La seule dette des gouvernements représente désormais près de 40% la dette mondiale totale, « soit la part la plus élevée depuis le milieu des années 1960 », observe le Fonds monétaire international (FMI).
La crise financière mondiale de 2008, puis la pandémie de Covid-19, ont fait exploser les compteurs des créances. Au niveau mondial, la dette a ainsi atteint l’an passé le niveau record de 226.000 milliards de dollars US, soit 256% du Produit intérieur brut mondial, a annoncé mercredi le FMI.
Cette hausse sur l’année 2020 représente une augmentation de 28%, soit la plus forte depuis la seconde guerre mondiale. «Si les gouvernements n’avaient pas agi, les conséquences sociales et économiques auraient été dévastatrices», tempère toutefois le FMI.
Une autre étude publiée en début d’année montrait que ces hausses de l’endettement a été particulièrement forte en Europe, les ratios dette/PIB du secteur non financier en France, en Espagne et en Grèce ayant augmenté de quelque 50 points de pourcentage.
«Les emprunts des gouvernements ont représenté un peu plus de la moitié de cette hausse» se hissant aussi à un record (99% du PIB mondial) tandis que «la dette privée des sociétés non financières et des ménages a également atteint de nouveaux sommets», ont détaillé Vitor Gaspar et Paulo Medas, responsables des affaires budgétaires du FMI et Roberto Perrelli, économiste du Fonds dans un article de Blog.
Pour l’heure, en France, la dette des entreprises entre janvier et octobre 2021 est restée quasi stable, proche de 1.000 milliards d’euros selon la Banque de France.
Mais l’inquiétude vient surtout de Chine, où le géant immobilier Evergrande ne parvient pas à rembourser une dette colossale de 260 milliards de dollars US, risquant de fragiliser toute l’économie.
Repenser la gestion des finances publiques
S’exprimant mercredi au cours d’une présentation vidéo au Cercle des économistes, la cheffe économiste de l’OCDE Laurence Boone, a de son côté, affirmé que «s’il y a un sujet de dette il est avant tout dû à la gestion des finances publiques pendant les années, parfois les décennies, qui ont précédé la crise du Covid».
«Il est temps de gérer différemment nos finances publiques pour favoriser les priorités», a-t-elle encore affirmé, en prenant l’exemple des investissements dans les secteurs de la santé, de l’éducation et du climat suggérant qu’ils sont aujourd’hui insuffisants.
«Les niveaux élevés d’endettement limitent, dans la plupart des cas, la capacité des gouvernements à soutenir la reprise et la capacité du secteur privé à investir dans le moyen terme», rappelle de son côté le FMI.
Autre paramètre à intégrer, une croissance mondiale attendue plus faible que prévu en 2021. «Nous nous attendons maintenant à ce que la croissance ralentisse légèrement cette année» par rapport à ce que le Fonds monétaire international prévoyait en juillet (à +6%), a prévenu Kristalina Georgieva.
De son côté, l’OCDE a abaissé sa prévision de 0,1 point, à +5,6% en 2021.
Econews