La grande diversion

Les maniaques du décompte des chiffres vous diront au moment où vous lisez ces lignes que les élections générales, dont la fétichiste présidentielle, c’est dans 40 jours exactement. Que la fin de la dernière session du Parlement sous le règne de l’Union sacrée de la Nation, c’est dans cinq jours !
Au-delà de cette échéance, seuls les voyants les plus pointus, marchant sur les pas de l’illustre Nostradamus seraient en mesure de prédire la magie par laquelle l’avenir sera en mesure de défaire le nœud gordien en cette fin de règne d’un régime au bilan controversé.
Entre-temps, la vie continue et le Chef multiplie les sorties publiques devant des masses hystériques qui lui seraient acquises, selon ce que lui rapportent des conseillers et maîtres flatteurs professionnels. Telle la remise ce jeudi par le Chef de l’Etat d’un chèque au bénéfice des retraités de l’ONATRA dont les décomptes finals sont restés en souffrance depuis, dit-on, une bonne dizaine d’années.
Une vaste opération de diversion au cours de laquelle les Congolais sont amenés à détourner le regard de l’essentiel.
Pourtant l’essentiel, c’est la guerre aux multiples ramifications qui désole la partie orientale du pays et son corollaire de près de 7 millions de déplacés internes (selon l’OIM) sur laquelle sont venues se greffer des «affaires» qui entachent une image qui n’a jamais été des plus reluisantes, comme l’illustrent l’assassinat en juillet du député Chérubin Okende (dont la dépouille traîne toujours à la morgue quatre mois après); l’arrestation du journaliste Stanis Bujakera; l’arrestation rocambolesque et la détention à la prison militaire de Salomon Kalonda, conseiller de l’opposant Moïse Katumbi; le massacre des adeptes de la secte des Wazalendo à Goma ou la poursuite des exactions de la nébuleuse des «Mobondo» que le pouvoir ne parvient pas à éradiquer… Autant d’éléments du nœud gordien (par nature inextricable) qui empoissonne la vie du ventre mou de l’Afrique.
Et cerise empoisonnée sur le gâteau dont se délecte le pouvoir : le pavé macabre jeté dans la mare de la justice congolaise par l’avocat belge de l’avocat de la famille du député assassiné mettant en cause le chef des renseignements militaires et qui détiendrait la nationalité… belge.
Devant un tableau des plus inquiétants, la campagne électorale hors délais se poursuit sans désemparer comme si la Majorité au pouvoir avait détourné à son profit le contexte de la fameuse devise de la monarchie britannique : «Honni soit qui mal y pense !».

Econews