La révolution que veulent les peuples opprimés d’Afrique (Tribune de  Musene Santini Be-Lasayon)

Dénoncer et insulter, à longueur de journées, l’impérialisme pluriel occidental pour tout simplement, précipitamment et bruyamment changer de tutelle impérialiste, russe ou chinoise en l’occurrence, sans conditions, sans transition, sans assurances claires de véritable relèvement et sans stratégies adéquates de résistance patriotique devant l’inconnu, ce n’est pas du tout faire le genre de révolution auquel aspirent foncièrement les peuples longtemps assujettis d’Afrique. Agir ainsi à l’égard de ces peuples longtemps ravalés au bas de l’échelle sociale mondiale équivaudrait, dans le fond, à les livrer mains et pieds liés à un nouvel impérialisme dont ils ne connaissent ni ne maîtrisent la quintessence, à les faire enchaîner, aliéner et embrouiller davantage. Or, la révolution que ces peuples profondément meurtris veulent à tout prix, c’est plutôt celle qui est pensée et conçue selon leurs besoins réels, testée, mise en œuvre, menée, évaluée, réajustée, maîtrisée et contrôlée par des patriotes africains hautement qualifiés, concrètement dotés de la vertu politique et non inféodés à l’une ou l’autre des puissances idéologiques et hégémoniques mondiales. Il s’agit donc d’une révolution susceptible d’amener, sûrement et irrémédiablement, ces peuples à se libérer de l’aliénation qui les habite, les corrompt et les chosifie ; de la pauvreté, de la misère, de l’insécurité, de la dépendance, bref, du sous-développement organisé qui les accable depuis 140 ans ; de les réhabiliter et de les faire considérer et respecter face aux peuples du reste du monde.

Désemparés devant la situation généralement tragique que traversent les peuples opprimés, méprisés et meurtris d’Afrique depuis 140 ans, une frange de nouveaux « révolutionnaires » africains, happés par une certaine idéologie non clairement cernée et définie qui émerge du Kremlin depuis l’an 2000, désignent unanimement et bruyamment le bourreau du continent : l’Occident conduit par les Etats-Unis d’Amérique ! Ils accusent et diabolisent imperturbablement, inlassablement et inconsidérément l’Occident d’être le seul et l’unique responsable de la débâcle de l’Afrique. Ils insultent, à longueur de journées, cet Occident sans foi, ni loi. Certains de ces nouveaux « révolutionnaires » africains ont entrepris de se distancier de ce diable d’Occident et même de l’abandonner. Ils poussent ou obligent les peuples assujettis d’Afrique de les suivre dans leur haine viscérale contre l’Occident. Ils se rapprochent et s’allient, sans transition, sans conditions, sans assurances claires de véritable relèvement et sans stratégies de résistance patriotique face à l’inconnu, aux puissances idéologiques et hégémoniques mondiales d’Orient, principalement à la Russie de Vladimir Poutine et secondairement à la Chine de Xi Jinping.

LIBERATEURS DES  PEUPLES ASSUJETTIS?

Pire, cette frange de nouveaux « révolutionnaires » africains qualifient ces deux puissances orientales, la Russie et la Chine, sans les avoir sérieusement éprouvées, de meilleures partenaires des peuples assujettis d’Afrique. Ils clament surtout que ces deux puissances orientales, et surtout la Russie, ont pour vocation de libérer les peuples opprimés, méprisés et meurtris d’Afrique de l’impérialisme occidental. Ils soutiennent leurs élucubrations en citant abondamment, avec aisance, les cas de l’Angola, du Mozambique, de la Guinée-Bissau, de l’Île du Cap Vert, du Zimbabwe, de la République Sud-Africaine et de la Namibie, les derniers pays africains à s’affranchir du joug colonial occidental, comme les preuves palpables de la magnanimité de l’URSS, aujourd’hui représentée par la seule et l’unique Russie, et de la Chine envers l’Afrique. Effectivement, ces deux puissances orientales avaient beaucoup contribué, surtout militairement, à la décolonisation de ces sept pays africains. Mais, en arguant ainsi, cette frange de nouveaux « révolutionnaires » africains exposent sentimentalement l’Occident à la vindicte populaire. Résultat: le commun des mortels africains, travaillés à fond par cette propagande plus émotionnelle que rationnelle, reprennent en chœur à travers le continent : les Occidentaux, et surtout les Américains, sont très mauvais !

Certes, en considérant sérieusement le passé colonial, postcolonial et le présent néocolonial de l’Afrique, il y a, dans ce brouhaha, beaucoup de vérité quant à la responsabilité, directe et indirecte, de l’impérialisme occidental dans l’imbroglio actuel de l’écrasante majorité des pays d’Afrique. Mais, présenter exclusivement les choses de cette manière fausse l’histoire. Premièrement, proclamer la Russie et la Chine comme étant les puissances mondiales qui auraient pour vocation fondamentale de libérer les peuples opprimés, méprisés et meurtris d’Afrique de l’impérialisme occidental correspondrait, dans le fond, à manifester de l’ingratitude envers l’Occident. En effet, en dehors des huit puissances coloniales européennes (Royaume-Uni, France, Espagne, Portugal, Pays-Bas, Allemagne, Belgique et Italie), la majorité des pays occidentaux restant n’ont jamais manifesté des velléités expansionnistes, colonialistes ou impérialistes ni envers l’Afrique, ni envers aucun autre continent. Au contraire, plusieurs pays occidentaux, tels que la Suède, la Norvège, le Danemark, la Finlande, la Suisse, le Canada, l’Irlande, etc, avaient aussi énormément contribué, à leur manière et selon les moyens dont ils disposaient, aux luttes de libération de l’Angola, du Mozambique, de la Guinée-Bissau, de l’Île du Cap Vert, du Zimbabwe, de la République Sud-Africaine et de la Namibie du joug colonial occidental, en l’occurrence portugais, néerlandais et britannique. Un autre exemple de poids contredisant la version tronquée susmentionnée de l’histoire ? Malgré le fait qu’ils sont devenus le leader de l’Occident et le super-impérialisme mondial, les Etats-Unis d’Amérique sont et demeurent la seule et l’unique puissance au monde à avoir massivement aidé tous les pays d’Amérique latine, des Antilles et des Caraïbes, d’Océanie et certains pays d’Asie à se libérer du joug colonial occidental, particulièrement espagnol, portugais, français, britannique et néerlandais.

Deuxièmement, considérer la Russie et la Chine comme les puissances mondiales ayant pour vocation fondamentale de libérer les peuples dominés d’Afrique de l’impérialisme occidental équivaudrait à nier, en réalité et ce malgré ses multiples forfaits, une vérité immuable : l’Occident collectif est la seule et l’unique puissance mondiale à avoir généralement posé, durant sa colonisation historique, les bases du développement de l’Afrique. Et même après les indépendances africaines, l’Occident multiple est le seul qui, malgré ses nombreuses manigances, a plus ou moins accompagné l’Afrique dans son combat pour le développement. Ce qui est arrivé à la majorité des pays de ce continent incombe, non seulement à l’Occident postcolonial et néocolonial, mais aussi et surtout à la mauvaise gouvernance publique des dirigeants politiques africains. Un exemple concret : Le Congo-Belge, l’actuelle République Démocratique du Congo, avait, au moment de son accession à l’indépendance en 1960, le même niveau de développement que la province franco-canadienne de Québec. Il était, par ailleurs, de très loin plus avancé que la Corée du Sud en matière de développement. Mais, aujourd’hui, la province franco-canadienne de Québec est devenue, aux côtés des provinces anglo-canadiennes, l’une des provinces les plus développées de la Fédération du Canada. Ce qui fait de ce pays l’une des principales puissances économiques mondiales. Alors que la Corée du Sud est aujourd’hui, aux côtés de la Chine, du Brésil, de l’Inde, de la Russie, du Singapour et du Taïwan, l’un des pays dits émergents, la RDC, elle, est retournée au bas de l’échelle sociale mondiale. Dans ce contexte précis, présenter l’Occident comme étant le seul et l’unique responsable de l’effondrement de l’Afrique ressemble à escamoter et même à disculper la mauvaise gouvernance publique de l’écrasante majorité des dirigeants politiques africains et à les encourager à ne pas s’améliorer.

Troisièmement, enfin, considérer la Russie et la Chine comme étant les puissances mondiales qui auraient pour vocation d’affranchir les peuples opprimés, méprisés et meurtris d’Afrique en de l’impérialisme occidental, serait refuser de reconnaître l’énorme contribution de ce même Occident  à la libération, en 1991, des peuples d’Europe centrale, d’Europe orientale et d’Asie centrale du joug russe, tsariste et soviétique, qu’ils ont subi soit durant plus de deux siècles, soit  pendant soixante-dix ans. Ce qui fait fâcher et exaspérer, en réalité, Vladimir Poutine. Il tient, en effet, à récupérer cette partie du monde qui est en train d’échapper à la Russie, sa seule et unique puissance impériale historique.

Remettre ces vérités historiques volontairement oubliées sur la place publique n’est pas du tout prendre parti pour l’Occident comme l’insinueraient certainement les adeptes implacables de cette idéologie non encore bien cernée et définie émergeant, depuis l’an 2000, du Kremlin. Non, il s’agit plutôt de faire preuve d’honnêteté intellectuelle et d’objectivité scientifique que certains ont tendance à enterrer dans ce genre de débat. D’où, justement, ces pertinentes questions découlant des courageuses observations susmentionnées: Peut-on sérieusement, sincèrement et consciencieusement, en se référant à leur histoire ancienne et récente, prétendre que l’URSS, aujourd’hui représentée par la seule et l’unique Russie, la Chine et l’Occident multiple (Amérique du Nord, Union Européenne et Royaume-Uni) ont pour vocation fondamentale d’affranchir les peuples opprimés, méprisés et meurtris d’Afrique du joug des uns et des autres impérialismes ? Autrement dit, peut-on sérieusement, honnêtement et consciencieusement affirmer qu’en jouant, dans certaines circonstances, ce bon et beau rôle de libératrices des peuples assujettis, ces puissances mondiales jouent toujours et réellement franc jeu à l’égard de ces derniers?

S’il en était ainsi, comment alors expliquer le sous-développement et l’arriération sociale des pays et peuples d’Europe centrale, d’Europe orientale et surtout d’Asie centrale, qui n’avaient pourtant eu pour seule et unique puissance impériale que la Russie, tsariste ou soviétique et ce pendant, c’est selon,  plus de deux siècles ou de sept décennies? Comment expliquer l’abandon de  la Russie de Vladimir Poutine, la seule et l’unique puissance hégémonique de la défunte URSS, par l’écrasante majorité des pays du défunt Pacte de Varsovie et même par ceux dont elle avait incorporés, généralement par la force, en son sein et transformés en ses républiques ou provinces fédérées? Comment expliquer le rapprochement et surtout le ralliement de l’écrasante majorité de ces pays à l’Occident, le diable? Comment expliquer que la Guinée-Conakry de Sékou Touré, qui avait bruyamment tourné le dos, en 1958, à la France pour aller s’abriter immédiatement sous les aisselles de l’URSS, est devenue plus pauvre, plus misérable et plus arriérée que jamais auparavant ? Comment expliquer que Cuba de Fidel Castro, qui s’est débarrassé, en 1959 et ce grâce à l’URSS, du régime dictatorial et fantoche de Batista, alors soutenu par les Etats-Unis d’Amérique, ne se trouve-t-il pas, aujourd’hui, même parmi les pays dits émergents? Comment expliquer que l’Angola, supposée libérée, en 1975, par l’URSS, est devenue l’alliée la plus importante et la plus sûre des Etats-Unis d’Amérique en Afrique des grands lacs et non pas la RDC?

De même, si l’Occident avait pour vocation particulière d’affranchir les Etats faibles d’Europe centrale, d’Europe orientale et d’Asie centrale de l’impérialisme russe, comment expliquer qu’il ait colonisé et exploité à fond environ 75% des pays constituant le monde? Comment expliquer que certains pays latino-américains tels que Cuba de Fidel Castro, le Chili d’Allende, le Venezuela de Nicolas Maduro, le Nicaragua, le Salvador, etc, que les Etats–Unis d’Amérique avaient pourtant aidés à sortir du joug colonial espagnol, se sont généralement retournés, à certains moments ou à certains autres de l’histoire, contre eux ? Comment expliquer que ces pays soient devenus les amis de la Russie et de la Chine? Comment expliquer la chute actuelle de l’influence des Etats-Unis d’Amérique dans certains pays du monde? Comment expliquer que le Mali, le Burkina Faso et le Niger se distancient aujourd’hui de la France d’Emmanuel Macron qui, pourtant, les couvait comme une mère poule, pour se rapprocher davantage et s’allier particulièrement à la Russie de Vladimir Poutine et à la Chine de Xi Jinping? Mais, où voudrions-nous en arriver ?

LA VOCATION DE L’IMPERIALISME

En vérité, les raisons fondamentales de ces multiples et divers retournements de situations que subissent, à certains moments de l’histoire, les puissances impérialistes mondiales se trouvent dans la nature et la vocation même de l’impérialisme qu’elles incarnent et représentent. En effet, tous les impérialismes, quels que soient leurs couleurs idéologiques, leurs origines géographiques et le visage qu’ils affichent à un moment donné ou à un autre de l’histoire, poursuivent tous, indistinctement, le même but ultime partout : réduire les autres Etats et peuples, surtout les plus faibles, sous leur dépendance idéologique, politique, économique, sociale et culturelle. En  vue de les exploiter à leur guise. Telle est la nature et la vocation première et particulière des huit Etats impérialistes occidentaux qui avaient colonisé toute l’Afrique, toute l’Amérique, toute l’Océanie et la majeure partie de l’Asie. Etats impérialistes auxquels il faut ajouter les Etats-Unis d’Amérique, leur frère cadet qui n’a pourtant jamais colonisé. Mais qui est devenu, par le biais de son omnipuissance, leur seul et unique leader et l’impérialisme des impérialismes en tant que seule et unique superpuissance mondiale. Généralement libéral et capitaliste, l’Occident pluriel tient à se maintenir, seul, à la tête du monde. Telle est également la vocation première et particulière de la Russie, tsariste et soviétique, qui avait malmené, durant plus de deux siècles, tous les pays d’Europe de l’Est avant de les enfermer, pendant sept décennies, dans un camp retranché du monde. Ultranationaliste, totalitaire et vaguement capitaliste, la Russie de Vladimir Poutine vise de déloger, au moyen de sa puissance nucléaire, l’Occident et surtout les Etats-Unis d’Amérique du sommet du monde afin de les y remplacer seule. Telle est, enfin, la vocation première et particulière de la Chine qui n’a jamais colonisé comme tel. Mais qui avait intégré, par la violence armée, les régions non chinoises de Mongolie intérieure, d’Afghanistan, du Tibet et d’autres pays d’Asie en son sein. Totalitaire, communiste et ultra-capitaliste, elle tient à accéder au titre géopolitique le plus convoité de tous, celui de superpuissance mondiale, par sa puissance économique et commerciale fulgurante et incontrôlable qui donne du vertige à tous ses concurrents.  

Ces trois puissances impérialistes mondiales, occidentale, chinoise et russe, se distinguent par d’infimes nuances d’approche ou de méthode dans leur mode particulier de propagande. Ce sont ces infimes nuances méthodologiques, et rien d’autre, qui illusionnent leurs victimes expiatoires que sont les Etats et les esprits faibles. Ces trois impérialismes pratiquent, dans le fond, la même politique d’expansion. Celle-ci se résume en ces quelques mots : « ôte-toi de là pour que je m’y mette. » D’où, ils se donnent réciproquement, à des moments qu’ils jugent opportuns, des coups mortels ou asphyxiants. Ils sont donc, en permanence, en guerre pour l’hégémonie géopolitique mondiale. C’est dans ce contexte précis que l’Occident est en train de débaucher l’écrasante majorité des pays de l’ex camp soviétique centre- européen,  est-européen et centrasiatique, la seule et l’unique véritable chasse gardée historique de la Russie, pour affaiblir celle-ci. C’est dans ce même contexte aussi que la Russie, de son côté, tente de débaucher l’Afrique, l’une des multiples chasses gardées de l’Occident, en armant, en mettant ses mercenaires du groupe Wagner à la disposition des pays tels que le Mali, le Burkina Faso et le Niger et s’attachant ceux-ci, en vue de réduire son influence ici. Entretemps, à partir de la République Centrafricaine où elle dispose déjà d’un contingent de ses mercenaires du groupe Wagner, la Russie voudrait étendre son influence sur le Soudan, le Tchad et la RDC et ainsi disposer d’une véritable plateforme régionale. La Chine, plus que la Russie, s’introduit de plus en plus quasiment dans le monde entier, dont l’Afrique, devenue une fée courtisée par toutes les puissances mondiales. La lutte pour l’hégémonie géopolitique mondiale est donc la seule et l’unique raison majeure pour laquelle ces trois impérialismes se retrouvent, par l’intermédiaire de leurs laquais locaux, dans la quasi-totalité des guerres qui ont lieu à travers le monde en général et en Afrique en particulier.  

Mais, l’écrasante majorité des nouveaux « révolutionnaires » africains, qui militent sentimentalement soit pour l’Occident pluriel, soit pour la Russie, soit pour la Chine, semblent ne pas percevoir et ne pas comprendre ce jeu. Ils paraissent surtout ne pas réaliser que cette guerre pour l’hégémonie géopolitique mondiale n’est pas du tout leur guerre, qu’elle ne sert et ne servira véritablement que les intérêts stratégiques des puissances mondiales, soit occidentales, soit orientales, mais jamais les intérêts supérieurs des peuples opprimés, méprisés et meurtris d’Afrique. C’est pourquoi ils doivent se réveiller, se rendre à l’évidence et s’empêcher de prendre parti, soit pour les puissances orientales, soit pour les puissances occidentales, mais plutôt et uniquement pour l’Afrique opprimée, méprisée et meurtrie.

LA REVOLUTION FONCIEREMENT VOULUE

Car, l’Occident multiple, la seule et l’unique Russie, la seule et l’unique Chine demeurent essentiellement, en réalité, égocentriques. C’est-à-dire, tout en en faisant croire qu’ils sont particulièrement aux côtés des faibles, ils restent principalement et prioritairement accrochés à la promotion, à la défense et à l’accroissement ininterrompu de leurs seuls intérêts. D’où, leur coopération au développement et leur assistance de toutes sortes n’ont jamais été et ne seront jamais la coopération et l’assistance au sens plein de ces termes. Pour preuve, aucune de ces trois puissances impérialistes n’a jamais eu pour objectif principal de sortir l’un des pays africains du sous-développement. Leur coopération et leur assistance constituent plutôt, dans le fond, un ensemble de stratégies d’exploitation rationnelle, inconsidérée et impunie des pays faibles généralement déguisées en stratégies de coopération au développement et d’assistance de tout genre. Elles sont donc foncièrement destinées à baliser les diverses voies menant à l’exploitation, rendue ainsi officielle et normale, de l’Afrique et non au véritable développement durable de celle-ci. Toutes les puissances impérialistes sont activement aidées dans cette entreprise sournoise par leurs laquais africains du pouvoir qu’elles entretiennent.

D’où, dénoncer et insulter, à longueur de journées, et quitter précipitamment et bruyamment l’impérialisme occidental nauséabond pour aller immédiatement s’abriter sous  les aisselles d’un nouvel impérialisme sentant un certain parfum oriental, russe ou chinois, ce n’est pas du tout faire le genre de révolution auquel aspirent fondamentalement les peuples opprimés, méprisés et meurtris d’Afrique. Agir comme l’ont fait et le font certains leaders et chefs politiques africains depuis les indépendances fictives des années mille neuf cent soixante et suivantes correspondrait, dans le fond, à livrer, mains et pieds liés, ces peuples à de nouveaux impérialismes, à les faire enchaîner, aliéner et embrouiller davantage. En effet, malgré leurs minces et légères différences d’approche, il n’existe, en réalité, aucun impérialisme qui soit plus vertueux que les autres. Autrement dit, de par leur nature et leur vocation, tous les impérialismes, quels que soient leurs origines géographiques, leurs couleurs idéologiques et le visage qu’ils affichent à un moment donné ou à un autre de l’histoire, poursuivent tous le même but ultime partout: dominer idéologiquement, économiquement, socialement et culturellement les autres Etats, surtout les plus faibles, en vue de les exploiter à leur guise. C’est exactement ce que l’impérialisme occidental a fait, fait et fera partout à travers le monde en général et l’Afrique qu’il a quasiment domptée en particulier. C’est également le même comportement que l’impérialisme russe, tsariste et soviétique, a affiché en Europe centrale, en Europe orientale et en Asie centrale qu’elle a fondamentalement ruinées et qu’elle espère étendre en Afrique en feignant d’être différente de l’Occident. La Chine, politiquement communiste et économiquement plus capitaliste que les capitalistes traditionnels, qui propage actuellement sa toute gentillesse, se trouve déjà sur cette même voie. Pour preuve, elle ne s’est pas du tout gênée de rouler dans la farine, pendant quinze ans et ce par la Sicomines interposée, le gouvernement de la RDC. En effet, à travers ce grand programme d’exploitations minières du Congo contre les infrastructures de base dont ce pays a cruellement besoin, elle a gagné mille fois plus que son prétendu partenaire durant cette période.

Quitter précipitamment et bruyamment l’Occident multiple, abusivement traité de satanique, pour la Russie et la Chine, excessivement qualifiées de saintes, ce n’est pas du tout faire la révolution .comme le croient naïvement certains nouveaux « révolutionnaires » africains. Au contraire, la révolution que les peuples opprimés, méprisés et meurtris d’Afrique veulent fondamentalement et franchement aujourd’hui, c’est plutôt celle qui est pensée, conçue et  élaborée en fonction de leurs véritables intérêts supérieurs, expérimentée, menée, appliquée, évaluée, réajustée, maîtrisée et contrôlée par les leurs propres hautement qualifiés, réellement dotés de la vertu politique et non inféodés à l’une ou l’autre des puissances idéologiques et hégémoniques mondiales. La révolution que les peuples opprimés, méprisés et meurtris d’Afrique veulent à tout prix, c’est celle qui va sûrement et irrémédiablement les amener à se libérer de l’aliénation qui les habite, les corrompt, les conduit et les fait échouer depuis les indépendances fictives des années mille neuf cent soixante et suivantes. La révolution à laquelle les peuples d’Afrique ravalés au bas de l’échelle sociale mondiale ont profondément et réellement besoin, c’est celle qui va inexorablement et irrémédiablement les débarrasser de la gestion prédatrice de leurs diverses ressources, de la mauvaise gouvernance publique, des détournements massifs et impunis des fonds et des biens publics et de la corruption institutionnalisée. La révolution à laquelle les peuples assujettis et meurtris d’Afrique tiennent tant, c’est celle qui va les affranchir de la pauvreté endémique, de la misère abjecte et insoutenable, de l’insécurité multidimensionnelle et multiforme, de la dépendance, bref, du sous-développement organisé qui les accable depuis 140 ans et qui va les amener vers le haut de l’échelle sociale mondiale. C’est-à-dire, celle qui va concrètement les réhabiliter à l’issue du profond changement structurel de leurs conditions de travail et par conséquent de leurs conditions de vie et qui va faire d’eux des partenaires réellement considérés et respectés des puissances idéologiques et hégémoniques mondiales de toutes les couleurs idéologiques et de toutes les régions géographiques. La révolution à laquelle les peuples opprimés, méprisés et meurtris d’Afrique veulent coûte que coûte aboutir, c’est, enfin, celle qui relève et découle, ni de la seule et unique volonté de l’Occident multiple de Donald Trump, ni de la seule et unique volonté de la Russie de Vladimir Poutine, ni de la seule et unique volonté de la Chine de Xi Jinping, mais bien plutôt de leur propre et réelle volonté.

En vérité, ni les bons Occidentaux, ni les bons Chinois, ni les bons Russes, à l’égard desquels certains des nouveaux « révolutionnaires » africains vouent une foi et une confiance inébranlables et même aveugles, ne sont sincèrement disposés à sortir l’Afrique du sous-développement. Quelles que soient l’intensité et la qualité des liens qu’ils ont avec leurs supposés partenaires d’ici, ils ne construiront jamais l’Afrique en lieu et place des Africains eux-mêmes. Car, en tant qu’impérialistes, ils poursuivent tous, quels que soient leurs origines géographiques, leurs couleurs idéologiques et le visage qu’ils affichent à un moment donné ou à un autre de l’histoire, le même but ultime partout : dominer idéologiquement, politiquement, économiquement, socialement et culturellement les autres pays et peuples, surtout les plus faibles, afin de les exploiter comme ils l’entendent. Celui qui se laisse sentimentalement succomber à la propagande mielleuse de l’un ou l’autre de ces vautours insatiables, en feignant d’ignorer ce principe fondamental, incontournable et commun à tous les impérialismes maintes fois souligné à travers cet article, est un faible d’esprit, un égocentrique, un traître et/ou un incompétent politique qui s’ignore.

PREALABLES INCONTOURNABLES

Cependant, pour que les peuples actuellement opprimés, méprisés et meurtris d’Afrique parviennent à assouvir, un jour, leur soif profonde, celle de se libérer de toutes sortes de chaînes, de servitudes et d’exploitations, il faudrait que l’écrasante majorité de leurs intellectuels, surtout organiques ; que l’écrasante majorité de leurs chefs et leaders, surtout politiques et d’opinion et que l’écrasante majorité de leurs citoyens ordinaires, surtout de la couche supérieure, se débarrassent préalablement, foncièrement et irrémédiablement de l’aliénation qui les habite, les corrompt, les conduit et les fait échouer depuis les indépendances fictives des années mille neuf cent soixante et suivantes. Il faudrait donc, pour tout dire, qu’ils s’organisent sérieusement, conçoivent et élaborent scientifiquement, appliquent et mènent consciencieusement et réussissent à tout prix, non pas une révolution de pacotille, celle consistant à changer tout simplement de tutelle impérialiste, mais plutôt une véritable révolution, celle qui change profondément et réellement les structures idéologico-culturelles, mentales, politiques, économiques et sociales des peuples d’Afrique. Une véritable révolution qui résiste inébranlablement aux invasions impérialistes de toutes les couleurs idéologiques et de toutes les origines géographiques et qui donne de bons fruits.

Mais alors une révolution qui tient compte, enfin, des réalités géopolitiques mondiales et qui permet aux peuples meurtris d’Afrique de poursuivre, dans la dignité et en toutes responsabilités, leurs relations diplomatiques et de coopération au développement avec le reste du monde, dont les différentes puissances idéologiques et hégémoniques mondiales. Car, celles-ci demeurent généralement les acheteuses potentielles de leurs diverses ressources naturelles et de leurs autres produits, les sources possibles de financement de certains de leurs programmes et projets de développement, les productrices et distributrices mondiales des moyens technologiques d’exploitation, de transformation et de logistique, soubassements incontournables du développement durable. Cependant, il reste qu’ils doivent absolument, essentiellement et prioritairement compter, non pas sur les Russes seuls, les Chinois seuls et les Occidentaux seuls, mais bien plutôt, avant tout et après tout sur des patriotes africains hautement qualifiés, réellement dotés de la vertu politique et non inféodés à l’une ou l’autre des puissances mondiales. Ces derniers sont, définitivement, les seuls et uniques responsables attitrés de la conception, de l’élaboration et de la construction de la véritable révolution à laquelle ils aspirent foncièrement pour remettre fermement l’Afrique sur pied.

MUSENE SANTINI BE-LASAYON (CP)

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