La guerre entre la Russie et les Etats-Unis d’Amérique sur le territoire ukrainien, déclenchée par le président Vladimir Poutine le 24 février 2022, inaugure la probabilité d’une troisième guerre mondiale ou d’une nouvelle guerre froide. Celles-ci sont annoncées par les spécialistes et des hommes politiques alors qu’il est possible de trouver des solutions diplomatiques afin d’éviter le pire.
La crise financière de 2007-2008 non résolue reste l’une des causes principales et peut expliquer l’état de guerres dans lequel se trouve le monde d’aujourd’hui.
La crise financière déclenchée entre 2007 et 2008 ressemblait à celle de 1929, mais avec une amplitude bien plus grande, écrit Jacques Attali (La crise et l’après ? fayard 2008, Paris). La sortie de la crise économique de 1929 fut rendue possible, dix ans après, par la deuxième guerre mondiale de 1939-1945. Dans cette logique, la crise financière, 2007-2008 est présentée comme la matrice de la troisième guerre mondiale (Laurent Artur du Plessis, De la crise à la guerre, la faillite des élites, Editions Jean-Cyrille Go-defroy, Paris, 2011).
Les causes de la crise financière de 2007-2008
D’après plusieurs études sur les crises économiques à travers l’histoire, deux penseurs français et américain expliquent les causes de la crise financière de 2007-2008. Pour le français Jacques Attali, il s’agit de «l’incapacité de l’Occident à maintenir son niveau de vie sans s’endetter, qui est la cause la plus profonde de cette crise». Pour attirer les ressources du reste du monde, l’occident a installé une globalisation des marchés (en particulier des marchés financiers) lui permettant de maintenir son niveau de vie au prix d’une bulle financière planétaire.
De son côté, l’économiste américain Paul Kru-gman, prix Nobel d’économique, indexe les doctrines libérales. Dans un essai, Krugman s’interroge : «Pourquoi les crises reviennent toujours ?». Il est d’avis que «la raison fondamentale du retour des crises, en dépit de toutes les expériences passées, reste l’incapacité à en tirer vraiment les leçons, à laisser les faits mettre en question des doctrines libérales erronées» (Paul Krugman, Pourquoi les crises reviennent toujours, Nouveaux Horizons, Paris 2010).
En quoi consistait la crise financière de 2007-2008 ? Selon George Soros, président du Soros Fund Management et fondateur d’Open Society, le début de crise financière de 2007-2008 peut-être daté officiellement d’août 2007. En effet, Il s’agit de la crise immobilière créée par les prêts de banques américaines accordés aux emprunteurs qui étaient dans l’impossibilité de rembourser leurs dettes.
La banque centrale américaine est intervenue par l’injection des liquidités dans le système bancaire suite à l’effondrement du marché immobilier américain, effondrement qui a pris de court de nombreux emprunteurs et prêteurs, dit subprime (George Soros, la vérité sur la crise financière, Donoël impacts, 2008. Paris).
Etant donné que l’interconnexion financière mondiale et le risque d’une crise économique mondiale, les banques centrales des pays riches se sont résolues donc à injecter davantage d’argent pour des périodes plus longues et à accepter en garantie une gamme de titres plus diverse que jamais auparavant. Bref, pour sauver le système financier mondial qui était au bord de l’effondrement faute de liquidité, les gouvernements ont sauvé des banques et des compagnies d’assurances par des nationalisations. La dette privée est devenue une dette publique (Jacques Attali, La crise et après ? fayard 2008, Paris).
Au lieu que ces masses de liquidités soient investies dans l’économie réelle, elles ont été en grande partie investies dans les activités financières. En plus, ces banques centrales vont mettre en place une politique monétaire depuis 2015, une politique expansionniste, tout en aggravant au lieu de faire des reformes institutions pour éviter le pire. (Patrick Artus et Marie – Paule Virard, la folie des banques centrales, pourquoi la prochaine crise sera pire, fayard, paris 2016).
De toute façon, l’économiste français Michel Naulot constate, en 2017, que comme en 1929 et en 2007-2008, les éléments objectifs d’une crise systémique sont réunis : des liquidités extrêmement abondantes, des dettes publiques et privées à des niveaux historiques, une régulation qui n’a pas corrigé l’hypertrophie de la finance contrairement aux engagements qui avaient été pris lors des G20 de 2008 et 2009 (Jean-Michel Naulot, Eviter l’effondrement, les politiques nous préparent une catastrophe financière pire que la précédente, Seuil, Paris, 2017).
Cinq après le constat de l’économiste Michel Nalot rien n’a changé. Par contre la situation est devenue pire à cause de la crise de la covid 19. Faute de réformes, il y a deux moyens de sortir de la crise : la guerre ou la révolution, souligne l’économiste belge Paul Jorion (Le capitalisme à l’agonie, Fayard, 2011, Paris). C’est dans ce contexte qu’il faut placer la troisième guerre mondiale par morceaux qui est partie de la Syrie à l’Ukraine en passant par l’Afghanistan.
Freddy Mulumba Kabuayi
Politologue