L’électricité fait défaut dans plusieurs municipalités de la ville-capitale. Les robinets sont à sec. Et deux malheurs n’arrivant jamais seuls, voici que le carburant manquait à la pompe au cours du week-end dernier, poussant des milliers de Kinois à renouer avec la célèbre «Ligne 11», cet exercice de marche à pied qui connut naguère ses heures de gloire !
Comme par un coup de baguette magique, et comme si elles s’étaient passées le mot, toutes les stations-service sont hors service. Le peuple, fataliste, a repris son chemin de croix tandis que sur les réseaux sociaux, on entreprenait de rechercher le coupable avec force arguments aussi biscornus les uns que les autres.
Par son communiqué, la Société d’entreposage des produits pétroliers (SEP) a levé un coin du voile et s’en est lavée les mains, rejetant la balle dans le camp des sociétés commerciales (SOCOMS) importatrices des produits pétroliers dont la créance a atteint des hauteurs stratosphériques, l’empêchant de payer des heures supplémentaires des week-ends et d’assurer la lourde logistique dédiée. A leur tour, les SOCOMS incriminent le gouvernement incapable de tenir leur ligne de crédit.
Dans cette affaire, il n’y a apparemment pas de coupable. Alors, tous des saints ? Que nenni ! Quand le ministère des Hydrocarbures assène qu’il n’y a pas de pénurie de carburant et que sur les 15 millions de dollars dus à la profession pétrolière le gouvernement décaisse « en urgence » 2 millions à peine, alors il n’est pas malaisé de désigner l’auteur de la légèreté avec laquelle est géré un secteur aussi stratégique que celui des hydrocarbures, moteur de la production et locomotive de l’orthodoxie des prix des biens et services.
A l’heure où il ne se passe pas de semaine sans que n’éclatent des scandales de détournements de fonds publics au profit des seuls individus, il est incompréhensible que des dirigeants ne réagissent en catastrophe qu’une fois secoués par des mouvements d’humeur, en dehors de toute planification rationnelle. Comme dirait l’autre, les sommes faramineuses détournées dans un seul dossier suffiraient à éponger les créances dues aux pétroliers. A titre illustratif, les 15 millions de dollars US dus aux importateurs des SOCOMS équivalent au prix de 30 lampadaires à peine, de ceux qui défraient la chronique, et dont le prix aurait été surfacturé, mettant sens dessus-dessous les caciques du régime qui, tirant à hue et à dia, se rejettent la responsabilité par médias interposés.
Mais ceci est une autre histoire.
Mwin M.