En République Démocratique du Congo, la mise en place de la Direction Générale du Trésor et de la Comptabilité publique (DGTCP) a été dictée par le souci de ramener de l’ordre dans l’ordonnancement du compte du Trésor, tout en s’assurant d’un meilleur contrôle des comptables publics. Sur recommandation des partenaires extérieurs, principalement le Fonds monétaire international, un directeur général, en l’occurrence Thomas Maketa Lutete, un Congolais passé par l’ONUDI (Organisation des Nations Unies pour le développement industriel), a été recruté sur concours. Depuis lors, des réformes ont été engagées à la DGTCP pour ramener un nouveau souffle, marqué principalement par l’informatisation de toutes les opérations du Trésor et de la comptabilité publique. Pour insuffler la nouvelle philosophie de travail, il a été procédé à une nouvelle mise en place. Voilà ce qui vaut les critiques les plus virulentes dont est victime le DG Thomas Lutete, particulièrement fomentées par des forces négatives, réfractaires aux réformes. Qu’importe ! Car, au finish, le DG Lutete continue toujours à jouir de la confiance des autorités, principalement le ministre des Finances, Nicolas Kazadi, pour mener la barque des réformes jusqu’à bon port.
Lorsque l’optimisation de la gestion de la trésorerie de l’Etat s’érige en défi pour la DGTCP (Direction Générale du Trésor et de la Comptabilité Publique), deux camps artificiellement créés provoquent un profond malaise au sein de cette direction spécialisée du ministère des Finances. Il y a d’un côté, le camp des frondeurs intentionnellement, appelés «opprimés», et de l’autre, celui de la grande majorité, victime d’une oligarchie patentée et teintée du mercantilisme éhonté.
A y regarder de plus près, la guerre déclenchée contre les autorités nouvellement établies, sous prétexte d’un leadership défaillant et d’une gestion conflictogène, masque les vraies motivations, d’après les informations recoupées par Econews.
Les échos de la réaction sans atermoiements du collectif du personnel de la DGTCP (Direction Générale du Trésor et de la Comptabilité Publique) a donc poussé la rédaction d’Econews à mener quelques investigations en vue de faire éclater la vérité sur le prétendu malaise qui règne au sein de cette DGTCP.
Versions croisées
La gestion des primes et avantages pécuniaires auxquels il faut associer le régime discriminatoire du personnel qui a caractérisé la Direction du Trésor et Moyens de Financement (DTMF), à créer une psychose et semant ainsi la peur de la majorité d’agents pour ne pas perdre ce qu’ils perçoivent en dépit de tout.
La déclaration des « opprimés » a suscité notre curiosité qui a été par la suite confortée par les deux lettres au ministre des Finances par les groupes du personnel en cause.
A lire les deux correspondances, l’on est en droit de se poser quelques questions. Pourquoi seulement quelques personnes de la Direction du Trésor et Moyens de Financement (DTMF) qui se plaignent ? Ce qui paraît comme un acharnement de l’autorité hiérarchique contre elles.
Pourquoi ce soutien tous azimut de ce collectif du personnel de la DGTCP en insinuant qu’il existerait une catégorie de « privilégiés ».
Après cette mise en contexte, nos investigations révèlent certaines prédations qui se seraient commises et des injustices inacceptables savamment réfléchies et organisées. Il s’agirait donc de la gestion des primes qui constituerait le nerf de la guerre. Il semblerait aussi qu’une grande opacité entoure la gestion des primes et avantages. Les quelques personnes qui nous ont livré les informations à ce propos parlent de l’inadéquation entre les listings de la Direction de la paie qui viennent du ministère de Budget et les listes établies au niveau du Secrétariat de la DTMF qui du reste est retravaillée pour être ensuite envoyée à l’Ecobank. Donc, il y aurait tripatouillage et sur les montants alloués à chaque personne et sur les noms des bénéficiaires. Il en va de même des autres avantages au grand dam de leurs collègues.
Ce qui justifierait, rapporte-t-on à Econews, cette résistance au changement dont manifestent ces agents réfractaires qui voudraient continuer de gérer ces primes et avantages.
«Autre temps, autre mœurs », dit-on. Un autre adage rappelle qu’il n’y a jamais de fumée sans feu.
A y croire, les tensions artificielles créées au sein de la DGTCP ont un commanditaire bien précis, Mme Sulia Kitambala, directrice de la DTMF, qui venait d’être mise en cause dans un récent rapport de l’IGF (Inspection générale de finances), reprise sur la liste des cadres de la fonction publique qui perçoivent indûment des primes dans les différents ministères.
A la DGTCP, M. Thomas Maketa s’est, depuis lors, attaqué à ce fléau, mettant fin à une pratique qui privilégiait une catégorie d’agents au profit du grand nombre. Par l’informatisation des services, le DG Maketa s’est investi dans une gestion juste et équitable des primes et avantages. Ce qui s’est traduit par des attaques de divers ordres dont il est victime, jusqu’à le qualifier – abusivement d’ailleurs – d’avoir installé un climat de terreur à la DGTCP.
Ce qui est loin des témoignages recueillis par Econews.
En outre, l’accaparement par cette minorité des tâches de leurs collègues dans une sorte de centralisme inexplicable a conduit ces victimes silencieux de la DGTCP, qui croupissait sous la loi de Mme Sulia, à l’oisiveté. Ce comportement répréhensible nuit gravement à l’efficacité aussi bien de cette Direction et, par voie de conséquence, à la Direction générale. Ces pratiques malsaines ont fini par créer une psychose, fort malheureusement, chez les restes des agents qui craignent de perdre ces primes tronquées et le peu d’avantages qui leur sont dus.
Enfin, il est aberrant de constater que ces oppresseurs propagent les rumeurs selon lesquelles le DG Maketa cherche à disposer, pour son compte, de toutes ces primes. Faux, rétorquent les sources internes de la DGTCP !
Il est à noter que la nouvelle vision de la DGTCP cadre avec la réforme des finances publiques. A ce propos, il lui est reconnu la prérogative de définir la politique budgétaire et financière de l’Etat qui outrepasse le simple cadre de transfert des OPI.
Ainsi, pour mieux redynamiser les directions existantes et opérationnaliser celles nouvellement créées, il s’avère plus que impérieux de diligenter un audit organisationnel et financier afin de démanteler le réseau mafieux et impulser l’efficacité car c’est ce que le chef de l’Etat attend de cette réforme.
Il y va donc de la responsabilité du ministre des Finances, comme autorité de tutelle de la DGTCP. En tout cas, pour l’instant, le DG Thomas Maketa jouit de la pleine confiance du ministre des Finances, Nicolas Kazadi Kadima-Nzuji, qui lui a donné son quitus dans la mise en œuvre des réformes prévues avec la création de la DGTCP.
C’est dire qu’à la DGTCP, le chien va continuer à aboyer, alors que les réformes se mettent en place. N’en déplaise à une catégorie d’agents qui voulait perpétuer un système qui saigne à souhait le Trésor public.
Les réformes sont certes douloureuses, mais chacun devra supporter la douleur pour que la République remette de l’ordre dans ses comptes publics.
Hugo Tamusa