En séjour en Belgique pour des raisons de santé, le Président de la République, Félix Tshisekedi, a directement pris la parole pour s’adresser à son peuple à travers les ondes de la radio Top Congo FM. Dans un discours franc et incisif, il a abordé plusieurs sujets brûlants de l’actualité politique et économique du pays. Il a d’abord évoqué la question préoccupante de l’érosion du pouvoir d’achat, un sujet qui touche de nombreux Congolais en cette période d’instabilité économique. « Je comprends la douleur et les frustrations de la population», a-t-il déclaré, soulignant l’urgence d’agir pour remédier à cette situation délicate. L’épineux sujet des relations avec le Rwanda du « criminel » Paul Kagame a également été abordé. Félix Tshisekedi a réitéré sa position ferme en ce qui concerne le M23 et l’AFC, excluant tout contact direct avec ces groupes considérés comme hostile à la souveraineté congolaise. La grande nouveauté de ce discours fut l’accusation directe portée contre son prédécesseur, Joseph Kabila. Tshisekedi a déclaré sans détour : «Joseph Kabila prépare une insurrection. L’AFC, c’est lui. »
De Bruxelles où il séjourne depuis une semaine pour des raisons de santé (il serait soigné pour une hernie discale), le Président de la République, Félix Tshisekedi s’est adressé dans la soirée de ce mardi à la Nation congolaise sur les ondes de la radio Top Congo FM. Des assurances sur le rétablissement de son état de santé à la révision constitutionnelle, en passant par des scandales financiers à répétition impliquant ses proches sans qu’il y ait des poursuites judiciaires, le Chef de l’Etat a ouvertement accusé son prédécesseur Joseph Kabila – pour la première fois il a cité par son nom – de préparer une insurrection, car l’Alliance Fleuve Congo, bras politique de la rébellion du M23, «c’est lui ». Depuis Bruxelles, Félix Tshisekedi a craché du feu. Ce qui ne manquera de bouleverser la carte politique de la République Démocratique du Congo.
Recevant les journalistes Christian Lusakweno et Amba Wetchi dans les locaux de l’ambassade de la RDC en Belgique rue Marie de Bourgogne, le président Tshisekedi a d’emblée donné l’assurance de son retour très prochain au pays, sa santé ne donnant plus lieu à ue quelconque inquiétude. Néanmoins, une période de convalescence s’impose a-t-il déclaré sur un ton voulu rassurant.
D’une durée de près de près d’une heure, l’interview a particulièrement attiré l’attention de l’opinion sur la déclaration du chef de l’Etat accusant l’ancien président Joseph Kabila de préparer une insurrection car l’AFC c’est lui. Autant qu’il a loué l’opposant et ancien premier ministre Adolphe Muzito pour sa disponibilité à louer en bon économiste qu’il est, les efforts du gouvernement dans le rétablissement des finances publiques et la bonne marche des Revues périodiques du gouvernement et des institutions de Bretton Woods.
Les scandales de détournements des deniers publics qui ont émaillé l’actualité au cours des derniers mois du gouvernement Sama Lukonde II, impliquant l’ancien ministre des Finances Nicolas Kazadi et bien d’autres mandataires se sont tout aussi invités au cours de l’interview.
Selon le Chef de l’Etat, les réseaux sociaux qui répandent ces nouvelles se répandent en invectives au mépris de la dignité des personnes faussement incriminées, selon lui, invitant à laisser la justice, par essence lente, aller au terme de ses enquêtes.
«D’ailleurs des affaires, il y en a. On va bientôt sortir des cadavres des placards. Et le peuple verra dans quelle mesure le pays a été volé, trahi avant moi », a-t-il martelé.
Concernant l’épineuse question de la guerre dans l’Est du pays, le Chef de l’Etat est resté dans sa position intransigeante : « De mon vivant, il ne sera jamais question de m’asseoir à une table de négociations avec les terroristes du M23. Avec le Rwanda, peut-être. Mais il s’agira de parler et non de négocier qui que ce soit ».
REVISION DE LA CONSTITUTION : LES ARTICLES VERROUILLES EPARGNES
Répondant à la question de savoir si la révision de la Constitution est une manœuvre qui lui permettrait de se maintenir indéfiniment au pouvoir, Félix Tshisekedi, tout en ne démentant pas l’initiative a plutôt exprimé son intention d’appuyer la démarche afin de corriger des «erreurs » incluses dans une loi fondamentale qui aurait été rédigée, selon lui, par des puissances étrangères.
Quant à son intention de retoucher la Constitution du 18 février 2006, le Président Félix Tshisekedi a clarifié sa position, précisant que les articles verrouillés resteront intouchés. Une déclaration qui devait apaiser les craintes soulevées par une partie de la population qui redoute tout changement pouvant menacer les acquis démocratiques.
Selon lui, la révision de la Constitution devait aller dans le sens de simplifier le fonctionnement des institutions congolaises qu’il juge alourdies par une structure complexe trop éloignée des véritables besoins du pays.
Il a mis l’accent sur l’importance d’une réforme du mode de désignation des gouverneurs de province, pense-t-il, contribue à faire proliférer le tribalisme au sein de la société. Son option est de nommer les gouverneurs de provinces et non les élire à partir des assemblées provinciales généralement corrompues.
Le Chef de l’Etat a également critiqué le démembrement des provinces qu’il juge responsable de la multiplication des crises locales, créant ainsi plus de problèmes qu’il n’en a résolus.
A tout prendre, à son avis, cette éventuelle révision constitutionnelle se destine à apporter des solutions concrètes à ces enjeux, en soumettant ces questions à un Comité d’experts qu’il a décidé de constituer.
«LE PEUPLE D’ABORD » DEMEURE
A-t-il déjà trahi le combat de son père en se détournant du slogan «Le peuple d’abord », comme l’estiment ses détracteurs? Pas du tout, a rétorqué sans détour le Chef de l’Etat.
Sa démarche s’inscrit plutôt dans la continuité du combat de son père, Etienne Tshisekedi, pionnier de l’opposition et fervent défenseur de la démocratie en RDC. Le président a fermement démenti les accusations le visant, affirmant qu’il n’a jamais renié de son géniteur.
«Je ne suis pas éloigné de Tshisekedi Etienne », a-t-il déclaré, invitant ses détracteurs à le juger sur les résultats tangibles de son mandat au bout du compte, soit en 2028.
Dans un souci d’efficacité, le Président de la République a également fait part de ce qu’il attend du gouvernement dirigé par la Première Ministre Judith Suminwa Tuluka. Il a affirmé que ce dernier sera évalué en fin d’année, avec des promesses de réajustements si les résultats escomptés ne sont pas atteints. Ce réaménagement pourrait être effectif dès janvier 2025, promet-il.
Alors qu’il se trouve actuellement en Belgique pour des soins, Tshisekedi a prévu de revenir en RDC au courant du mois. Il projette un tour des provinces pour se reconnecter avec son peuple.
Econews