La Russie de Poutine, un État totalitaire

Vladimir Poutine en conférence de presse après sa rencontre avec le président des Etats-Unis lors du sommet du G7 à Genève. Le 16 juin 2021 GENEVA, SWITZERLAND – JUNE 16, 2021: Russia's President Vladimir Putin gestures at a news conference following a summit with US President Joe Biden at the Villa La Grange. Sergei Bobylev/TASS

Depuis plus de 25 ans, la Russie n’a jamais été personne d’autre que Vladimir Poutine. Et Vladimir Poutine n’a jamais été rien d’autre que la Russie personnifiée. Ces deux entités, Poutine et Russie, paraissent physiquement séparées aux yeux des myopes idéologiques et politiques. Et pourtant, elles constituent, dans la réalité quotidienne russe, une seule, unique et même entité: Vladimir Poutine. Indubitablement, nous nous trouvons, là, en plein système totalitaire.
J’observe, analyse et interprète l’évolution idéologique et politique de Vladmir Poutine, le Président de la Fédération de Russie, depuis qu’il fait de la politique active. Je livre, ici, mes impressions sur ses pratiques idéologiques et politiques.

Pratiques idéologiques
Depuis l’effondrement du régime communiste soviétique qui le couvrait, Vladimir Poutine a longtemps paru, surtout depuis qu’il s’est hissé au sommet de la Fédération de Russie, idéologiquement flou. Il a longtemps dissimulé l’idéologie à partir de laquelle il fonctionne politiquement. Cependant, depuis la guerre qu’il impose à l’Ukraine, il se dévoile de plus en plus à une certaine opinion Idéologique-ment et politiquement avertie. A moi, particulièrement, il me paraît n’être ni un socialiste révolutionnaire ou un communiste, ni un social-démocrate, ni encore moins un libéral.
Je m’explique : Le profil idéologique, que ses attitudes, son comportement et ses pratiques politiques dégagent, ne me semblent pas du tout relever du socialisme, du communisme, du libéralisme ou de la social-démocratie. Ils découlent plutôt, à mon humble avis, d’un mélange idéologique apparemment inextricable. Mais, en examinant en profondeur ce vraisemblable flou idéologique, je perçois et distingue les traits essentiels de l’idéologie fasciste en général et totalitaire en particulier. Quelques preuves tangibles?
Un parti politique quasi-unique, le Parti de la Liberté, par surcroît celui de Poutine, dirige seul, depuis plus de 25 ans, la Fédération de Russie. Par ce parti et ses idéologues, Poutine rejette, malicieusement, la démocratie. En manipulant, à sa guise, la Constitution russe. Par ce parti et ses idéologues, Poutine réprime, toujours violemment, toute opposition à son pouvoir.
Par ce parti et ses idéologues, Poutine s’arroge le contrôle absolu de la vie, aussi bien publique que privée, à travers toute sa Russie. Par ce parti et ses idéologues, la société et l’existence individuelle, quasi-inféondées à l’État poutinien, se trouvent vidées de toute leur substance.
Par ce parti et ses idéologues, Poutine nie l’essence même de la politique qui se repose pourtant, à en croire Hannah Arendt, sur « la communauté et la réciprocité d’être différents» ou sur «la pluralité humaine.» Par ce parti et ses idéologues, un seul discours idéologique et politique, celui de Poutine, passe à travers toute la Fédération de Russie.
Depuis plus de 25 ans, la Russie n’a jamais été personne d’autre que Vladimir Poutine. Et Poutine n’a jamais été rien d’autre que la Russie personnifiée. Ces deux entités, Poutine et Russie, qui paraissent physiquement séparées aux yeux des myopes idéologiques et politiques, constituent, dans la réalité quotidienne russe, une seule, unique et même entité: Vladimir Poutine!!!

Pratiques politiques
L’écrasante majorité des citoyens russes, ravalés par le poutinisme, ne vivent plus que par et pour leur monarque: Poutine. À qui ils doivent tout et à qui ils sont tous soumis. Pour preuve, Me Navalny, le seul opposant ouvertement et farouchement anti-Poutine, vit, le plus souvent, dans les geôles poutiniennes.
À partir de sa Russie et du traumatisme politique, économique, social, culturel et humanitaire qu’il a suscité et implanté dans le subconscient des Russes, des Ukrainiens, des Moldaves, des Lettons, des Estoniens, des Lituaniens, des Polonais, des Géorgiens, etc, Poutine a envahi l’Ukraine qu’il veut entièrement pour lui et pour lui seul. Et pourtant, l’Ukraine est un État indépendant, souverain et libre de tout engagement.
À partir de sa Russie, Poutine terrorise certains autres pays environnants, en l’occurrence la Pologne, la Géorgie, la Moldavie, l’Estonie, la Lettonie, la Lituanie, etc. À partir de sa Russie, Poutine envisage sérieusement de détrôner ceux qu’il qualifie de « petits présidents » de ces «petits pays» souverains qu’il déconsidère et sur lesquels il voudrait s’asseoir.
À partir de sa Russie, Poutine engage des mercenaires, par le truchement du groupe prétendument privé dénommé Wagner, qu’il charge de s’immiscer dans les affaires intérieures des États étrangers et surtout d’Afrique. L’impérialisme de type moderne, d’une couleur jusque-là insoupçonnée, c’est, indubitablement, Poutine.
Benito Mussolini et surtout Adolf Hitler, ses véritables modèles idéologiques et politiques cachés, ont procédé et agi, suivant l’histoire, de la même manière. A l’intérieur de leur pays respectif, ils ont gouverné par la terreur. À l’extérieur de leur pays respectif, ils ont également répandu la terreur par l’impérialisme. Mais, ils ont fini, tous les deux, par échouer lamentablement.
Serait-ce dire que Vladimir Poutine, leur poulain contemporain, pourrait subir, un jour ou l’autre, le même sort tragique que ses deux maîtres susmentionnés? Très souvent, l’histoire s’est répétée à l’encontre de ceux qui n’ont jamais voulu apprendre d’elle.

Références
Pour se convaincre de ce profil idéologique et politique qui se dégage des attitudes, du comportement et des pratiques politiques de Poutine, ceux qui s’en intéresseraient pourraient bien s’employer à les observer et à les détecter méticuleusement, scrupuleusement et inlassablement à partir des faits et gestes du Président Poutine. Non seulement dans sa Russie, mais également dans les pays environnants et dans le monde entier.
Les traits idéologiques et politiques de Poutine ne s’offrent que très péniblement aux observateurs perspicaces. Ces derniers pourraient, par ailleurs, découvrir ces attitudes, ce comportement et ces pratiques idéologiques et politiques, ci-dessus attribués à Poutine, à travers de bons livres traitant des idéologies politiques en général et du totalitarisme en particulier. Des livres écrits aussi bien par des marxistes que par des libéraux non militants, c’est-à-dire non partisans, mais plutôt intellectuellement objectifs, honnêtes et justes.
Exactement comme ceux produits et publiés par les principaux animateurs de la célèbre « École des théories critiques » de Francfort. Je cite, par exemple, Jurgen Habermas, Éric Fromm, etc.

À l’image du maître
Ancien cadre supérieur du KGB soviétique; ancien chef des services secrets russes; ancien Président de la Fédération de Russie pendant 10 ans; ancien Premier ministre de cette même Fédération de Russie durant cinq ans, sous la présidence de son acolyte Medvedev, son propre ancien Premier ministre; redevenu Président de la Fédération de Russie il y a une dizaine d’années, Vladimir Poutine est, incontestablement, le seul et l’unique maître du Kremlin post-soviétique. Il forge à sa propre image, depuis plus de 25 ans, la perception qu’il veut que le monde se fasse de sa Russie: Un État extrêmement fort, conduit par un homme extrêmement fort, qui est lui-même.
La Russie de Poutine c’est, foncièrement, un État tout à fait totalitaire.
MUSENE SANTINI BE-LASAYON