Le Président de la République, Félix Tshisekedi, a effectué mercredi une visite éclair à Kampala où il a eu des échanges en tête-à-tête avec son homologue ougandais, Yoweri Museveni. A la Présidence de la République ougandaise, on rapporte que les deux chefs d’Etat ont échangé sur la sécurité bilatérale, la sécurité sous-régionale et la construction de routes clés d’intérêt économique mutuel. Si l’Ouganda reste un acteur incontournable dans la région des Grands lacs, ses rapports avec la RDC sont souvent ambigus. Présenté comme un allié souterrain des «terroristes» du M23, l’Ouganda participe en même temps aux opérations conjointes dans la traque des ADF. Face à Kinshasa, Kampala est «mi-ange, mi-démon».
Mercredi, le Président de la République Démocratique du Congo (RDC), Félix Tshisekedi, a effectué une visite éclair à Kampala, marquée par des échanges en tête-à-tête avec son homologue ougandais, Yoweri Museveni. Cette rencontre revêt une importance particulière, alors que les deux pays naviguent à travers des relations complexes, oscillant entre coopération et tensions.
Au cours de cette visite, rapportée par la Présidence de la République congolaise, les deux dirigeants ont priorise leurs discussions sur la sécurité bilatérale et sous-régionale. Les enjeux sécuritaires demeurent cruciaux dans la région des Grands Lacs, où les menaces posées par des groupes armés continuent de perturber la paix et la stabilité.
La RDC et l’Ouganda, bien que souvent en désaccord, partagent une nécessité évidente d’unir leurs efforts face aux challenges sécuritaires. Félix Tshisekedi et Yoweri Museveni ont exploré des mécanismes de coopération visant à renforcer la sécurité aux frontières, tout en évoquant la nécessité d’une approche collective pour lutter contre l’influence des groupes armés, dont l’activité de la milice ADF reste particulièrement préoccupante.
Les relations entre Kinshasa et Kampala ont été décrites comme «mi-ange, mi-démon». Si l’Ouganda est souvent perçu comme un acteur ambivalent, son soutien tacite à des mouvements contestés, comme le M23, nourrit la suspicion à Kinshasa. Cependant, le pays joue également un rôle clé dans les opérations conjointes menées contre les ADF, démontrant la complexité de leur partenariat.
En plus des questions de sécurité, les deux chefs d’État ont également abordé le sujet crucial de la construction de routes stratégiques, essentielles pour le développement économique mutuel. L’amélioration des infrastructures de transport est perçue comme un levier potentiel pour stimuler le commerce et renforcer les liens entre les nations, ouvrant la voie à des échanges plus fluides et bénéfiques.
L’un des principaux sujets abordés lors de cette rencontre a été le développement des infrastructures, notamment les projets pour construire les routes reliant Kasindi, Beni et Butembo, ainsi que le corridor Bunagana-Rutshuru-Goma. Ces initiatives sont cruciales pour favoriser les échanges économiques et améliorer la situation sécuritaire dans l’Est de la RDC, un secteur de croissance stratégique pour les deux pays.
UN DIALOGUE EMPREINT DE SCEPTICISME ET D’ESPOIR
En effet, depuis son accession à la présidence de la République démocratique du Congo (RDC), Tshisekedi a à maintes reprises cherché à établir un contact avec le président ougandais, dans le but de renforcer les liens entre leurs deux pays.
La résurgence du M23, récemment soulignée par la reprise de Bunagana à la frontière ougandaise, a ravivé les suspicions quant à la sincérité de Kampala dans son engagement à soutenir la stabilité en RDC. Ces événements ont mis à mal la confiance qui pourrait s’installer entre les deux nations, malgré les efforts répétitifs de Tshisekedi pour maintenir un dialogue ouvert. La perception que l’Ouganda pourrait avoir des intérêts ambivalents dans la crise sécuritaire congolaise a alimenté les doutes quant à la coopération future.
Toutefois, malgré ces préoccupations, Félix Tshisekedi a toujours veillé à conserver de bonnes relations avec Yoweri Museveni. Cette stratégie de dialogue ouvert suggère une volonté de dépasser les tensions passées et de trouver des solutions communes aux enjeux qui touchent leurs nations respectives.
«Je repars avec l’espoir que ce que nous nous sommes dit va se concrétiser », a déclaré le président Tshisekedi, avant de quitter la capitale ougandaise pour Bujumbura.
Malgré un climat de méfiance persistant, le fait que Museveni ait renouvelé son engagement concernant ces projets d’infrastructure pourrait servir de catalyseur pour des actions concrètes. Tshisekedi semble déterminé à capitaliser sur les promesses faites, tout en restant vigilant quant aux véritables intentions de son voisin ougandais.
L’avenir des relations entre la RDC et l’Ouganda dépendra donc de la capacité des deux nations à naviguer à travers leurs différends passés, tout en construisant une alliance pragmatique pour faire face aux enjeux actuels et futurs de la région.
A Kinshasa, les liens étroits que Kampala entretient avec Kigali dérangent. Néanmoins, entre deux maux, en l’occurrence l’Ouganda et le Rwanda, Tshisekedi a préféré le moindre mal, c’est-à-dire Yoweri Museveni. Jusques à quand Kinshasa restera-t-il complaisant vis-à-vis de Kampala ? C’est tout le problème.
Francis N.
Soyez le premier à commenter