Le partenariat rénové entre Rabat et Bruxelles en matière de migration et de lutte contre les réseaux de trafic de personnes conforte le Maroc dans sa position de partenaire stratégique.
En matière de gestion migratoire, la coopération de longue date liant le Maroc et l’Union européenne ne s’est jamais démentie. A l’exercice des épreuves, le Royaume a toujours été un partenaire fiable, engagé et responsable. Sa gouvernance migratoire humaniste, inclusive et solidaire l’a érigé en acteur stratégique et incontournable pour l’Europe.
Aujourd’hui, Rabat et Bruxelles, conscients des nouveaux challenges du contexte international et des dangers que représentent les réseaux de passeurs et trafiquants d’êtres humains, ont décidé de revigorer leur partenariat migratoire basé sur la responsabilité partagée.
Les fondements d’un partenariat rénové ont ainsi été posés, vendredi, à l’occasion de la rencontre à Rabat entre le ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit, la Commissaire européenne chargée des affaires intérieures, Ylva Johansson, et le ministre espagnol de l’intérieur, Fernando Grande-Marlaska.
Cet engagement renouvelé intervient quelques jours après le dernier assaut violent, planifié et prémédité de migrants à Nador pour forcer le passage vers Melilia, qui est venu rappeler l’émergence de nouveaux modes opératoires extrêmement violents adoptés par les réseaux criminels de passeurs, la complexité du phénomène de la migration illégale et l’impératif d’une alliance globale et multiforme entre Rabat, Madrid et Bruxelles.
La violence extrême des assaillants et la stratégie d’assaut qui a prévalu dénotaient un sens élevé de l’organisation, une progression planifiée et une structure hiérarchisée des meneurs aguerris et entraînés aux profils de miliciens expérimentés dans les zones de conflits.
Ces évènements, qui ont mis à l’épreuve les dispositifs classiques de lutte contre le trafic de personnes, démontrent l’extrême dangerosité et violence des réseaux de trafic de personnes qui sont prêts à tous les risques.
Le Maroc, qui a déploré cette tragédie humaine, n’a pas tardé à réaffirmer son engagement à continuer à agir avec fermeté et sans répit contre les réseaux de trafic des personneset cette minorité violente qui dévoie la dimension noble de la migration.
L’action des autorités marocaines dans ce sens n’a jamais faibli. Et les chiffres sont là pour le rappeler : plus de 145 assauts ont été repoussés autour des présides de Sebta et Mellilia depuis 2016 (50 en 2021 et 12 jusqu’à mai 2022), plus de 1.300 réseaux de trafic démantelés les cinq dernières années (256 en 2021 et 100 jusqu’à mai 2022) et plus de 360.000 tentatives d’émigration irrégulière ont été avortées depuis 2017 (63.000 en 2021 et 26.000 jusqu’à mai 2022).
Bruxelles, qui mesure l’effort colossal déployé par le Maroc, un «partenaire stratégique et engagé » de l’UE, s’engage ainsi à œuvrer de concert avec le Royaume pour promouvoir un partenariat opérationnel en matière de lutte contre le trafic de personnes, lequel pourra couvrir notamment le soutien à la gestion des frontières, le renforcement de la coopération policière, y compris les enquêtes conjointes, la sensibilisation aux dangers de la migration irrégulière, ainsi que le renforcement de la coopération avec les agences de l’Union européenne chargées des affaires intérieures.
Les deux partenaires pourront s’appuyer sur la Stratégie Nationale d’Immigration et d’Asile (SNIA), qui constitue aujourd’hui un modèle de gestion migratoire des plus avancés, tant sur le plan législatif qu’institutionnel, ayant permis de régulariser la situation administrative de plusieurs milliers de migrants et de les intégrer dans la société marocaine.
Dans le cadre de la SNIA, plus de 50.000 ressortissants de pays africains frères et amis ont pu régulariser leur situation administrative au Maroc. Le but est de privilégier les personnes vulnérables ainsi que de faciliter la mobilité de travail, l’insertion professionnelle et le regroupement familial grâce à des critères d’éligibilité très souples et également grâce aux moyens de recours sous l’égide du Conseil National des Droits de l’Homme.
Les migrants régularisés ont bénéficié également d’un plan national d’intégration leur permettant d’accéder pleinement aux services sociaux, éducatifs, médicaux, économiques et ce, à l’instar des nationaux.
Toutefois, la lutte contre les réseaux de trafic de personnes ne suffira pas. Il faut s’attaquer aux causes profondes de la migration et améliorer les possibilités de migration légale, de sorte que les personnes ne ressentent pas le besoin de risquer leur vie lors de voyages dangereux.
Le Maroc l’a compris assez tôt. La coopération Sud-Sud a été consacrée par le Royaume, sous l’impulsion de SM le Roi Mohammed VI, en tant que levier majeur ayant pour objectif de niveler les différentiels de développement et permettre de stabiliser les régions pourvoyeuses de migrants. Plusieurs actions concrètes de co-développement initiées par le Maroc tout au long des vingt dernières années dénotent de cette vision solidaire du Souverain.
Le Maroc, qui continue à coopérer pleinement avec ses amis et frères africains à travers l’échange d’expertise et la formation croisées, n’a cessé à cet effet d’appeler les pays du Nord à privilégier un prisme équilibré dans leur approche de la question migratoire pour dépasser le tout sécuritaire, en favorisant des solutions structurelles autour du développement durable des pays d’origine et de l’encouragement de la mobilité légale entre les deux rives.