Terminant son séjour en République démocratique du Congo par la ville de Goma (Nord-Kivu), le Secrétaire général adjoint des Nations Unies a fait une déclaration pour le moins surprenante; des propos venus chambouler et remettre à plat toute la rhétorique développée par le gouvernement congolais au cours des trois dernières années. Selon Jean-Pierre Lacroix, « cette date un peu fantasmée selon laquelle au 31 décembre 2024, la MONUSCO pourrait quitter le Congo n’a jamais été actée ni par les autorités, ni par nous-mêmes, ni par le Conseil de sécurité ».
Et pourtant. Au cours de multiples échanges avec les médias, l’ancien ministre des Affaires étrangères Christophe Lutundula, appuyé par son collègue de la Communication et Médias, n’avait de cesse de proclamer le désengagement de la force onusienne présente au Congo depuis près de 25 ans. Le départ effectif de la MONUSCO et la cession de ses bases au Sud-Kivu à la police nationale devaient être suivis du même scénario au Nord-Kivu et en Ituri, dernière étape de la fin de mission après évaluation de processus antérieurs aboutissant au retrait complet en décembre 2024.
Une démarche approuvée par les populations meurtries de l’Est en proie aux tueries souvent à proximité des bases de la MONUSCO et condamnées à l’errance fuyant les avancées de la multitude de groupes armés locaux et étrangers. En déclarant ouvertement que les rebelles du M23 se comportaient en une véritable armée, mieux équipés que les casques bleus, la Représentante spéciale Bintou Keita et le Secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres en personne avaient conforté l’opinion qui alertait sur l’inaction de la MONUSCO. C’est à juste titre qu’elle exigeait son départ quelquefois avec violence, et salué le départ annoncé des militaires onusiens.
Après l’annonce tonitruante de Jean-Pierre Lacroix, l’heure est venue de déchanter. Des voix s’élèvent déjà et le cri selon lequel « On nous a toujours menti » est plus que jamais d’actualité.
Moralité : La diplomatie agissante, ce n’est pas toujours ce que l’on croit quand on n’est pas les maîtres du jeu. Certes la bonne foi des gouvernants ne peut être remise en cause. Mais il est un fait que les véritables enjeux échapperont toujours aux stratèges plus occupés à entretenir des rêves chimériques, la tête dans les nuages. N’étant pas les bailleurs de fonds de la Mission, le gouvernement congolais vient d’apprendre à ses dépens qu’il n’est pas fondé à dicter sa loi à une force dont la teneur de sa présence lui échappe.
Mwin Murub Fel