La science des finances s’enrichit d’un nouvel ouvrage : «Droit et économie des finances publiques en RDC»

Les finances publiques sont au cœur de l’action publique. C’est par elles que les pouvoirs publics déclinent en chiffres les options fondamentales de leur politique économique et sociale. Ce qui impose des principes et des règles à observer pour des finances publiques au service du développement. Ce que Serge Maabe Muanyimi résume parfaitement dans son ouvrage «Droit  et économie des finances publiques en RDC», porté sur les fonts baptismaux samedi à l’auditorium du Fleuve Congo Hôtel. 780 pages qui vous amènent à comprendre les susceptibilités de la science des finances publiques et ses contours juridiques.

Le monde scientifique congolais s’est enrichi d’un nouvel ouvrage «Droit et économie des finances publiques en RDC », une œuvre de Serge Maabe Muanyimi, avocat et économiste.

C’est le 1er vice-président du Sénat, Eddy Mundele, qui s’est chargé de porter cet ouvrage sur les fonts baptismaux, en présence d’un auditoire diversifié où se côtoyaient sénateurs, députés, juristes, économistes et praticiens du droit. Cet ouvrage fait partie des œuvres de l’esprit produites par «Ishango», une Start up basée à Kinshasa.

Dans son mot de circonstances, le sénateur Eddy Mundela a loué la qualité et la pertinence de cet ouvrage.

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S’adressant à l’auteur de cet ouvrage, il a fait remarquer que «le fruit de tes réflexions contenu en plus de 700 pages est un travail costaud qui nous donne tous l’occasion de nous remettre en question. Je crois que la jeunesse a un rôle important à jouer dans ce pays, et il temps que cette jeunesse se relance et que chacun se prenne en charge. Le Congo a besoin de tout le monde». D’où, son appel «Fédérons nos forces et nos intelligences afin que la RDC se réveille pour une place de choix sur le continent».

Faire les finances publiques autrement

Les finances publiques sont à l’origine de l’État moderne et de la démocratie. C’est le principe que pose Serge Maabe dans son ouvrage. Ainsi, le livre embrasse la quasi-totalité des thèmes généralement abordés dans les manuels des finances publiques: données générales sur les finances publiques, règles d’élaboration, de présentation, d’adoption, d’exécution, de contrôle et d’évaluation des finances publiques aussi bien à l’échelle du pouvoir central que des provinces ou des entités territoriales décentralisées. Se trouvent ainsi réunis dans ce volume, outre les principes de l’économie des finances publiques, les principes généraux, les principes comptables, les contentieux juridictionnels et non juridictionnels des finances publiques.

Le parti privilégié dans ce livre est résolument interdisciplinaire, afin de cerner la complexité de la science des finances publiques, désormais inscrites sous le signe de la performance.

Le livre pose le principe d’un lien étroit entre le marché financier et l’amélioration de la qualité des institutions et de la gouvernance, ont indiqué les professeurs Musila et Kaseshi dans le travail de recension de cet ouvrage de 780 pages.

L’auteur, qui a pris tout son temps pour comprendre les méandres des finances publiques, se servant de ses prérequis de juriste et d’économiste, note que «c’est un livre qui arrive en maturité après plusieurs années de recherche, il se veut interdisciplinaire, ça signifie qu’il est allé puiser dans la méthodologie du droit, c’est-à-dire l’analyse des textes pour savoir le fondement de nos finances publiques». Et de préciser «Nous ne nous limitons pas seulement aux textes congolais, mais nous faisons aussi du droit comparé, un regard sur ce que les autres font déjà en la matière sur la doctrine comparée sur ce que les autres auteurs ont dit. Nous nous basons donc sur le droit, mais surtout sur les autres disciplines, notamment les sciences économiques et la science politique. En économie, nous essayons de voir l’incidence ou la conséquence de décision budgétaire sur le fonctionnement des mécanismes économiques. Par exemple que devient le taux d’inflation lorsque le gouvernement décide d’augmenter ou de réduire les impôts, ça c’est l’approche que seuls les économistes savent manier le mieux avec une sorte de modélisation pour trouver des résultats ».

Selon lui, son ouvrage a l’avantage d’aller au-delà de la science des finances en incluant la science politique pour comprendre les divers choix.

«De ce point de vue, nous voyons la science politique comme la science du pouvoir ou de l’État et donc nous essayons de voir comment les acteurs, au sein où en dehors de l’État, essaient d’interagir pour pouvoir produire les lois des finances ou le budget. Cette triple approche nous semble plus à même de maîtriser les phénomènes finances et publics pour proposer aussi des pistes de solutions qui puissent contribuer à l’amélioration de la gouvernance publique». C’est cette interdisciplinarité qui fait la force de son ouvrage, fait-il remarquer, «parce que nous estimons que les phénomènes des finances publiques ne peuvent être perçus quand les analysant au prisme de plusieurs disciplines scientifiques».

L’ouvrage se termine par une série de réformes pour des finances publiques véritablement au service du développement et du bien-être collectif.

«J’ai proposé plusieurs réformes, notamment en ce qui concerne le calendrier budgétaire et le rôle de la Cour Constitutionnelle, y compris aussi en ce qui concerne la gestion de la dette publique et bien d’autres domaines», rappelle Serge Maabe.

«Un Vade mecum en finances publiques»

Présent dans la salle, Eric Tshikuma, député national et opérateur des médias, salue cet ouvrage qui présente les finances publiques sous un aspect pluridisciplinaire.

«En tant qu’opérateur des médias, spécialisé dans les questions des finances publiques, les recommandations de l’auteur renforcent notre détermination à démocratiser le débat public sur la gestion de nos finances publiques. Je pense que plusieurs ou certains médias de la République Démocratique du Congo le font. Entre-temps, face ou dans un environnement hautement politisé où le débat est dominé par des activités politiques, il est important que les médias fassent leur part et que les acteurs politiques eux-mêmes puissent également songer ou évoquer, discuter, proposer des idées autour des finances publiques. C’est très important pour que nous puissions aider le peuple congolais à voir le changement dans son quotidien. En tant que parlementaire, les réformes proposées par l’auteur enrichissent également nos réflexions et nous aident à coup sûr à contribuer au débat parlementaire en connaissance de cause», pense Éric Tshikuma.

A tout prendre, Eric Tshikuma est d’avis que l’ouvrage de Serge Maabe est «une somme économique et un vade mecum en matière des finances publiques en RDC».

Selon lui, le contrôle politique des finances publiques, repris dans le chapitre quatre (4) de l’ouvrage, permet aux organes délibérants de «s’assurer que le bénéficiaire des crédits budgétaire respectent réellement les autorisations parlementaires et qu’ils rendent compte de leur gestion devant les représentants du corps social ».

Diplômé en droit (Université de Kinshasa), Serge Maabe Muanyimi est avocat. Il est également diplômé en sciences économiques de l’Université Protestante au Congo et diplômé en science politique de l’Université Pédagogique Nationale, où il est assistant d’enseignement. Il est actuellement à la tête de la Direction provinciale du contrôle des marchés publics de la ville de Kinshasa.

Francis M.