La longue attente d’une enquête sans issue : le ras-le-bol de la famille Chérubin Okende

Plus d’un mois après la découverte de son corps sans vie abandonné à bord de sa voiture à l’entrée d’un garage érigé sur la route des Poids lourds à Kinshasa le matin du 13 juillet 2023, la dépouille de Chérubin Okende Senga, député national et ancien ministre des Transports et Voies de communication, par ailleurs porte-parole d’Ensemble pour la République, parti d’opposition, est toujours retenue à la morgue de l’hôpital du Cinquantenaire. De guerre lasse, sa famille en est venue à demander que le corps lui soit rendu afin d’organiser le deuil et les obsèques. La suite, le pouvoir est libre d’en disposer à sa guise, selon les proches de la famille de l’illustre disparu.
Fatiguée d’attendre en vain les résultats de l’autopsie, la famille de Chérubin Okende réclame sa dépouille. Selon maître Laurent Onyemba, avocat de la famille, le dossier n’a pas évolué outre mesure depuis son assassinat. « La famille a perdu tout espoir. Nous sommes en Afrique; la veuve se couche à même le sol; les enfants ne peuvent pas étudier. La famille a décidé d’enterrer Chérubin et d’oublier », a-t-il déclaré.
Dès la découverte du corps du député Chérubin Okende dans la matinée du 13 juillet, des informations aussi contradictoires que sulfureuses avaient envahi les réseaux sociaux, les services judiciaires eux-mêmes se mêlant à la cacophonie ambiante. Une vive polémique a éclaté entre les tenants et les aboutissants de la thèse de la présence du député dans les installations de la Cour constitutionnelle dans l’après-midi du 12 juillet. Présence pourtant corroborée par le dépôt d’une correspondance de l’intéressé par le truchement de son chauffeur alors que lui-même attendait dans la voiture.
C’est en sortant du service courrier de la Haute cour que le chauffeur n’aurait pas retrouvé son patron porté disparu jusqu’à la découverte de son corps sans vie cette matinée du 13 juillet. Pourtant aux premières heures de l’enquête, des déclarations intempestives, dont certaines destinées à brouiller les pistes sont venues en rajouter à la confusion, la plupart remettant en question la présence même de Chérubin Okende à la Cour constitutionnelle. Parmi celles-ci, celle du procurer qui, sans attendre les résultats d’une autopsie, déclarait que le porte-parole d’Ensemble était mort par balle.
L’autopsie réalisée sur le corps le jeudi 3 août par des légistes sud-africains, belges et les experts de la MONUSCO tarde encore à livrer ses secrets. Pas plus que ne filtrent les résultats de l’interrogatoire du chauffeur détenu depuis.
Il est rappelé qu’au lendemain de l’assassinat de Chérubin Okende, présidant la réunion du conseil des ministres, le chef de l’Etat avait recommandé une enquête rapide pour faire toute la lumière sur «cet acte odieux».

M.M.F.