Le président de la République démocratique du Congo a quitté Kinshasa ce dimanche 17 septembre 2023 à destination de New York où il prendra part à la 7ème session de l’assemblée générale de l’ONU qui s’ouvre ce mardi 19 septembre. Félix Tshisekedi retrouve la métropole américaine un an après sa rencontre avec son homologue rwandais à l’instigation du Français Emmanuel Macron. Au menu du dîner tripartite avait figuré, l’on s’en souvient, l’épineuse question de l’agression de la RDC par son voisin de l’Est dissimulé derrière la rébellion du M23. Un an plus tard, force est de constater que peu de choses ont changé sur le terrain où les occupants se renforcent et pillent à l’envi les ressources naturelles du Nord-Kivu. Le tout au vu et au su de toutes les capitales régionales qui affichent une sorte de lassitude face à la situation sécuritaire dans l’Est de la République Démocratique Congo. D’où la question de savoir la nature du discours que développera (encore) Félix Tshisekedi devant la plénière de l’ONU.
New York, mercredi 21 septembre 2022. En marge de la 77ème session des Nations Unies et à l’initiative du président français Emmanuel Macron, les présidents congolais et rwandais se retrouvent au cours d’un déjeuner tripartite pour le moins insolite. La rencontre entre Félix Tshisekedi et Paul Kagame est l’aboutissement de plusieurs semaines d’efforts discrets déployés par la diplomatie française dans la quête de Paris de gagner en influence dans la région des Grands Lacs africains. La patronne du Quai d’Orsay Catherine Colonna avait déjà conféré en amont avec ses homologues congolais (Christophe Lutundula) et rwandais (Vincent Biruta) à ce sujet. La rencontre de New York n’était dès lors pas fortuite.
La tripartite Macron -Tshisekedi – Kagame intervenait quelques heurs seulement après le discours du chef de l’Etat congolais à la plénière de l’assemblée générale au cours duquel il avait nommément accusé le Rwanda de l’agression de l’armée de ce pays, traduite par l’occupation de plusieurs localités de la province du Nord-Kivu amorcée par la prise à la mi-juin du poste frontalier de Bunagana, occasionnant le déplacement de milliers de familles entassées dans des camps de fortune dans la périphérie de Goma, la capitale provinciale.
DES ENGAGEMENTS JAMAIS TENUS
Le mini sommet à trois avait débouché sur une déclaration de bonnes intentions au terme duquel les parties rwandaise et congolaise convenaient alors «d’agir de concert pour obtenir le plus vite le retrait du M23 de toutes les localités occupées et le retour des déplacés de guerre à leurs domiciles avec l’appui de leurs partenaires de l’Union africaine (UA), de la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Est (EAC) et de la Communauté de la Conférence internationale de la Région des Grands Lacs (CIRGL) ». Elles s’accordaient par ailleurs sur la nécessité «d’intensifier leur coopération pour lutter contre l’impunité et mettre un terme à l’action des groupes armés dont les FDLR ».
Un an plus tard, quasiment jour pour jour, revoici Félix Tshisekedi à New York où il prendra part à la 78ème session de l’Assemblée générale des Nations Unies qui s’ouvre ce mardi 19 septembre. Force est de s’interroger sur la nature du discours que compte porter le président congolais.
La question se pose d’autant plus que les engagements pris par les uns et les autres une année plus tôt n’ont jamais connu un début d’exécution. En revanche, la situation sécuritaire tendrait même à empirer. En douze mois, le M23, ouvertement appuyé par l’armée rwandaise, a renforcé ses positions, faisant régulièrement peser sa menace sur la ville de Goma.
La visite en RDC d’Emmanuel Macron au début du mois de mars n’a guère contribué à dégeler la situation. Au contraire, la conférence de presse animée par les deux chefs d’Etat avait tourné en un affrontement verbal aux antipodes des convenances protocolaires d’usage.
DES PARTENAIRES DANS L’EMBARRAS
Quant aux partenaires de l’EAC, les relations ne sont pas au beau fixe avec Kinshasa qui accuse la force régionale de composer secrètement avec les forces occupantes, tandis que le nombre de déplacés avoisinerait les 2,6 millions. Les processus de Luanda et de Nairobi en panne, le statu quo a tendance à se pérenniser provoquant jusqu’à une forme de lassitude des capitales sous-régionales.
A New York, Félix Tshisekedi devrait aussi clarifier une fois pour toutes la position de son pays quant au mandat de la MONUSCO, sommée tantôt d’amorcer son retrait rapide du sol congolais, en même temps qu’il lui est demandé d’accompagner le processus électoral supposément prévu en fin d’année. Une attitude ambivalente qui met à mal la force onusienne présente depuis bientôt 25 ans en RDC et agace jusqu’aux plus hautes instances onusiennes.
Dans les coulisses, le chef de l’Etat congolais sera certainement soumis à un flot de questions sur la restriction des libertés individuelles qui prend de l’ampleur dans son pays et qui se traduit par le harcèlement et l’arrestation des journalistes, d’opposants politiques à trois mois de la tenue des élections générales.
Econews