JC Mvuemba et le déluge de Mobutu

Ils sont nombreux ceux des Congolais de diverses sensibilités politiques qui font chaque année le déplacement de Rabat au Maroc pour s’incliner sur la tombe de feu le Maréchal Mobutu. Plusieurs ont passé leur visite sous silence. C’est à peine si les plus hardis d’entre eux osaient publier les images les montrant en conversation avec la veuve de l’ancien chef de l’Etat zaïro-congolais.

Or voici que 27 ans après sa chute et sa mort dans les mois qui avaient suivi, c’est Jean-Claude Mvuemba qui rapplique au cimetière chrétien de Rabat et adresse au maréchal du Zaïre une bien curieuse supplication. L’ancien président de l’Assemblée provinciale du Kongo Central a, dans une longue tirade, demandé à l’illustre défunt de briser la malédiction qui pèserait sur le pays depuis son départ forcé du pouvoir sous la pression armée de l’AFDL de Laurent-Désiré Kabila et contenue dans sa fameuse prédiction :

« Après moi le déluge ! ». Dans cette démarche salvatrice pour le peuple congolais meurtri, il pourrait solliciter utilement le concours de Ndona Kimpa Vita,  de Tata Simon Kimbangu et pourquoi pas, de Mbuta Joseph Kasa-Vubu !

Superstition ou effet d’annonce provocateur, les opinions divergent entre ceux qui taxent Jean-Claude Mvuemba d’une suspecte aigreur vis-à-vis du régime Tshisekedi qu’il combat dans une opposition pilotée par Moïse Katumbi. Car si un irrépressible déluge s’abat sans espoir de rémission à l’horizon sur le Congo, c’est le lieu de poser au leader Ne Kongo la date du commencement du déluge! Et si ne serait pas Mobutu en personne qui, sentant sa fin prochaine, n’avait pas ouvert les vannes du ciel!

Les plus sceptiques ne s’empêchent pas de poser la question de savoir si « la malédiction » de Mobutu est incitative aux détournements massifs de deniers publics, ou qui a insufflé dans les veines des dirigeants l’ADN maléfique de la corruption, du tribalisme, du népotisme et de l’affairisme effréné dans les quels se complaisent des dirigeants incapables de tenir leurs engagements tant à l’intérieur du pays qu’à l’égard des partenaires extérieurs.

Ce n’est assurément pas « Après moi le déluge » de Mobutu qui fait que la guerre dans l’est du pays perdure au prix de tueries et d’exil interminable pour environ 7 millions de déplacés et réfugiés.

Car le ver est dans le fruit. Dans l’âme du Congolais qui vit de la mendicité et du culte de la personnalité sans perspective du lendemain. Ressusciter Mobutu, Lumumba, Kasa-Vubu ne serait que les tuer une seconde fois dans une société qu’ils ne  reconnaîtront pas.

Econews