Le Chef de l’Etat, Félix Tshisekedi, a officiellement lancé vendredi le processus de formation d’un Gouvernement ouvert aux autres forces politiques que celles de l’Union sacrée de la nation, la majorité au pouvoir. Selon des sources présidentielles, son conseiller spécial en matière de sécurité, le professeur Kolongele Eberande, mène des consultations pour un « gouvernement d’union nationale », après un Conseil des ministres où le Président de la République a averti ses ministres de l’imminence des changements. Entre secret présidentiel et compte à rebours engagé, Kinshasa se demande quelle équipe émergera de cette mue politique.
Le Président de la République, Félix Tshisekedi, a officiellement enclenché le processus de remaniement de son gouvernement, annoncé depuis plusieurs semaines comme une priorité politique. Vendredi en Conseil des ministres, le Chef de l’État a informé les membres du gouvernement Suminwa de l’imminence des changements, confirmant les rumeurs qui circulaient dans les couloirs de la capitale. Si les détails restent jalousement gardés, des sources internes à la Présidence de la République révèlent que le professeur Kolongele Eberande, son conseiller spécial en matière de sécurité, a été chargé de piloter des consultations en vue de former un « gouvernement d’union nationale ».
D’après des informations concordantes, Félix Tshisekedi aurait confié à Kolongele Eberande, figure discrète mais influente de son administration, la mission de dialoguer avec «toutes les forces vives » du pays. Objectif affiché : élargir la base du prochain gouvernement pour y intégrer des sensibilités politiques, sociales et régionales variées. Cette démarche, qualifiée d’« inclusive » par des proches du pouvoir, semble répondre à la volonté du Président de la République de consolider sa majorité et d’apaiser les tensions, dans un contexte où les défis sécuritaires et économiques persistent.
«Le compte à rebours est lancé », ont affirmé plusieurs ministres sous couvert d’anonymat, reconnaissant avoir été avertis par Tshisekedi lui-même de la fin prochaine de leurs fonctions. Mais malgré les annonces, l’opacité demeure. Aucun calendrier précis ni liste de futurs ministres n’a filtré, alimentant les spéculations.
Stratégie politique ou nécessité pragmatique ?
Si la formation d’un gouvernement d’union nationale est présentée comme un gage de stabilité, certains observateurs y voient également une manœuvre tactique. Le Président Tshisekedi, réélu en décembre 2023, chercherait à renforcer sa légitimité en associant des figures d’opposition modérées ou des alliés régionaux, tout en neutralisant d’éventuelles contestations.
«Tshisekedi joue la carte de l’unité, mais il reste maître du jeu. Les consultations menées par Kolongele sont probablement encadrées par des impératifs sécuritaires et des équilibres de pouvoir internes », analyse un politologue.
La mention du rôle central d’un conseiller en sécurité dans ce processus interroge d’ailleurs sur la place qu’occuperont les enjeux militaires et de stabilisation dans la future équipe gouvernementale.
Attentes et incertitudes
Sur le terrain, l’annonce suscite autant d’espoirs que de scepticisme. Les partisans du pouvoir saluent une «approche responsable », tandis que l’opposition critique un «spectacle médiatique » en l’absence de garanties concrètes. « Parler d’union nationale est une chose, partager réellement le pouvoir en est une autre », ironise un dirigeant d’un parti proche du FCC du chef de l’Etat honoraire Joseph Kabila.
Une chose est sûre : ce remaniement, le premier depuis la nomination de la Première ministre Judith Suminwa en avril 2024, marquera un tournant pour la gestion des dossiers sensibles, notamment dans l’Est du pays en proie aux conflits armés.
Prochaine étape : les consultations de Kolongele Eberande devraient s’accélérer dans les jours à venir. Mais dans l’attente d’une liste officielle, Kinshasa retient son souffle. Entre jeux d’influence et calculs politiques, Félix Tshisekedi rappelle une fois de plus qu’il garde la main sur les rênes du pouvoir.
Econews