A la rumeur répandue sur les réseaux sociaux – mais démentie depuis par le porte-parole du Gouvernement – portant sur une supposée suspension de la gratuité de l’enseignement de base au profit des charges liées à l’équation sécuritaire est venue se greffer de manière pressante l’appel au report de la rentrée scolaire. Les images insoutenables des malades atteints de la variole du singe (mpox), diffusées sur les réseaux sociaux, sont venues attiser les peurs des parents soutenus par des organisations de la Société civile qui invitent le Gouvernement à reporter la rentrée scolaire, au moins jusqu’au début des opérations annoncées de vaccination contre cette épidémie.
A une semaine de la rentrée scolaire, de plus en plus de voix s’élèvent pour inviter le Gouvernement à reporter la rentrée scolaire 2024-2025 prévue le lundi 2 septembre. Des organisations de la société civile tant à Kinshasa qu’en province alertent sur la contagion par contact corporelle et des projections de fluides dans des classes surpeuplées, principalement au cycle primaire et secondaire.
«Ce ne serait pas un report de longue durée», précise le Docteur K. «Du moins, une semaine ou deux seraient suffisantes dans l’attente de l’arrivée des vaccins destinés aux jeunes enfants avant la reprise ces cours».
Les vaccins attendus par le Gouvernement proviendraient de deux pays donateurs. Selon le Ministre de la Santé publique, Roger Kamba, les Etats-Unis se seraient engagés à fournir 50.000 doses et le Japon, 3,5 millions de doses destinés particulièrement à la vaccination de jeunes enfants. La RDC compte ainsi vacciner avant la fin de l’année environ 4 millions de personnes dont les trois quarts seront des enfants.
Loin de connaître l’ampleur du COVID-19 qui a entraîné le confinement planétaire des populations, le mpox existant jusqu’à l’année dernière en forme endémique dans certaines parties de la République Démocratique du Congo a muté finalement en véritable épidémie qui s’étend lentement mais sûrement au-delà des frontières de la RDC. Le bilan établi vendredi 23 août par le Centre africain de contrôle et de prévention des maladies (CDC Africa) était de 17.342 cas suspects, 3167 confirmés, et de 582 décès. «Plus que la totalité des cas de toute l’année 2023», selon le docteur Louis Albert Massing de Médecins sans Frontières.
LA PRISON DE MAKALA PAS ÉPARGNÉE
La situation est tout aussi alarmante dans la prison centrale de Makala à Kinshasa. Au moins 15 cas étaient confirmés par l’Institut national de recherche biomédicale (INRB) en fin de semaine dernière.
Selon une source contactée sur place, «aucune disposition n’est prise pour les mettre en quarantaine hors de la prison; ils sont juste à l’isolement sur place, exposant les autres prisonniers. On les a placés au pavillon 6 où il y a un cachot de la prison. On les sort vers les cuisines chaque matin pour qu’ils prennent un peu d’air».
La contamination des prisonniers est une bombe sanitaire à retardement. Au moment où le ministre de la Justice s’emploie à libérer chaque semaine des détenus pour désengorger un établissement qui accueille plus de 10 fois au-delà de sa capacité, le risque de rendre leur liberté aux prisonniers qui n’auront pas été dépistés au préalable pose le problème de contaminations en cascade dans la quasi-totalité des 26 municipalités de la capitale, voire au-delà, en provinces.
«Compte tenu de la surpopulation carcérale à la prison centrale de Makala», indique un jeune médecin s’exprimant sous le sceau de l’anonymat, «l’idéal serait que la prison dispose de sa propre unité de dépistage et de traitement du mpox et de la tuberculose. Et même du Sida qu’on a trop tendance à oublier, mais qui y est bien présent à Makala».
MWIN M.F.