A mesure qu’approchent les échéances électorales supposément fixées au 20 décembre 2023, les services de renseignements militaires et civils sont saisis d’une effervescence qui répand la terreur, du moins à l’égard des personnalités qui osent afficher leur ambition à briguer les plus hautes charges de l’Etat. Mais pas toujours. Il suffit parfois de s’exprimer librement, ou de faire valoir ses droits pour qu’aussitôt, les portes de la prison s’ouvrent sans que le juge n’en soit saisi. Si certains ont eu le privilège de s’en sortir à moindres frais, d’autres moisissent encore à la prison centrale de Makala où ils sont rejoints progressivement par de nouveaux venus tout aussi surpris de se retrouver embrigadés dans des dossiers politiquement motivés.
Le dernier en date à faire les frais des investigations des renseignements militaires est Salomon Idi Kalonda, conseiller spécial de Moïse Katumbi, candidat déclaré à la présidentielle. Arrêté dans des circonstances rocambolesques le 30 mai dernier sur le tarmac de l’aéroport international de Ndjili, plus d’une semaine après la manifestation de l’opposition dispersée dans la violence. Il est détenu depuis dans les geôles de l’ex DEMIAP.
Les réseaux sociaux se sont enflammés dès les premières heures de la matinée ce jeudi 8 juin, faisant état des perquisitions menées dans ses résidences de Kinshasa et de Lubumbashi. Simultanément, la même opération avait cours aux domiciles de Moïse Katumbi. Si le conseiller de ce dernier est poursuivi pour détention d’une arme de guerre, d’un passeport belge, d’accointances avec la rébellion du M23 et tentative du renversement du pouvoir politique établi, aucune charge en revanche n’est pourtant pas encore retenue contre l’ancien gouverneur du Katanga.
Ce n’est plus qu’une question de temps, tout laissant croire que Salomon Kalonda n’est qu’un faire-valoir, Katumbi serait en réalité la personne visée. Selon les observateurs, l’affaire remonterait à la proposition de loi excluant de la fonction présidentielle tout candidat qui ne serait pas né de père et mère congolais. Sachant que le Chairman du Tout Puissant Mazembe est né d’un père juif grec de l’île de Rhodes.
COMME JEAN-MARC KABUND, BISELELE ET CONSORTS
Salomon Kalonda Idi n’est pas la première victime du radicalisme affiché par le régime, au fur et à mesure que se profilent les échéances électorales. Cependant, son cas ne s’apparente guère aux malheurs des anciens caciques proches du chef de l’Etat tombés en disgrâce du jour au lendemain.
Jean-Marc Kabund-a-Kabund, ancien secrétaire général du parti présidentiel, l’UDPS, avant d’en assumer la présidence pour aboutir à la 1ère vice-présidence de l’Assemblée nationale avant de tourner casaque et de créer son propre parti politique est incarcéré pour «outrage au chef de l’Etat», après une altercation avec des militaires de la garde républicaine à la suite d’une incompréhension sur la conduite de son cortège sur la voie publique.
Quant à Fortunat «Bifort» Biselele, ancien conseiller privé du Chef de l’Etat, il paie pour des propos tenus au cours d’une émission de télévision au cours de laquelle il révélait «des vérités» sur les rapports entretenus par son chef et le président rwandais. Son crime : avoir mis sur la place publique la proposition de Félix Tshisekedi à Paul Kagamé, celle de lui donner des minerais contre son carnet d’adresses.
Les cas des trois personnalités ne présentent certes pas des similitudes politiquement motivées. Mis à part Jean-Marc Kabund, Salomon Kalonda et Fortunat Biselele n’ont jamais affiché des ambitions présidentielles. Le premier paye pour sa fidélité à son patron, tandis que le second doit regretter de l’avoir trop ouvert, au moment où le Rwanda occupe des pans entiers de la province du Nord-Kivu.
Ils se rejoignent cependant, en ce que les arrestations systématiques d’opposants ou d’anciens collaborateurs renvoient forcément une image négative du Chef de l’Etat, seul comptable devant la Nation d’une dérive vraie ou supposée vers une autocratie ouvertement affichée.
Econews