Après plus de trois mois d’attente, la Première ministre congolaise vient enfin d’être connue. Il s’agit de Judith Tuluka Suminwa.
Nommée par ordonnance présidentielle le lundi 1er avril 2024, elle succède à Jean-Michel Sama Lukonde. C’est la première fois que la République Démocratique du Congo a une femme à la tête du gouvernement depuis son accession à l’indépendance. La nouvelle Première ministre a plusieurs défis à relever dans la perspective de répondre aux attentes de la population congolaise.
Pour certains, la nouvelle Première ministre, issue de l’UDPS (Union pour la démocratie et le progrès social), devrait s’attaquer le plus vite possible aux priorités du moment. Notamment le retour de la paix dans l’Est du pays, la lutte contre la corruption, la création d’emplois, l’insécurité qui sévir dans le pays, l’amélioration des conditions de vie des Congolais et le redressement économique.
De l’avis de Beni Yoto, habitant de la commune de Limete, «c’est bien de nommer une femme à la Primature. C’est vrai que le sexe ne compte pas, mais beaucoup plus des actes qui comptent».
Selon lui, la priorité du gouvernement dit de «compétence professionnelle» doit être la restauration de la paix dans l’Est du pays et la relance de l’agriculture. Et d’ajouter : «C’est inadmissible qu’un pays comme le nôtre puisse importer des produits alimentaires, alors qu’il compte plus de 80% de terres arables», a-t-il déploré.
Un autre habitant de la même commune qui a requis l’anonymat attend de la Première ministre l’amélioration du social congolais. «La population congolaise, particulièrement celle de Kinshasa, a du mal à se nourrir. Le président de la République avait promis que les Congolais allaient manger trois fois par jour mais après son premier mandat, triste est cependant de constater que des Congolais peinent à manger, même une fois par jour. C’est pourquoi nous demandons à la Première ministre de tenir compte de la vie sociale», a-t-il déclaré.
D’autres Kinois interrogés demandent plutôt à la Première ministre et au prochain gouvernement de mettre les mécanismes pour lutter contre les criminels économiques. Aussi conseillent-ils à la cheffe de l’Exécutif national d’instaurer la culture fiscale et promouvoir les valeurs morales et éthiques de la gestion de la chose publique, une manière efficace de tourner la page sombre des années précédentes.
«Je suis beaucoup plus intéressé sur la détermination du chef de l’Etat à éradiquer le système qui enrichit les individus et appauvrir la population. Ce système favorise la criminalité économique et défavorise la culture fiscale», relève Bishop Mavumu, agent de l’Etat qui s’insurge par ailleurs contre «un système qui fait la promotion de trafic d’influence».
Bishop Mavumu a poursuivi en disant que «nous n’allons pas l’apprécier par rapport à son sexe, mais plutôt par rapport au rendement que les Congolais attendent d’elle». C’est ainsi qu’il a insisté pour qu’elle mette en place un gouvernement qui va œuvrer pour le bien-être de la population. Sinon, elle sera vouée aux gémonies.
De son côté, Christenvie Kumbana, frais émoulu de l’Université, demande à la Première ministre et son futur Gouvernement de penser surtout à la jeunesse et d’avoir un œil regardant sur la gratuité de l’enseignement de base, non seulement pour qu’elle soit effective sur toute l’étendue du territoire national, mais aussi de qualité.
Autre souhait exprimé par Christenvie Kumbana : lutter contre le phénomène «kuluna» (banditisme urbain) qui empoisonne la vie dans la ville de Kinshasa et fait de nombreuses victimes dans la population.
Pour rappel, Judith Suminwa Tuluka est la première femme Première ministre en République Démocratique du Congo après 25 hommes depuis l’indépendance du pays. Elle a dit former un gouvernement dit de «Compétence professionnelle».
Benny Lutaladio