La CENI contre les Finances et l’Intérieur : trois Kazadi à couteaux tirés

Entre Denis Kazadi, président de la CENI (Commission électorale nationale indépendante), Peter Kazadi, vice-Premier ministre en charge de l’Intérieur, et Nicolas Kazadi, ministre des Finances, les violons sont loin de s’accorder. Le premier épisode est celui qui a opposé la CENI au ministre des Finances en rapport avec la gestion des commandes de la centrale électorale du Congo, avant que le deuxième ne survienne autour de l’accréditation des agents du ministère de l’Intérieur aux différents Bureaux de réception et de traitement des candidatures ». Dans ces deux batailles, c’est Denis Kadima qui en est sorti gagnant. Depuis lors, entre les trois Kazadi de la République, c’est la guerre froide.
Au fil des jours qui s’égrènent inexorablement, annonçant l’échéance redoutée de certains politiques des élections de décembre 2023, la centrale électorale ne sait plus sur quel pied danser. Ou plus précisément, le président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) n’est pas loin d’y perdre son latin, écartelé qu’il est entre d’une part, le financement parcimonieux par le gouvernement des opérations préélectorales, et d’autre part, l’omniprésence des services du ministère de l’Intérieur incrustés dans les Bureaux de réception et de traitement des candidatures (BRTC) à la députation nationale. Les fameux BRTC disséminés dans les provinces et qui étouffent sous le regard inquisiteur des sbires mandatés par le vice-premier ministre de l’Intérieur, et dont la présence ne s’expliquerait pas, selon Denis Kadima.

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«Erreur» rétorque Peter Kazadi. Lors du briefing hebdomadaire du gouvernement lundi 10 juillet, le vice-premier ministre de l’Intérieur s’est dit étonné de l’attitude du président de la CENI qui se serait exprimé sous le coup de l’émotion. Peter Kazadi reprochant à Kadima Kazadi de n’avoir pas intériorisé les textes régissant son institution. A l’en croire, le secrétariat général de son ministère est parfaitement fondé, en tant qu’agent taxateur, à veiller sur la destination prise par la caution versée par les candidats aux législatives. Au même titre que la DGRAD qui intervient en tant qu’agent ordonnateur.
Au même moment, un autre Kazadi (Nicolas celui-là), jure que, contrairement aux allégations de son homonyme de la CENI, l’institution organisatrice des élections est financée rubis sur l’ongle.
Comme on peut s’en rendre compte, l’atmosphère est loin d’être sereine entre les trois Kazadi qui, ne serait-ce que du fait de leur homonymie, devraient entretenir un semblant d’une cohésion affirmée autour de la vision du chef de l’Etat pour lequel ils prétendent militer pour une réélection sans faille.
A moins que leurs rivalités factices, sciemment entretenues, ne contribuent à favoriser un climat d’incertitude autour de l’organisation des élections dont «le glissement» du calendrier est conforté par la mise à l’écart des milliers d’électeurs pris en otage dans les zones troublées de Rutshuru, Masisi et Kwamouth.
Entre un Nicolas Kazadi qui rechignerait à desserrer les cordons de la bourse et un Peter Kazadi qui le marquerait à la culotte, Denis Kadima Kazadi n’a plus qu’une alternative : foncer tête baissée, quitte à produire des scrutins biaisés, ou à imposer à sa façon un report des élections avec leurs conséquences incalculables.

Econews