Gouvernement Suminwa : faux débat autour de la représentation provinciale

La publication du Gouvernement Suminwa, première équipe gouvernementale du deuxième mandat du Président Félix Tshisekedi, a suscité de vives réactions au sein de la classe politique congolaise. En effet, dès sa publication le mercredi 29 mai, la polémique s’est rapidement installée au sein de la ville haute. Au sein de l’Union sacrée de la nation, coalition au pouvoir, les passions se déchaînent et le débat tourne autour de considérations communautaires et provinciales. Les divergences d’opinions sont multiples et les débats animés, chacun défendant ardemment les intérêts de sa région ou de sa communauté. Cependant, malgré ces tensions, la représentation provinciale au sein du Gouvernement semble ne pas faire débat. Les équilibres politiques et régionaux ont été soigneusement étudiés et pris en compte, garantissant une représentation équitable de différentes provinces congolaises.

Au fil des jours, le tumulte né à la suite de la publication du Gouvernement est en voie de s’apaiser. Ce que des partis et regroupements politiques ont qualifié d’une non-représentation de certaines provinces dans l’équipe gouvernementale, ou pire, de manœuvre délibérée de mettre à l’écart des partenaires au «poids politique » indiscutable connaît une éclaircie après que les services compétents aient mis à la disposition de l’opinion nationale un tableau détaillant la part de la participation effective des entités territoriales au prochain Exécutif national (Voir tableau ci-dessous).

S’il est vrai que la province du Maniema continue à déplorer une absence encore inexpliquée de ses représentants dans l’exécutif, il ne fait pas de doute que les Autorités attitrées s’y penchent et s’attèlent déjà à corriger  «une erreur matérielle» dans le souci de rétablir une cohésion dictée par la matérialisation des équilibres recommandés par la Constitution. Hier encore donnée dans la même situation que le Maniema, la province du Kwango s’en sortirait en réalité avec un (01) ministre, tandis que le Grand Katanga afficherait pour sa part trois (03) membres au sein de l’Exécutif.

Si la polémique venait à persister dans le chef de ceux des élus qui invitent le chef de l’Etat à reconsidérer la copie, ce serait plutôt dans l’optique de repenser la répartition des attributions ministérielles soit par voie d’une Ordonnance modifiant et complétant, soit par une Ordonnance-loi classique. Dans ce cas, la responsabilité de le faire revient au Président de la République seul, sans interférence de quelque nature que ce soit.

Beaucoup de passion a été soulevée lors de la rencontre de vendredi 31 mai qui a réuni autour d’Augustin Kabuya et le présidium de l’Union sacrée, les responsables des partis et regroupements politiques de la plateforme qui constitue l’ossature de la Majorité présidentielle. Cette réunion avait été précédée la veille d’une concertation des membres de l’USN autour de laquelle des vérités, est-il rapporté, ont été dites sans langue de bois.

DES REVENDICATIONS HÂTIVES

Il y avait urgence dans la mesure où quelques heures seulement après la publication du gouvernement aux petites heures de mercredi 29 mai, le groupe des députés du Maniema étaient montés au créneau pour dénoncer l’absence de représentants de leur province dans l’Exécutif de la Première ministre Suminwa, appelant cette dernière et par ricochet, le chef de l’Etat à corriger ce qui leur apparaissait comme une injustice flagrante. Ils étaient rejoints quelques heures plus tard par l’UDPS/Kwango qui affichait les mêmes griefs.

Au terme de la rencontre de l’USN de vendredi qui se serait terminée en queue de poisson, la revendication principale s’est transformée en une menace des élus, toutes tendances confondues, à boycotter l’investiture du gouvernement Suminwa, tant que les «erreurs matérielles» n’auraient pas connu une correction qui satisfasse les uns et les autres.

Tout bien considéré, et pour peu que l’on interroge l’histoire des législatures successives depuis le premier cycle électoral de 2006, ces attitudes sont devenues récurrentes où des députés exercent de fortes pressions, faisant peser sur l’Exécutif une menace constante d’une avalanche de motions de défiance ou de censure qui, en règle générale, n’aboutissent jamais pour des raisons facilement imaginables.

Pourtant, à la décharge des frondeurs de la présente législature qui, un moment, ont laissé croire à une déflagration qui aurait pu remettre intégralement en question le gouvernement avant son investiture, aucune voix ne s’est élevée pour exiger la démission de Judith Suminwa.

L’HEURE EST À L’APAISEMENT

Une attitude qui laisse entrevoir que dans leur ensemble, les chefs des partis et regroupements politiques ne reprochent rien à la cheffe de l’Exécutif qui aurait partiellement été mise à l’écart dans la confection de l’équipe gouvernementale. La responsabilité en incombant au premier chef à Augustin Kabuya et ses camarades du présidium de l’Union sacrée.

Cette empathie, toute relative, ne s’identifie pas cependant à un blanc-seing qui lui serait accordé par une Assemblée nationale faite d’assemblages hétéroclite dont l’adhésion à l’USN s’accompagne souvent d’une recherche de privilèges au détriment des attribution de la chambre basse que sont l’élaboration des lois et le contrôle de l’action gouvernementale.

A tout prendre, la publication du Gouvernement Suminwa marque le début d’un nouveau mandat pour le Président Tshisekedi et son équipe. Les défis sont nombreux et les attentes de la population sont hautes. Il est donc essentiel pour ce gouvernement de travailler dans l’unité et la cohésion afin de répondre aux besoins de la population et de relever les défis qui se présentent.

En attendant, la polémique autour de cette publication continue d’animer les discussions au sein de la classe politique congolaise. Il est important que chacun puisse exprimer ses opinions de manière constructive et respectueuse, dans le but de construire un avenir meilleur pour la République Démocratique du Congo.

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