C’est quand il est à l’étranger et qu’il se trouve devant les diasporas de son pays, que le président de la République démocratique du Congo fait des annonces fracassantes. Face aux militants de son parti politique, l’UDPS, dont la plupart sont expatriés depuis des décennies, Félix Tshisekedi est particulièrement inspiré.
De Washington où il avait prédit l’emblématique « déboulonnement » du système kabiliste, à Londres où il avait menacé de brandir son « bic rouge » et de dissoudre l’Assemblée nationale si ses partenaires du FCC continuaient à bloquer ses initiatives, voici qu’en visite officielle en France, il affiche au cours d’un entretien sur la chaîne de télévision LCI sa préférence d’une coopération avec la Chine et… la Russie, ces deux pays, selon le dirigeant congolais, « se comportant mieux que les Occidentaux. Ils ne prétendent pas nous faire la morale « . Et aussi : « La Chine et la Russie sont des partenaires qui viennent par la grande porte; donc je pense que c’est eux qui vont rafler plus la mise ».
La « mise », on l’aura deviné, ce sont ces minerais stratégiques dont regorge le sous-sol congolais, sans oublier le jeu stratégique dans une région d’Afrique centrale à l’instabilité endémique. Nul doute que le président français, son hôte, ou que le chancelier allemand rencontré quelques jours plus tôt apprécieront.
D’autant plus que le chef de l’Etat a semblé oublier que la France et l’Union européenne sont des alliés de l’Ukraine face à l’invasion de ce pays par la Russie. Et à l’heure où la France est subtilement poussée hors du continent africain et que ses anciens bastions passent subtilement sous l’influence de Moscou, c’était tourner le couteau dans la plaie, ou mieux, parler d’histoires de cordes dans la maison d’un pendu !
Si aux premières heures de son séjour français le président congolais a semblé engranger quelques vagues engagements quant à ses appels à ce pays membre du Conseil de sécurité des Nations Unies d’obtenir des sanctions contre le Rwanda, ses sorties ultérieures ont anéanti les chances, déjà maigres, de voir la France et l’Allemagne accroître des pressions sur Kigali.
Certes le ministre français de la Défense Sébastien Lecornu est attendu à Kinshasa dans les semaines à venir. Reste à voir dans quel état d’esprit il foulera le tapis rouge de la Cité de l’Union africaine mais surtout, tout le monde sera curieux de voir la nature du contenu de sa besace qui, d’évidence, ne sera pas bien lourde.
Mwin M.