Dans la mise en œuvre du projet «Fatshi City» qui, en phase opérationnelle, exige la relocalisation du camp militaire Kokolo, le Gouvernement a levé l’option de confier son pilotage au ministre d’Etat de l’Aménagement du territoire, Guy Loando. Une façon de contourner Guylain Nyembo, directeur de cabinet du Chef de l’Etat, qui semblait prendre le dessus sur ce projet.
Le Gouvernement de la République a coupé court, vendredi en Conseil des ministres, en tranchant sans équivoque sur le conflit artificiel que voulait créer le directeur de cabinet du Chef de l’État, Guylain Nyembo.
Vendredi dernier, le Gouvernement a fait le point de l’état d’avancement du projet «relocalisation des camps militaires».
Faisant suite aux recommandations formulées à la 41ème réunion du Conseil des ministres, le ministre d’État Guy Loando a présenté au Conseil le rapport sur l’état d’avancement des travaux du Projet de relocalisation des camps militaires. Au regard de la sensibilité de la question et dans le but de préserver les droits des occupants, une Commission interministérielle a été mise en place pour assurer un encadrement étroit.
Dans la mise en œuvre de ce projet, le Gouvernement a levé le préalable de « construire des nouveaux logements avant d’envisager toute forme de délocalisation ».
Outre les habilitations du Gouvernement pour ce Projet, le ministre d’Etat chargé de l’Aménagement du territoire a sollicité le quitus nécessaire afin de vider la problématique de la situation juridique de l’accord de partenariat qu’évoque la société BITEC Sarl.
A cet effet, Guy Loando a été chargé de poursuivre les discussions avec la société «Kinko.be Sprl ». Il a, enfin, demandé l’accompagnement des membres du Gouvernement dans la mise en œuvre de cet ambitieux et salutaire projet qui, à n’en point douter, contribuera au processus de la réforme des Forces armées et de la Police nationale congolaise de la République Démocratique du Congo.
«Le relogement des habitants de nos camps aujourd’hui, est un préalable à la bonne exécution de ce projet », a indiqué le Gouvernement dans le compte rendu de la réunion du Conseil des ministres.
Guylain Nyembo neutralisé
On se rappelle que, dans une correspondance, le directeur Nyembo avait écarté subtilement le ministre d’Etat en charge de l’Aménagement du territoire, en lui signifiant qu’une commission était déjà sur le sujet. Dans une réponse cinglante, le Gouvernement de la République avait superbement ignoré l’existence de cette commission. En lieu et place, le Gouvernement a plutôt encouragé le ministre Guy Loando à poursuivre des négociations pour conduire à bout ce projet. Il va devoir faire ce travail transversal avec les structures réellement concernées par le projet.
Soutien des élus de Kinshasa à Guy Loando
A cet incident – le énième qui oppose le Gouvernement au cabinet du Chef de l’Etat – il est temps que la Présidence de la République s’érige en gouvernement-bis.
Quoi qu’il en soit, le ministre d’Etat Guy Loando, qui vient d’obtenir du Gouvernement la coordination de ce projet, peut compter sur le soutien des élus de la ville de Kinshasa.
Pour dissiper tout malentendu, les députés nationaux, élus de la ville de Kinshasa, ont eu des échanges dimanche avec le ministre Guy Loando autour du projet «Fatshi City», visant la relocalisation des camps militaires dans la capitale.
Le ministre d’Etat Guy Loando Mboyo a, à cette occasion, fait un état des lieux de son secteur, question de présenter à ses hôtes, les réalisations de son ministère qui joue et qui jouera toujours un rôle clé dans la relance de développement à la base.
Il s’est, par la suite, livré à un exercice plutôt pédagogique, en apportant des détails nécessaires sur le projet «Fatshi City», sollicitant l’accompagnement, mieux, le soutien des élus pour la matérialisation de ce projet qui s’inscrit dans la vision du chef de l’Etat, celle de doter le pays d’infrastructures modernes et d’améliorer les conditions de vie des hommes en uniformes et de leurs familles.
D’un ton rassurant et avec un franc parler habituel, Me Guy Loando a fait savoir à ses hôtes l’historique de ce projet.
Tout remonte, a-t-il rappelé, à l’époque de la Conférence Nationale Souveraine (CNS) où il a été soulevé la problématique de positionnement de certains camps militaires à Kinshasa. Ce dossier a été relancé en 2016 au niveau du ministre de l’Aménagement du territoire, Urbanisme et Habitat, en engageant des discussions avec le groupe Kinko.be pour la relocalisation du camp Kokolo.
Dans cet accord, a indiqué Me Guy Loando Mboyo, le Gouvernement devait disponibiliser, pour sa part, le terrain; et l’entreprise, à son tour, apporter un financement conséquent et construire les camps militaires selon les normes internationales. Dans la foulée, d’autres accords ont été signés dans le cadre du même dossier, a-t-il rappelé.
Nommé ministre d’Etat de l’Aménagement du territoire, Me Guy Loando a relancé ce projet par la mise en place d’une équipe de travail.
«Avec mon équipe nous avons scruté le dossier. Aucun appel d’offres n’était lancé, aucune étude n’était encore réalisée… Et c’est au cours de la 41ème réunion du Conseil des ministres du gouvernement que nous avons soumis le dossier pour approbation afin de nous permettre de le poursuivre selon la vision du chef de l’Etat», a-t-il expliqué. Et de poursuivre : «On ne peut pas aller dans un grand contrat sans préalable, sans état des lieux, sans appel d’offres… Dans la matérialisation de ce projet, le groupe Kinko.be est prêt à nous accompagner», rappelant que «le Gouvernement de la République prend au sérieux la question».
Pour le ministre d’Etat, l’option a été levée de ne pas relocaliser des camps militaires avant la construction des casernes modernes. « Aucun militaire ne va bouger si rien n’est encore construit. Ce n’est qu’après la construction des casernes que les militaires vont être relocalisés », a-t-il tenu à préciser.
Au nom du caucus des élus nationaux de Kinshasa, Daniel Mbau a apprécié cette main tendue du ministre d’Etat de l’Aménagement du territoire. «Il était important, pense-t-il, de puiser la bonne information à la source pour notamment casser la désinformation qui tente de s’installer autour de ce projet ».
Hugo T.