pour le déstabiliser. C’est le sens à donner à l’acharnement politico-judiciaire mené contre sa personne.
C’est aussi l’occasion pour le peuple congolais de frapper fort et de défendre à n’importe quel prix, ceux qui ont donné les preuves de vouloir travailler dans l’intérêt de ce même peuple.
Sur ce point précis, Matata a fait le choix de la gouvernance et d’un leadership pour l’éveil du géant congolais, endormi par le fait des choix économiquement irrationnels et politiquement inadéquats.
Voici la lettre du Sénateur Matata Ponyo Mapon adressée au Président du Sénat
A l’Honorable Président du Sénat
à Kinshasa/Lingwala
Concerne : Refus de l’offre gratuite d’un véhicule Hyundai Palissade
Honorable Président,
J’ai été saisi, comme les autres Sénateurs, par vos services pour récupérer un véhicule Hyundai Palissade à titre de don du gouvernement aux parlementaires.
Y faisant suite, je vous informe de ma décision de refuser une telle offre qui symbolise la mauvaise gouvernance dans la gestion des affaires de l’Etat.
En effet, il me paraît incompréhensible et inacceptable qu’au même moment que la plupart des députés et gouvernements provinciaux accusent plusieurs mois de retard de paiement de leurs émoluments, qu’un tel don de plusieurs dizaines de millions de dollars américains soit accordé à quelque 609 députés et sénateurs.
Pour votre information, au marché réduit à 65.000 USD le véhicule, 609 véhicules coûteraient près de 40 millions de dollars américains. Ces fonds sont en mesure, s’ils sont utilisés rationnellement et pour un seul projet, de financer par exemple :
i) La construction de trois à quatre universités dans les provinces;
ii) La construction de plus de 400 écoles primaires;
iii) La construction de quatre grands hôpitaux régionaux;
iv) L’acquisition de deux avions Airbus 310 de moins de 10 ans;
v) L’acquisition de quatre cents bus Transco pour le transport en commun.
Cette énumération non exhaustive des projets socio-économiques finançables démontre à suffisance que votre implication personnelle pour l’octroi de ces véhicules de luxe aux Sénateurs symbolise la mauvaise gouvernance au sommet du Sénat, ce qui est votre poids politique, comme vous l’avez réclamé tout haut à l’hémicycle.
Veuillez agréer, Honorable Président, l’expression de ma parfaite considération.
Matata Ponyo Mapon