La RDC face à son déficit énergétique : enjeux et solutions proposées par le vice-président Eric Monga de la FEC

Alors que la RDC affiche un important déficit en énergie électrique, le vice-président en charge de l’énergie de la Fédération des entreprises du Congo (FEC), Eric Monga Mumba, a rappelé, lors d’un face-à-face, le mardi 6 août 2024 à Rubi Garden (Lubumbashi), avec le Ministre des Ressources hydrauliques et Electricité, Teddy Lwamba Muba, les deux risques internationaux majeurs qui ont été identifiés dans l’importation de l’énergie : l’un venant de la SADC avec la Zambie (risque institutionnel) et l’autre de CEC (Copperbelt Energy Company), une société privée zambienne (risque commercial). Selon M. Eric Monga, ces risques peuvent être mitigés par l’importation de Brazzaville avec l’accroissement de capacités. Un facteur technique peut éliminer également le second risque.

Alors que la République Démocratique du Congo (RDC) se débat avec un déficit énergétique préoccupant, le vice-président Eric Monga de la FEC  a récemment mis en lumière, lors d’un face-à-face à Lubumbashi (Haut-Katanga) avec le Ministre des Ressources Hydrauliques et Electricité, Teddy Lwamba Muba, les risques internationaux liés à l’importation d’électricité, notamment en provenance de la Zambie et de Copperbelt Energy Company (CEC), une société privée zambienne qui impose sa loi dans la région.

La RDC, riche en ressources naturelles, souffre d’un accès limité à l’énergie électrique, ce qui entrave son développement économique et social. M. Eric Monga a souligné que deux risques majeurs ont été identifiés dans cette quête d’importation d’énergie : le risque institutionnel lié à la Zambie et le risque commercial associé à CEC.

DES TENSIONS QUI EXACERBENT LES RISQUES

Les relations entre la RDC et la Zambie, marquées par des tensions récurrentes, compliquent la situation. Ces différends institutionnels soulèvent des inquiétudes quant à la fiabilité des accords d’importation d’énergie. Parallèlement, les frustrations avec le CEC amplifient les incertitudes commerciales, rendant l’importation d’énergie encore plus délicate.

« Ces risques ne sont pas à prendre à la légère. Ils peuvent affecter notre capacité à garantir un approvisionnement énergétique stable et durable pour notre population », a déclaré M. Monga.

VERS UNE SOLUTION PAR BRAZZAVILLE

Pour atténuer ces risques, le vice-président de la FEC a proposé d’explorer davantage les possibilités d’importation d’énergie depuis Brazzaville, la capitale du Congo-Brazzaville. Selon lui, un accroissement des capacités d’importation pourrait offrir une alternative viable, réduisant ainsi la dépendance vis-à-vis des pays de la SADC.

M. Eric Monga a également évoqué des solutions techniques susceptibles de minimiser le risque commercial. « En optimisant nos infrastructures et en investissant dans des technologies adaptées, nous pouvons non seulement sécuriser notre approvisionnement énergétique, mais aussi renforcer notre position sur le marché régional », a-t-il ajouté.

UN APPEL A L’ACTION

Face à cette situation critique, le vice-président a lancé un appel à l’action pour mobiliser les ressources nécessaires à l’amélioration de l’infrastructure énergétique du pays. Il a souligné l’importance d’une coopération régionale renforcée pour surmonter les défis actuels et garantir un avenir énergétique stable pour la RDC.

Alors que le pays s’efforce de trouver des solutions à son déficit énergétique, les propositions de M. Monga pourraient bien ouvrir la voie à une diversification des sources d’approvisionnement et à une meilleure résilience face aux risques internationaux.

La RDC, avec ses vastes ressources hydroélectriques, a le potentiel de devenir un acteur clé dans le secteur énergétique de la région. Reste à savoir si les initiatives proposées seront mises en œuvre efficacement pour transformer cette vision en réalité.

Les cinq attentes du secteur privé pour gagner la bataille de l’électricité

Dans le cadre de son dernier séjour dans le Grand Katanga, notamment dans les provinces du Haut-Katanga et du Lualaba, le Ministre des Ressources hydrauliques et Électricité, Teddy Lwamba, a, par ailleurs, reçu des propositions clés de la Fédération des entreprises du Congo (FEC). Représentée par Eric Monga Mumba, son vice-président en charge de l’Énergie, la FEC a formulé cinq grandes attentes destinées à transformer le secteur énergétique de la République Démocratique du Congo (RDC) et à booster le développement économique du pays.

Réduction de la parafiscalité. La première demande consiste en une réduction de la parafiscalité qui pèse sur les entreprises du secteur énergétique. En effet, l’arrêté interministériel n°001/CAB/MIN/RHE/OMM/22 et 011/CAB/MIN/FINANCES/22 portant fixation des taux de droit, taxes et redevances à percevoir à l’initiative du ministère des Ressources hydrauliques et électricité datant du 8 avril 2022 est surchargé en taxe des opérateurs du secteur ;

Les charges fiscales élevées constituent un frein à l’investissement et à l’innovation, limitant ainsi la capacité des entreprises à répondre à la demande croissante en électricité dans le pays.

Accélération des procédures administratives. Une autre exigence porte sur l’accélération des délais d’obtention des documents administratifs. La FEC propose la mise en place de délais standards au-delà desquels les demandes seront considérées comme acquises. Cela faciliterait la création d’un climat d’investissement plus prévisible et attractif pour les acteurs du secteur.

Encouragement des accords d’achat d’énergie locaux. La FEC plaide également pour que le gouvernement incite les entreprises minières à accorder des «Power Purchase Agreements (PPA)» aux développeurs locaux avant d’en proposer aux entreprises étrangères. Ce soutien favorise la création d’opportunités pour les acteurs nationaux et contribue à la durabilité du secteur énergétique local.

Financement du secteur énergétique. Un autre point crucial évoqué concerne le financement. La Fédération appelle à une mobilisation accrue des banques et des compagnies d’assurance pour investir davantage dans le secteur énergétique. Un soutien financier solide est essentiel pour développer des infrastructures adéquates et moderniser le réseau électrique.

Rencontres régulières avec les acteurs du secteur. Enfin, la FEC a insisté sur l’importance de la mise en place de rencontres périodiques entre tous les acteurs du secteur. Ces échanges permettront de mieux comprendre les défis auxquels les entreprises font face et d’élaborer des réponses adaptées, favorisant ainsi un suivi rigoureux des évolutions du marché.

Susciter une nouvelle dynamique. Au-delà de ces cinq actions prioritaires, M. Eric Monga est revenu sur la grande demande en énergie du secteur minier, en plein essor depuis la libéralisation du secteur par le Code minier de  2002.

A LA CROISEE DES CHEMINS

« Depuis longtemps et encore actuellement, le secteur minier contribue de manière substantielle à l’économie de notre pays. Avec la libéralisation de ce secteur intervenue en 2003, l’augmentation de la production minière a été trop forte surtout entre 2012 et 2023. Mais, la capacité de desserte en énergie, intrant essentiel dans cette production n’a pas vraiment évolué et ce, malgré la libéralisation du secteur énergétique intervenu en 2014 », a-t-il rappelé.

Il est revenu sur les recommandations issues de la 7ème édition de la Conférence sur l’énergie, tenue à Kolwezi (province du Lualaba) qui résument les grandes attentes du secteur privé.

Si la loi sur l’électricité de 2014 a donné aux entreprises privées la liberté de participer à la production, au transport, à la distribution et à la commercialisation de l’énergie électrique, le vice-président de la FEC estime que la RDC ne devait fonder tous ses espoirs sur l’importation de l’électricité, comme c’est le cas actuellement : « Ainsi, importer de l’énergie est une bonne solution à court terme pour combler tant soit peu le déficit énergétique, mais avoir des sources des productions locales, demeure la solution durable.  L’importation risquerait de rendre notre économie et notre réseau de distribution tributaire des autres pays avec toutes les conséquences qui s’en suivent. »

L’occasion faisant le larron, Eric Monga a loué la volonté de la FEC qui a incité un bon nombre des sociétés à capitaux congolais à s’investir dans le secteur de l’énergie. « Elle est heureuse de vous annoncer qu’il y a une série des projets en cours représentant plus de 1.200 MW pour soutenir l’économie congolaise. Certains projets énergétiques des membres de la FEC ont déjà atteint des stades de maturité avancés et ne nécessitent qu’un simple coup de pouce de la part du Gouvernement congolais pour se concrétiser », a-t-il souligné, espérant qu’avec la nouvelle vision du Ministre Teddy Lwamba, « le secteur énergétique peut se développer très vite et inverser la tendance d’ici 5 ans avec des projets que vous avez bien identifiés lors de votre brillante intervention du 18 juillet 2024 ».

Et ce n’est pas l’expertise locale qui manque, a indiqué Eric Monga, pour libérer tout le potentiel du secteur de l’électricité :« Je voudrai vous garantir que vous pouvez trouver localement toutes les compétences en ingénierie, mais aussi des équipementiers et montage des transformateurs, câbleries… un peu comme à la grande période d’apogée de la Gécamines et cela va d’amélioration en amélioration ».

Econews