L’insécurité alimentaire et le rôle des gouvernements, du secteur privé, du commerce et de l’investissement ont été, jeudi à Marrakech, au centre d’une session plénière tenue dans le cadre du Forum parlementaire économique pour la région euro-méditerranéenne et du Golfe.
S’exprimant à cette occasion, le 4ème vice-président de la Chambre des conseillers, Mehdi Atmoun, a indiqué que la recherche de solutions efficientes et durables à la sécurité alimentaire, dans le cadre de la coopération régionale, est désormais une question urgente, rappelant que les pays de la région euro-méditerranéenne et du Golfe disposent de ressources financières et naturelles importantes, de traditions agricoles et de potentiels et atouts diversifiés de production, « nécessitant le transfert de leurs systèmes sur le moyen et le long terme vers une durabilité et le renforcement de leurs capacités de résilience à travers l’adoption de pratiques agricoles respectueuses du climat ».
M. Atmoun a appelé à l’exploration de nouvelles perspectives et de nouveaux domaines innovants de coopération, à l’échange d’expertises et à l’encouragement des investissements productifs, notamment dans le domaine de dessalement d’eau de mer à l’aide de nouvelles technologies et l’adoption d’énergies renouvelables dans le cadre de partenariats public-privé, outre la production d’engrais verts (ammoniac vert) et le développement d’expertises dans la production de semences à même de s’adapter au climat, ainsi que dans le domaine du développement des technologies innovantes de fertilisation rationnelle capables de relever les défis de l’agriculture durable et de la sécurité alimentaire.
Il a évoqué, en ce sens, la vision perspicace de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, rappelant que le Souverain a présidé, samedi dernier, la cérémonie de présentation du nouveau programme d’investissement vert du groupe OCP (2023-2027) et la signature du protocole d’accord entre le gouvernement et le groupe OCP relatif à ce programme.
Pour sa part, le secrétaire général du Ministère de l’agriculture, de la pêche, du développement rural et des eaux et forêts, Redouan Arrach, a estimé que la garantie de la sécurité alimentaire exige l’élaboration de politiques et de mesures sur les court, moyen et long termes et au niveau des politiques publiques.
Sur le court terme, il a souligné la nécessité de gérer les conditions et les crises liées à la sécurité alimentaire, ajoutant que les moyens et long termes s’agissent d’œuvrer au niveau des politiques agricoles et alimentaires.
Dans cette perspective, il a tenu à rappeler les stratégies mises en place au Maroc, telles que le Plan Maroc Vert, la Génération Green et le Plan « Halieutis », en tant que piliers de la sécurité alimentaire.
De son côté, la directrice exécutive de la durabilité du Groupe OCP, Hanane Mourchid, a fait savoir que la situation actuelle en termes de sécurité et d’environnement, combinée aux crises et aux conflits, pose d’énormes défis, ajoutant que la sécurité alimentaire est l’une des questions les plus importantes de l’agenda mondial au moment où les systèmes alimentaires doivent faire face à la croissance démographique.
Evoquant la population mondiale qui devrait atteindre 10 milliards d’habitants en 2050, elle a averti sur la réduction des terres arables par habitant et le déficit d’approvisionnement, principalement en Afrique.
Elle a, par ailleurs, mis en avant l’importance de la lutte contre la déforestation, le recours aux engrais appropriés et durables et l’augmentation de la production afin de résoudre le problème de la sécurité alimentaire et assurer une transition vers une agriculture durable.
Le vice-président de la Confédération marocaine de l’agriculture et du développement rural (Comader), Rachid Benali, a, quant à lui, noté que la conjugaison de plusieurs facteurs, à savoir les effets du réchauffement climatique, la rareté des précipitations, l’augmentation de températures et la guerre en Ukraine interpellent sur l’avenir de la sécurité alimentaire dans de nombreux pays, notamment au sud de la Méditerranée et en Afrique.
«Nous sommes amenés à prendre conscience de la fragilité du système alimentaire mondial, du déséquilibre de la chaîne alimentaire, du manque de produits et de l’explosion des prix des matières premières», a poursuivi M. Benali, mettant en avant l’intérêt de produire davantage en vue d’assurer une «souveraineté alimentaire» et d’éviter l’aggravation du réchauffement climatique.
En ce sens, il a proposé quelques solutions pour maîtriser la situation, dont la protection des sols, l’utilisation du semis direct et des nouvelles technologies, la préservation des ressources hydriques à travers notamment la généralisation de l’utilisation du goutte-à-goutte et l’orientation des consommateurs.
Le Forum économique parlementaire pour la région euro-méditerranéenne et du Golfe, organisé par la Chambre des conseillers du Maroc et l’Assemblée Parlementaire pour la Méditerranée, cherche, à travers la participation active de parlementaires venant d’une trentaine de pays, à dégager des solutions aux principaux défis sociaux, économiques et climatiques, à même d’assurer une intégration économique plus efficace et capable de résister aux facteurs externes, de créer un réseau d’échanges commerciaux Sud-Sud élargi et de mettre en place une zone intégrée de production et de commercialisation d’énergie verte, jouissant de l’autosuffisance.
Avec MAP