Trois mois après le début de l’invasion russe en Ukraine, le conflit est toujours en cours, même s’il est surtout concentré actuellement sur la frontière est du pays, notamment dans le Donbass.
Depuis le 24 février, la communauté internationale est passée de la surprise de cette attaque à la condamnation ferme des actes de la Russie. Les sanctions pleuvent sur Moscou depuis, tandis que des aides sont apportées à l’Ukraine pour l’aider dans ce conflit.
Mais, malgré les nombreux dégâts humains et matériels, au bout de trois mois d’affrontements la guerre ne semble pas près de s’arrêter.
Au moins 3.930 civils tués
Dans son dernier bilan daté du 23 mai le Haut-Commissariat aux droits de l’Homme écrit avoir recensé depuis le début du conflit 3.930 civils morts et 4.532 blessés dus à la guerre en Ukraine. Parmi ces morts, l’institution a enregistré 257 enfants.
«La plupart des morts de civils enregistrées ont été causées par l’utilisation d’armes explosives à large zone d’impact, y compris les bombardements d’artillerie lourde, de systèmes de lance-roquettes multiples, et les frappes de missiles et aériennes», écrit le Haut-Commissariat.
Mais il souligne également que ses données sont probablement incomplètes, et que «les chiffres réels sont considérablement plus élevés, car la réception d’informations provenant de certains endroits où des hostilités intenses se sont déroulées a été retardée et de nombreux rapports attendent toujours d’être corroborés ».
Rien que pour la ville de Marioupol, les autorités ukrainiennes parlent ainsi de plus de 20.000 morts, un chiffre bien supérieur aux estimations actuelles de l’ONU.
Les données exactes du nombre de morts côté soldats sont également très compliquées à obtenir. Sur le plan militaire, le ministère ukrainien de la Défense évalue les pertes russes à plus de 29.000 hommes, et le Kremlin donne peu d’informations, mais admet toutefois des « pertes importantes ». Des sources occidentales évoquent elles quelque 12.000 soldats russes tués. L’Ukraine n’a, pour sa part, pas fourni d’indication concernant ses pertes militaires.
6,595.675 réfugiés ukrainiens
Au 23 mai, le Haut-Commissariat aux réfugiés a enregistré, depuis le début du conflit, la fuite de 6,595.675 réfugiés ukrainiens hors du pays. Plus de la moitié d’entre eux – 3,524.205 – se sont dirigés vers la Pologne, même s’ils n’y sont pas forcément restés ensuite. 932.220 réfugiés ont également passé la frontière du côté russe.
Dans le même temps, alors que les troupes russes se sont retirées de la partie ouest de l’Ukraine, certains sont retournés dans leurs villes, et la vie commence à reprendre par endroits. D’après les données des autorités ukrainiennes, plus de 2 millions de personnes ont ainsi retraversé la frontière.
«Plus de 8.000 cas » présumés de crimes de guerre
Les enquêteurs ukrainiens ont identifié «plus de 8000 cas» présumés de crimes de guerre depuis le début de l’invasion russe, avait déclaré fin avril la procureure générale d’Ukraine Iryna Venediktova. « Il s’agit en fait de 8.600 affaires concernant uniquement les crimes de guerre et de plus de 4.000 affaires qui sont liées aux crimes de guerre», a-t-elle précisé.
Ces crimes présumés comprennent «le meurtre de civils, le bombardement d’infrastructures civiles, les tortures» et les «crimes sexuels» signalés dans le «territoire occupé de l’Ukraine», selon la magistrate. Les procureurs enquêtent également sur «l’utilisation d’armes interdites », a-t-elle ajouté.
Ce chiffre ne risque que d’augmenter dans les prochaines semaines. Le 10 mai dernier sur BFMTV, le procureur ukrainien de l’oblast de Kharkiv parlait de l’ouverture de 10.000 enquêtes sur des crimes de guerre commis depuis le début de l’invasion russe. Lundi, un soldat russe a été condamné à Kiev à la prison à vie pour le meurtre d’un civil, la première condamnation pour crime de guerre en Ukraine depuis l’offensive de Moscou.
Le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) a annoncé la semaine dernière le déploiement en Ukraine d’une équipe de 42 enquêteurs et experts, soit la plus importante mission en termes d’effectifs jamais envoyée sur le terrain, afin d’enquêter sur les crimes commis pendant l’invasion russe.
300.000 km2 de terrain contaminés par des engins explosifs
Plus de 300.000 km² d’Ukraine, soit près de la moitié du territoire du pays, sont contaminés d’engins explosifs, affirmait fin avril Oleh Bondar, responsable des services de déminage de la Sécurité civile ukrainienne. Cela concerne « près de la moitié du territoire de l’Ukraine, y compris le territoire de la région de Donetsk, de la région de Louhansk (est) et de la République autonome de Crimée (sud), ainsi que les eaux de la mer Noire et de la mer d’Azov », a-t-il expliqué.
«Il faudra 50 ans pour tout déminer », estimait alors Perrine Benoist, directrice de la réduction de la violence armée pour l’ONG Handicap International, rappelant qu’«on démine toujours au Laos, au Cambodge et au Vietnam, 50 à 60 ans après » la fin des conflits.
Ces mines non explosées sont un risque sur le long terme, et la conséquence de nombreuses morts même après la fin d’une guerre. Human Rights Watch rapporte que, au 9 mai, près de 100.000 engins explosifs non explosés ont été détruits par les services ukrainiens.
Des milliards d’euros pour venir en aide à l’Ukraine
Des villes ukrainiennes ont été en partie ou totalement détruites depuis le début du conflit, et les dommages se comptent déjà en milliards de dollars, alors que les affrontements continuent. Outre la reconstruction des infrastructures, il faudra également déminer le pays, relever l’économie et l’industrie ukrainienne ou encore venir en aide médicalement aux personnes blessées par la guerre.
Début mai, plus de six milliards d’euros destinés à l’Ukraine ont été réunis lors d’une conférence internationale des donateurs à Varsovie, et la semaine dernière, la Commission européenne a proposé de débloquer une aide supplémentaire de 500 millions d’euros. De son côté, le président américain Joe Biden a signé ce week-end une loi apportant une gigantesque enveloppe de 40 milliards de dollars [environ 37,5 millions d’euros] en soutien à l’Ukraine, notamment pour son effort de guerre.
Avec BFMTV.com