Des échos provenant des maisons carcérales de la RDC, il ressort que les détenus vivent dans des conditions inhumaines. Certains d’entre eux, rapporte-t-on, dorment debout, sur le sol, voire dans des douches. Cette situation lamentable n’est sûrement pas étrange au gouvernement dont les ministres concernés, aussitôt nommés, s’y rendent en visite d’inspection. Malheureusement, leurs rapports moisissent dans les tiroirs.
Au cours de la visite d’inspection qu’elle a effectuée le 10 août 2021 à la prison centrale de Makala et celle de Ndolo réservée principalement aux militaires, la ministre d’Etat, ministre en charge de la justice et garde des sceaux, s’est personnellement rendue compte des conditions déplorables dans lesquelles vivent les détenus. Pour ce faire, elle a promis le désengorgement de ces établissements pénitentiaires. Promesse qualifiée de politique par les ong pour n’avoir jamais été appliquée jusqu’à ce jour.
En collaboration avec le collectif des ong congolaises de défense des droits de l’homme, la Fondation Bill Clinton pour la paix (FBCP) proteste contre ces conditions des détenus de la prison centrale de Makala et la prison de Ndolo.
Dans leur rapport rendu public mercredi 31 août 2022, ces ong indiquent que la prison centrale de Makala, principal lieu de détention de la capitale, compte environ 10.000 détenus dont les trois quarts ne sont pas encore condamnés, alors qu’elle a été construite pendant la colonisation belge pour 1.500 prisonniers maximum.
S’agissant de la prison militaire de Ndolo située également à Kinshasa, elle héberge plus de 2000 détenus pour une capacité d’accueil de 500 personnes.
Ce rapport qui porte sur la population carcérale et les cas de détention en situation judiciaire irrégulière, souligne également que certains détenus dorment à même le sol et dans des douches, voire débout. D’où la résurgence des maladies et infections causées par les mauvaises conditions sanitaires. Le rapport souligne également une alimentation insuffisante pour les détenus.
Parmi les aspects aggravants repris dans ce rapport figurent l’abus du pouvoir et le trafic d’influence exercés par certaines autorités politico-administratives, judiciaires, policières et militaires ou encore la cupidité des magistrats qui empochent des amendes transactionnelles exorbitantes.
Dans leur conclusion, les auteurs de ce rapport demandent donc au conseil supérieur de la magistrature de prendre des sanctions sévères contre les juges fautifs, Ils appellent les cours et tribunaux à rendre leurs jugements dans le délai prévu par la loi.
Au chef de l’Etat et gouvernement, ils demandent de s’impliquer pour qu’une justice équitable soit rendue pour tout le monde.
Quid du CNDH et du ministère des droits humains ?
En fait, la situation inhumaine dans laquelle vivent actuellement les personnes détenues dans les maisons carcérales de la RDC ne pouvait être inquiétante compte tenu des structures outillées en la matière dont dispose le pays.
Qu’il s’agisse du ministère des droits humains ou du Comité national de droit de l’homme (CNDH), ces structures disposent de personnes rompues en la matière pouvant épargner le gouvernement des erreurs souvent commises en matière de protection des droits humains.
Ces deux structures, dont l’une est gouvernementale, et, l’autre, émanant de la chambre basse du parlement, disposent certainement de moyens leur permettant d’établir des rapports sur la situation déplorable qui prévaut dans les maisons carcérales du pays par exemple. Mais, faute « d’inattention ou de désintéressement », de leur part, des ong internationales, en collaboration avec certaines ong congolaises leur dament carrément le pion en faisant des révélations déshonorantes pour le pays.
Au ministère des droits humains et au Comité national des droits de l’homme de jouer pleinement leur rôle de défenseurs des droits de l’homme.
Véron Kongo