Novembre 2020. Alexis Kayembe, conseiller spécial du Chef de l’Etat, conduit auprès de l’ancien Premier ministre Ilunga Ilunkamba une délégation de la firme australienne FMG (Fortescue Metals Group), sous la direction de Julie Shuttleworth. Cette firme basée à Sidney (Australie) est intéressée par le projet de construction du Grand Inga, dans la province du Kongo Central. La société minière australienne explique au Premier ministre le chronogramme de ce projet. Selon M. Kayembe, cette seconde visite de ces investisseurs australiens avait pour but de passer à une phase concrète du projet. Trois ans ont passé. Rien de concret n’a été fait. La RDC veut se tourner vers d’autres partenaires, dont la Banque mondiale pour développer le projet Grand Inga.
La République démocratique du Congo est toujours à la recherche de partenaires pour le grand projet hydroélectrique du monde : la construction du barrage de Grand Inga dans la province du Kongo central. Dans le même temps, le géant d’Afrique centrale s’attend à une augmentation des investissements de la part des Émirats arabes unis dans le secteur minier. C’est en tout cas ce qui ressort des échanges que le président Félix Tshisekedi a eu avec des journalistes américains en marge de la 78ème assemblée générale de l’ONU à New York.
Si les négociations avec le milliardaire australien Andrew Forrest et sa société Fortescue Future Industries pour la construction du Grand Inga, centrale hydroélectrique de 44 GW, sont au point mort, la RDC ne se décourage pas du tout, et compte bien sur d’autres pour relancer le projet. Le chef de l’Etat congolais a déclaré à des journalistes américains que ce suscitait l’intérêt d’autres partenaires potentiels. «Il n’est pas impossible que demain nous puissions voir se développer une sorte de consortium autour de la Banque mondiale, des investisseurs chinois, peut-être européens», aux côtés de Fortescue, a-t-il déclaré en marge de l’Assemblée générale des Nations Unies. Selon ses dires, Félix Tshisekedi devrait rencontrer cette semaine Fortescue, qui souhaite développer un projet d’hydrogène vert au Congo.
Nouveaux investisseurs
Selon toutes vraisemblances, le président congolais est décidé de positionner la RDC, riche en ressources, comme une destination pour les investisseurs en quête de solutions face au changement climatique. En effet, outre l’hydroélectricité, il propose des crédits carbone pour protéger la deuxième plus grande forêt tropicale du monde et investit dans des minéraux essentiels à l’énergie verte, notamment le cuivre, le cobalt – dont le Congo est le plus grand producteur mondial – et, bientôt, le lithium.
Après avoir remporté le marché d’achat et d’exportation de l’or produit par les exploitants artisanaux, le groupe émirati Primera, basé à Abu Dhabi, augmentera bientôt ses investissements pour inclure ces deux métaux, a ajouté Félix Tshisekedi. Le groupe envisage également une fonderie pour produire du tantale, de l’étain et du tungstène, en partenariat avec une société minière d’Etat.
Ces projets témoignent d’une ouverture à de nouveaux investisseurs au-delà des sociétés chinoises et européennes qui contrôlent la plupart des industries minières et des télécommunications du Congo. Les Émirats arabes unis pourraient bientôt proposer des programmes de développement dans le domaine de l’éducation et ont déjà fourni des équipements et une formation aux soldats congolais qui contiennent les rebelles du M23 dans l’est du pays, a ajouté le chef de l’Etat congolais.
Pour rappel, Grand Inga pourrait produire jusqu’à 40.000 MW d’électricité, plus de deux fois la production d’énergie du barrage des Trois Gorges en Chine, et plus d’un tiers de l’électricité totale actuellement produite en Afrique. Le Grand Inga est une série de barrages qui sont proposés sur la partie inférieure du fleuve Congo en République Démocratique du Congo. Le Grand Inga sera construit en sept phases, dont le barrage Inga 3 BC est la première phase. Le projet est déjà présenté comme un moyen « d’éclairer l’Afrique » par les entreprises qui prévoient d’en bénéficier et les gouvernements qui espèrent en recevoir l’électricité. Grand Inga est répertorié comme un projet prioritaire de la Communauté de Développement de l’Afrique Australe (SADC), le Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique (NEPAD), le Southern African Power Pool (SAPP) et le Conseil mondial de l’énergie.
Hugo Tamusa