Dans un rapport percutant présenté à l’Assemblée nationale, Matata Ponyo Mapon a posé un diagnostic sans détour sur les maux qui gangrènent la ville de Kinshasa. À la tête d’une commission parlementaire chargée de réfléchir sur les solutions pour désengorger la capitale, l’élu de Kindu a introduit une expression évocatrice : le triangle de la mort. Ce concept désigne un enchevêtrement de problèmes structurels – embouteillages, constructions anarchiques et insalubrité – qui asphyxient littéralement la ville et rendent son développement chaotique.
Il ne faut pas se méprendre : ce « triangle de la mort » n’est pas une formule choc pour frapper les esprits, mais une réalité visible à chaque coin de rue à Kinshasa. Des embouteillages interminables témoignent d’une planification urbaine défaillante et d’une gestion anarchique des flux de transport. Les constructions sans planification prolifèrent, souvent dans des zones inadaptées, augmentant les risques d’inondations et accentuant l’encombrement. Enfin, l’insalubrité envahit les espaces publics, conséquence d’un système défaillant de gestion des déchets et d’un manque criant de civisme collectif.
Le véritable enjeu pour Kinshasa n’est pas seulement de reconnaître ces problèmes, mais aussi de sortir de ce cercle vicieux. Le rapport de Matata Ponyo insiste sur l’urgence de repenser la ville dans sa globalité, en attaquant ces trois maux simultanément. Mais qui portera ce chantier titanesque ? Il exige une collaboration étroite entre les autorités nationales, provinciales, et municipales, une mobilisation des ressources adéquates et une sensibilisation des citoyens.
Ce combat ne saurait être uniquement celui des autorités. Les habitants de Kinshasa doivent également jouer leur rôle, en adoptant des comportements plus respectueux de l’espace public et en s’impliquant activement dans les initiatives de salubrité et d’aménagement urbain. Les décideurs, de leur côté, doivent s’assurer que les politiques urbaines soient inclusives et cohérentes, sans quoi elles risquent de rester lettre morte.
Le diagnostic est posé, et les priorités sont claires. Mais pour transformer Kinshasa, il faut passer des discours aux actes. La lutte contre le « triangle de la mort » nécessite une volonté politique forte et une vision audacieuse. Les Kinois méritent une ville vivable, où se déplacer n’est pas une épreuve, où habiter ne rime pas avec insécurité, et où les rues ne sont pas jonchées d’immondices.
L’enjeu est de taille, car Kinshasa n’est pas seulement la capitale politique du pays : elle est aussi le miroir de ses ambitions. Réussir à libérer cette métropole de son piège actuel serait un signal fort, non seulement pour la RDC, mais pour l’ensemble du continent africain. Le plus grand défi, comme l’a si bien dit Matata Ponyo, est de sortir Kinshasa de ce triangle. À présent, la balle est dans le camp de décideurs et de citoyens.
Econews
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