Sous le long règne de José Eduardo Dos Santos, Kinshasa a bénéficié des largesses de Luanda qui n’hésitait pas à intervenir militairement en RDC pour défendre sa souveraineté. On se rappelle encore de cette intervention magistrale des troupes angolaises en 1998 lorsque des rebelles du RCD/Goma, conduits par le général rwandais James Kabarebe, ont mené une opération commando à partir de la Base de Kitona, dans la province du Kongo Central. C’est à juste titre que Kinshasa est profondément affecté par la disparition de l’ancien président angolais, décédé vendredi en Espagne. Dans un message de condoléances signé par son directeur de cabinet, le Président de la République, Félix Tshisekedi, a promis de décréter un deuil national le jour de l’inhumation du leader angolais.
Un jour de deuil national sera décrété à la date des obsèques de son Excellence José Eduardo Dos Santos, ancien Président de la République d’Angola, décédé vendredi 8 juillet 2022, en Espagne, indique un communiqué du cabinet du Chef de l’Etat, Félix-Antoine Tshisekedi.
A travers ce communiqué, le Président de la République, qui a appris avec émotion la mort de José Eduardo Dos Santos, a présenté, au nom du peuple congolais et du sien propre, ses condoléances les plus attristées à la famille de l’illustre disparu ainsi qu’à la République sœur d’Angola.
Le Chef de l’Etat congolais a, à juste titre, qualifié José Eduardo Dos Santos d’ «illustre ami de la République démocratique du Congo qui a, durant des années, affiché un soutien indéfectible à la sauvegarde de notre intégrité territoriale, face aux velléités belliqueuses de nos ennemis, notamment dans les heures les plus sombres de notre histoire récente ».
Il a enfin imploré le Très haut pour qu’un repos mérité lui soit accordé, en souvenir de son fervent dévouement à sa patrie, l’Angola, ainsi qu’au continent africain.
Le parcours d’un révolutionnaire
José Eduardo Dos Santos est décédé, vendredi 8 juillet à l’âge de 79 ans dans la clinique de Barcelone où il avait été hospitalisé en juin, plus de cinq ans après avoir quitté le pouvoir, en mai 2017.
Son état de santé s’est dégradé ces dernières semaines et était désormais décrit comme «très grave», comme l’a indiqué le quotidien économique Jornal de Negocios. Il avait récemment été placé en soins intensifs dans une clinique de Barcelone, en Espagne. Les Angolais se souviennent de lui comme d’un chef qui a reconstruit le pays après avoir gagné une guerre civile de vingt-sept ans, mais qui aura échoué à redistribuer les richesses.
Né le 28 août 1942 dans une famille modeste, José Eduardo dos Santos a grandi dans le «barrio» de Sambizanga. Dans ce bidonville de la capitale, noyau de la lutte contre la puissance coloniale portugaise, ce fils de maçon adhère en 1961 au Mouvement populaire pour la libération de l’Angola (MPLA), mais ne fait qu’un bref passage dans la lutte armée. Deux ans plus tard, il obtient une bourse pour étudier en Azerbaïdjan, où il décroche un diplôme d’ingénieur et épouse une Soviétique, en première noce, avant de convoler avec Ana Paula, une ex-hôtesse de l’air de 18 ans sa cadette.
Dans les années 1970, il entre au Comité central du MPLA et devient ministre des Affaires étrangères de l’Angola à son indépendance en 1975. Dauphin du premier président angolais Agostinho Neto, il est nommé vice-Premier ministre, puis ministre du Plan. À la mort de son mentor en 1979, il devient président du MPLA et du pays sans discontinuer et sans jamais être directement élu.
Au départ crédité d’avoir sorti l’ancienne colonie portugaise de la guerre fratricide qui l’a ensanglanté jusqu’en 2002, il s’est ensuite arrogé tous les leviers du pouvoir, taillés sur mesure par et pour lui : au sein du MLPA, avec une Constitution hyper-présidentielle, il a dirigé tous les gouvernements, commandé l’armée et la police, nommé les juges, pris le contrôle de l’économie et de la plupart des médias.
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