L’Afrique subsaharienne abrite en viron 30% des réserves mondiales prouvées de minerais essentiels nécessaires à la transition vers les énergies propres. Il s’agit notamment du cobalt, du graphite, du manganèse, des métaux du groupe du platine et du chrome. Cette abondance de ressources minérales stratégiques place la région au cœur des enjeux de la transition énergétique mondiale.
La région est déjà un important producteur de ces minerais critiques, avec notamment la République démocratique du Congo qui fournit plus de 70% de la production mondiale de cobalt. Cette position de leader dans l’extraction de certains minéraux constitue un avantage compétitif majeur pour l’Afrique subsaharienne. Cependant, la majorité de la production est actuellement exportée à l’état brut, sans transformation locale. La demande mondiale pour ces minerais essentiels devrait doubler, voire tripler, d’ici 2050 avec l’essor des véhicules électriques et des énergies renouvelables dans le cadre de la transition énergétique. L’Afrique subsaharienne a donc l’opportunité de jouer un rôle majeur dans l’approvisionnement en minerais nécessaires à cette transformation, à condition de développer davantage ses capacités de transformation locale.
Au-delà des retombées économiques directes, la valorisation de ces ressources minérales pourrait permettre à l’Afrique subsaharienne d’accélérer son industrialisation et son développement économique. La création de chaînes de valeur régionales dans les secteurs liés aux minerais critiques favoriserait les transferts de technologies, le développement des compétences et la diversification productive.
Cependant, pour tirer pleinement parti de cette abondance de ressources, la région doit relever plusieurs défis, notamment en matière d’infrastructures, de gouvernance et de stabilité politique. Des réformes structurelles sont nécessaires pour attirer les investissements requis et s’assurer que les populations locales bénéficient équitablement des retombées économiques de cette manne minérale.
Un autre défi majeur sera de concilier l’exploitation minière avec la préservation de l’environnement et des communautés locales. Une approche minière durable, respectueuse de l’environnement et des droits humains, devra être développée pour maximiser les bénéfices à long terme de cette richesse minérale.
Enfin, la réussite de cette stratégie dépendra également de la capacité de l’Afrique subsaharienne à s’insérer dans les chaînes d’approvisionnement mondiales émergentes liées à la transition énergétique. Des efforts diplomatiques et commerciaux seront nécessaires pour nouer des partenariats stratégiques et tirer parti des opportunités offertes par cette transformation mondiale.
En effet, les ratios d’endettement public ont augmenté en Afrique subsaharienne. Entre 2012 et 2022, le ratio médian de la dette publique par rapport au PIB s’est accru d’environ 30 points de pourcentage, passant de 28,8 % du PIB à 59,1 % (Figure 1 et Figure 2). Cet accroissement est survenu après une décennie de forte diminution de l’endettement grâce à l’initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE) et à l’initiative d’allégement de la dette multilatérale.
La hausse des ratios d’endettement a été généralisée, survenant dans tous les pays de la région à l’exception de quatre, mais a suivi un rythme très variable : 6 pays ont connu une augmentation de 1 à 20 points de pourcentage, 29 ont enregistré une hausse de 20 à 50 points de pourcentage et 5 pays ont vu une hausse supérieure à 50 points de pourcentage. Le service des intérêts de la dette publique s’est également accru, diminuant les ressources disponibles pour financer les besoins de développement, en passant d’une médiane de 4,6 % des recettes publiques (hors dons) à fin 2012 à 10,4 % à fin 2022. Selon les données présentées dans la Figure 12, il est clair que sur la période allant de 2000 à 2022, la structure de la dette révèle une concentration significative au niveau des dettes multilatérales, suivie par les autres dettes commerciales.
POINTS D’ANALYSE
Cette observation soulève plusieurs points d’analyse importants. Tout d’abord, la prédominance des dettes multilatérales indique une forte dépendance des pays en question vis-à-vis des institutions financières internationales telles que la Banque mondiale, le Fonds monétaire international et d’autres banques régionales de développement. Cette dépendance peut être attribuée à plusieurs facteurs, notamment des besoins de financement accrus pour des projets de développement majeurs ou des ajustements structurels imposés par ces institutions. En ce qui concerne les autres dettes commerciales, leur positionnement en deuxième place soulève des questions quant à la nature de ces créances.
Il est possible qu’il s’agisse de prêts contractés auprès d’entités privées, telles que des des investisseurs institutionnels, dans le but de financer des projets spécifiques ou de combler des déficits budgétaires.
La transition énergétique mondiale, initiée par les politiques de décarbonation, a engendré une augmentation substantielle de la demande en minéraux stratégiques. Ces ressources minérales jouent un rôle essentiel en tant qu’intrants dans la fabrication des technologies vertes telles que les véhicules électriques et les énergies renouvelables. Par exemple, la production de batteries lithium-ion destinées à la mobilité électrique nécessite une quantité importante de matières premières minérales comme le lithium, le nickel, le manganèse et le cobalt. De même, les technologies de production d’énergies renouvelables comme les panneaux solaires et les éoliennes font appel à des minéraux tels que la bauxite, le cuivre, le silicium et les métaux du groupe du platine.
Selon les projections de l’Agence internationale de l’énergie (AIE, 2023), la demande mondiale en ces minéraux stratégiques devrait connaître une hausse significative d’ici 2050 dans le cadre des trajectoires de neutralité carbone. Les besoins en nickel et en cobalt devraient ainsi doubler, voire tripler, tandis que la demande de lithium pourrait être multipliée par dix entre 2022 et 2050.
L’Afrique subsaharienne, qui recèle environ 30% des réserves mondiales prouvées de ces matières premières essentielles, se trouve au cœur de ces enjeux d’approvisionnement. La région est déjà un acteur majeur de la production de certains de ces métaux critiques. La République démocratique du Congo domine ainsi le marché mondial du cobalt avec plus de 70% de la production et près de 50% des réserves prouvées (Figure ci-dessus). L’Afrique du Sud, le Gabon et le Ghana sont également des producteurs importants de manganèse, représentant ensemble plus de 60% de l’offre mondiale. Bien que moins développées actuellement, les importantes réserves de lithium identifiées au Zimbabwe offrent également un potentiel de production significatif pour l’avenir.
Cette abondance de ressources minérales stratégiques positionne favorablement l’Afrique subsaharienne pour jouer un rôle essentiel dans l’approvisionnement des chaînes de valeur mondiales liées à la transition énergétique. Cependant, la région doit encore relever des défis majeurs en termes d’infrastructures, de gouvernance et de stabilité politique afin d’attirer les investissements nécessaires et d’assurer une exploitation durable de ces richesses minérales au bénéfice des populations locales.
Avec Congo Challenge