Sic transit gloria mundi disaient les latinistes. Ainsi passe la gloire du monde. Un adage que les hommes et les femmes tout puissants encore au Gabon il y a à peine deux semaines expérimentent à leurs dépens. La veille de cette journée fatidique qui a vu basculer en quelques heures le long règne de la dynastie Bongo, aucun parmi les proches d’Ali Bongo n’aurait imaginé que l’heure des délices au détriment d’un peuple paupérisé allait sonner pour la famille du successeur d’Omar Bongo et sa cour à travers ce coup d’Etat du 30 août 2023 aux allures de délivrance.
Un coup de force qui aura la particularité d’avoir emporté l’assentiment même parmi les alliés du régime cumulé d’un demi-siècle fortement ancré aux mamelles des multinationales pétrolières françaises. Une lassitude traduite par l’absence d’appels des organisations régionales qui, ailleurs, exigent en pareil cas « un retour à l’ordre constitutionnel » sur fond de sanctions et d’embargos en tous genres.
Le renversement d’Ali Bongo au Gabon est un cas à part; il se distingue du Niger où l’ancien président Mohamed Bazoum refuse de démissionner et se morfond, reclus dans sa résidence; pendant ce temps le Burkina Faso, le Mali et la Guinée tracent leur chemin malgré des dissensions diplomatiques avec l’ancienne puissance coloniale dont ils se débarrassent progressivement des oripeaux d’une francafrique surannée.
Malgré le caractère soft du coup d’Etat du général Brice-Clotaire Oligui- Nguema (pas la moindre effusion de sang, un peuple en liesse), un coup de balai s’imposait. L’heure de rendre des comptes au peuple est arrivée. L’emprisonnement du fils du désormais ex-dictateur, Nourredine Bongo Valentin, et une bonne dizaine de caciques du régime a fini par sonner le glas du règne des Intouchables.
Les préventions qui pèsent sur eux sonnent curieusement comme la reproduction des maux à l’identique des maux qui minent la plupart des régimes en Afrique subsaharienne francophone où les dictatures familiales sont la règle et l’aspiration démocratique l’exception : Haute trahison, détournements de deniers publics, imitation de la signature du président de la République, falsification des documents électoraux, etc. Comme un air de déjà entendu et de déjà vu sous d’autres cieux.
Même s’il est admis que la prise du pouvoir par la force des armes n’est pas la meilleure des manières en vue de l’institution d’une démocratie, il est quasi certain que le peuple du Gabon aurait sur la matière une opinion nuancée.
Econews