Justice à deux vitesses : liberté provisoire pour Eteni Longondo

Sous mandat d’arrêt provisoire dans un présumé détournement de fonds affectés à la riposte contre le Covid-19, Dr Eteni Longondo, ancien ministre de la Santé, a bénéficié mardi d’une liberté provisoire, après environ deux semaines passées à la prison centrale de Makala

C’est son avocat, Me Hugues Pulusi Eka, qui l’a annoncé, précisant que toutes les pièces justificatives et authentiques versées dans le dossier ont nettement plaidé en faveur de l’ancien ministre de la Santé. Cependant, il a laissé entendre que le dossier suivait son cours normal en phase préjuridictionnelle.

Eteni Longondo est vraisemblablement un homme à la fois heureux et chanceux. Car, avant lui et dans les mêmes conditions, Vital Kamerhe, inculpé dans l’affaire, dite programme de 100 jours du Chef de l’Etat, a vidé toutes les voies de recours sans jamais bénéficier de la faveur d’une liberté provisoire. A toutes les étapes du procès qui l’a finalement amené à la prison centrale de Makala, Vital Kamerhe a vu toutes ces demandes de liberté provisoire être rejetées par la Justice.

Qu’est-ce qui a donc changé avec Eteni Longondo ? La question est sur toutes les lèvres. Nombreux d’observateurs font directement le lien avec son appartenance à l’UDPS, le parti au pouvoir. Ce qui explique cela, se dit-on.

Son arrestation, à la suite d’une longue audition menée par l’avocat général Pascal Munkokole, a surpris tant dans l’entourage immédiat de Félix Tshisekedi, qu’au sein du parti présidentiel, l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS).

Eteni Longondo, ancien ministre de la Santé dans le gouvernement de Sylvestre Ilunga Ilunkamba a, selon ses proches, été convoqué «à l’improviste» le 27 août à la Cour de cassation, où il a été entendu sur la gestion des fonds alloués à la lutte anti-Covid.

En août 2020, Jules Alingete Key, patron de l’Inspection générale des finances (IGF), avait indiqué que «des actes de mauvaise gestion» avaient été identifiés lors des enquêtes menées par ses services au sein du ministère de la Santé et que les dossiers avaient été transmis à la justice. Selon l’IGF, seuls deux des huit millions de Usd alloués par le Gouvernement à la gestion de la crise sanitaire ont pu être tracés. L’opacité entoure en effet les trois millions de dollars US envoyés aux provinces, ainsi que trois des cinq millions Usd gérés par le cabinet d’Eteni en pleine tempête de Covid-19.

Son arrestation a suscité un brin d’espoir sur la neutralité de la Justice. Ce qui devait certainement s’émousser avec sa liberté provisoire obtenue à la surprise générale. N’est-ce un bel exemple d’une Justice à deux vitesses.

Econews