Kabila, le retour énigmatique qui rabat les cartes Joseph Kabila, l’ancien président de la République qualifié d’«autorité morale» du groupe rebelle AFC/M23 par Kinshasa, fait un comme-back énigmatique sur la scène politique congolaise après six ans de silence. Entre tournées mystérieuses dans la région et refus catégorique de son entourage de renouer avec le Président Félix Tshisekedi, il brouille les cartes d’un pouvoir en quête d’union nationale. Alors que le Chef de l’État tente de constituer un gouvernement inclusif face à la crise sécuritaire à laquelle fait face le pays, le come-back calculé de Kabila ravive les tensions de l’échec cuisant de la coalition FCC-CACH (2019). Dans l’ombre, une question persiste : ce revival politique est-il une manoeuvre de déstabilisation, une quête d’influence, ou l’ultime jeu d’un stratège en quête de légitimité ? Kinshasa retient son souffle.
Six ans après avoir quitté le pouvoir, Joseph Kabila, président honoraire de la République Démocratique du Congo (RDC), fait un comebakc surprenant dans l’arène politique, suscitant interrogations et spéculations.
Considéré par le pouvoir de Kinshasa comme «l’autorité morale» de l’AFC/M23 – groupe rebelle actif dans l’Est de la RDC–, son récent activisme médiatique et ses tournées mystérieuses dans la région redessinent les équilibres politiques, à l’heure où le président Félix Tshisekedi tente de constituer un «Gouvernement d’union nationale ».
Après des années de silence, Kabila multiplie les apparitions publiques et les déplacements, sans en expliciter les motifs. Ce retour, perçu comme stratégique, intervient dans un contexte tendu : la coalition FCC-CACH, formée en 2019 entre ses partisans (Front commun pour le Congo) et ceux de Tshisekedi (Cap pour le changement), s’est soldée par un échec retentissant, laissant des rancoeurs durables.
Proche de l’ancien chef de l’État, un cadre du FCC confie sous anonymat : «Nous ne sommes pas prêts à renouveler l’expérience d’une alliance avec Tshisekedi. Les promesses non tenues et les trahisons ont érodé toute confiance.»
Si Félix Tshisekedi appelle à l’apaisement et à l’inclusion, notamment face aux défis sécuritaires dans l’Est de la RDC, Joseph Kabila semble jouer la montre. Son entourage reste évasif sur une éventuelle collaboration, préférant cultiver le flou. «Kabila écoute, observe, mais ne s’engage pas. Il sait que sa seule présence déstabilise le pouvoir en place», analyse un politologue.
Cette prudence contraste avec l’urgence affichée par Kinshasa, qui cherche à élargir sa base politique pour contrer l’offensive du M23, soutenu, selon les autorités congolaises, par le Rwanda.
L’OMBRE DU FCC ET LES BLESSURES DU PASSE
L’échec de la coalition FCC-CACH, censée incarner une transition harmonieuse après les élections de 2018, hante toujours les esprits. Les dissensions sur la répartition des postes, les accusations de mauvaise foi et le limogeage progressif des proches de Kabila des institutions ont creusé un fossé. Aujourd’hui, même si certains cadres du FCC admettent en privé que «l’union nationale est une nécessité», ils conditionnent leur participation à des «garanties incontestables » – une demande jugée irréaliste par les alliés de Tshisekedi.
QUEL AVENIR POUR LE DIALOGUE POLITIQUE ?
Malgré son retrait apparent, Joseph Kabila conserve un réseau influent, notamment au sein de l’armée, de l’appareil sécuritaire et dans certaines provinces clés. Ses récentes tournées, interprétées comme des marques de soutien à des candidats locaux ou des tentatives de réaffirmation, alimentent les rumeurs d’une stratégie de long terme. «Il teste les eaux, mesure sa capacité à mobiliser, sans prendre de risques directs», décrypte un diplomate occidental.
Alors que Kinshasa tente de rallier toutes les forces vives face à la crise dans l’Est de la RDC, le silence de Kabila devient un sujet d’irritation.
Pour ses détracteurs, il incarne un «obstacle à l’unité»; pour ses partisans, il reste un «recours» dans un pays en quête de stabilité. Une chose est sûre : son retour médiatisé complique les calculs de Tshisekedi, obligé de naviguer entre ouverture politique et préservation de son autorité.
Dans cette partie d’échecs où chaque mouvement est scruté, Joseph Kabila cultive son mystère, laissant planer une question : son revival politique est-il une manœuvre de pression, une prélude à une nouvelle alliance, ou simplement l’ultime chant du cygne d’un ancien chef d’État en quête de légitimité ? La réponse se niche peut-être dans l’évolution chaotique d’une nation où le passé et le présent ne cessent de s’entrechoquer.
ECONEWS