En marge du traditionnel briefing, faisant le point, lundi devant la presse, du «dialogue social dans le secteur public», le VPM (Vice Premier ministre) Jean-Pierre Lihau et le Porte-parole du Gouvernement, Patrick Muyaya, n’ont pas éludé la question brûlante de la révision constitutionnelle.
Dans un exercice pédagogique, les deux membres du Gouvernement ont cherché plutôt à apaiser l’opinion publique autour du projet, annoncé depuis Kisangani, par le Président de la République.
Patrick Muyaya a été le premier à replacer le débat dans son contexte réel : «J’ai l’impression qu’on veut faire dire au Président de la République des choses qu’il n’a pas dites. Le Président de la République, s’exprimant sur ce sujet, a dit que ce n’était pas une urgence. Ensuite, il a aussi dit que l’année prochaine, il mettra en place une commission pluridisciplinaire avec les Congolais de tous bords pour réfléchir ». Et de paraphraser le Président de la République qui, répondant à une question de la presse, a levé toute équivoque en ces termes : «Si nous avons un pays où les institutions sont fortes, quelque soient les individus qui sont là, le pays va gagner. C’est un pays avec les institutions fortes et pas des personnes fortes». A Muyaya de renchérir : «C’est une reponse courte mais claire et qui devrait clore ce débat. Parce que ce débat aura lieu l’année prochaine».
Patrick Muyaya note que le moment est venu de consolider la démocratie congolaise, après avoir apuré la phase de belligérance avec la Constitution du 18 février 2006 : «Nous sommes au bout de quatre (4) processus électoraux. Nous sommes sortis d’un processus de belligérance pour entrer dans la consolidation de la démocratie. On a des difficultés, et le souci principal, tel que le président de la République l’a résumé, c’est d’arriver à avoir les institutions fortes. Donc, il faut considérer que si révision de la Constitution doit avoir lieu, elle le sera pour le bien de nos institutions et pour le bénéfice du peuple Congolais».
Pour sa part, le VPM Lihau rappelle qu’il n’est pas interdit de réfléchir sur l’avenir du pays : «On ne peut pas interdire la réflexion dans un pays. La Constitution est la loi fondamentale. Mais une loi a vocation à être changée, si telle est la volonté de la communauté nationale. La question à se poser est de savoir: est-ce notre Constitution comporte-elle des faiblesses ? La réponse est indubitablement oui. Quelles sont ces faiblesses ? Les experts nous les diront. Chacun peut donner ses réponses. Moi, en tant que gestionnaire des ressources humaines de l’Etat, je peux déjà avancer une petite piste (…) c’est mon avis personnel que notre Constitution, celle qui est là, consacre une hyper institutionnalisation de l’État, ce qui crée en réalité l’obésité de l’Etat. Et cette obésité de l’État, qu’on le veuille ou pas, fait obstacle au développement du pays».
Le débat sur la révision ou changement de la Constitution congolaise – c’est selon – est donc lancé. Le Président de la République a promis la mise en place mi 2025 d’une constituante pour approfondir la question. Entre-temps, dans différentes camps politiques, les uns et les autres se préparent pour valider leur thèse.
Le Gouvernement l’a déjà fait lundi, via ses deux membres, dont Jean-Pierre Lihau et Patrick Muyaya. On attend maintenant l’autre son de cloche du présidium de l’Union sacrée de la nation, curieusement aphone sur le sujet.
Hugo T.
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