Juste après la réunion de crise autour du Premier ministre, le ministre de la Communication et Médias, Patrick Muyaya, a convié le représentant spécial du secrétaire générale des Nations Unies en RDC, Khassim Diagne, deuxième personnalité de la Monusco, au traditionnel briefing devant la presse.
C’était l’occasion, autant pour le Gouvernement que la Monusco, de dissiper des malentendus.
Au deuxième jour des manifestations qui ont commencé lundi par la ville de Goma, avant de s’étendre à Beni et Butembo, le Gouvernement a fait état de 15 personnes tuées, dont 12 civiles et trois (3) Casques bleus de la Monusco ainsi que 61 blessés admis dans différents centres hospitaliers de la province du Nord-Kivu.
Compte tenu des pillages et de la grande vague de mobilisation, le porte-parole du Gouvernement a exprimé toute son indignation. «Rien ne peut justifier toute forme violence», a déploré Patrick Muyaya.
Si le ministre Patrick Muyaya reconnaît des rapports parfois tendus entre le Gouvernement de la RDC et la Monusco, il est d’avis qu’ «il est temps de passer à la désescalade». Aussi, a-t-il réitéré son appel à la retenue pour «ne pas rendre compliqué une situation qui est déjà compliquée » sur le front de l’Est de la RDC.
Pour sa part, le n°2 de la Monusco, tout en regrettant la tournure malheureuse des derniers évènements qui ont touché trois villes de la province du Nord-Kivu, est revenu sur la promesse de désengagement des troupes de la Monusco, suivant un plan de transition, avec 18 jalons, convenu en 2021 avec le Gouvernement de la RDC.
Pour l’instant, il a promis que la Monusco tirera toutes les leçons des évènements du Nord-Kivu en pensant notamment au «redimension-nement» de ses opérations.
Quant au retrait proprement dit de la Monusco du territoire congolais, le n°2 de la Mission onusienne n’a pas eu de réponses précises.
«Ce qui est vrai que la Monusco partira un jour. Quand ? Nous ne pouvons pas décider de partir. Nous fonctionnons sur la base d’un mandat du Conseil des Nations Unies. Nous sommes encore là », a dit sans détours Khassim Diagne.
Et que dire des morts enregistrés aussi bien dans les rangs des Casques bleus que ceux des civils ? Pour tout dire, le n°2 de la Monusco a déclaré qu’à Goma et dans d’autres villes de la province du Nord-Kivu, «on a eu affaire non pas à des manifestants mais à des criminels», reconnaissant néanmoins les «frustrations» de la population par rapport à la situation d’instabilité permanente de la partie Est de la RDC.
Compte tenu de l’ambiguïté de ce bilan tragique, le porte-parole du Gouvernement a promis la mise en place d’une commission d’enquête, composée notamment de l’auditorat militaire, du ministère de la Justice et de services spécialisés de la Monusco, pour lever toute équivoque.
Mais, à la Monusco, on n’exclut pas avoir tiré sur la population civile. «Notre mandat nous l’interdit», a juré Khassim Diagne.
Pour tout dire, la Monusco se dit prête à renforcer sa présence dans le travail de maintien de la paix
«Nous n’avons aucun agenda que soutenir le Gouvernement pour stabiliser l’Est » de la RDC, a fait remarquer Khassim Diagne. Avant de réitérer sa promesse d’une Monusco plus prête de la population : «Nous vous promettons de faire de notre mieux dans le cadre de notre mandat ».
Tighana Masiala