Le cas flagrant de l’INPP : réforme des entreprises du Portefeuille de l’Etat : 180 millions USD de la Banque mondiale jetés par la fenêtre

A l’INPP, les nouveaux mandataires publics se sont tapés des salaires princiers

Les récentes révélations de gros salaires que se tapent les membres du Conseil d’administration de l’INPP (Institut national de préparation professionnelle) a donné la preuve de la boulimie qui caractérise l’homme politique congolais. Bien plus, ces chiffres, aussi révoltants que répugnants, prouvent à quel point la politisation des entreprises du Portefeuille de l’Etat a encore la peau dure en République Démocratique du Congo. Pourtant, l’on se rappelle de cet effort, chiffré à près de 180 millions de dollars américains, fourni par la Banque mondiale dans le cadre du Projet compétitivité et développement du secteur privé pour accompagner la réforme des entreprises publiques. Décidément, toute la réflexion menée par le Copirep, jadis Comité de pilotage de la réforme des entreprises publiques, a été vaine. Tout compte fait, près de 180 millions USD de la Banque mondiale sont partis en fumée. Un montant qui est venu s’ajouter à l’ardoise de la dette extérieure de la RDC. Autrement dit, une somme colossale à rembourser, alors qu’il n’a servi à rien.
Des mandataires publics, nouvellement nommés dans les entreprises du Portefeuille de l’Etat (sociétés commerciales, établissements et services publics) ont été conviés, depuis mercredi, à un séminaire de renforcement des capacités sur la gestion responsable des deniers publics. En organisant ces travaux, les initiateurs veulent amener ces dirigeants à gérer correctement les deniers publics. Une gestion responsable qui, à coup sûr, va favoriser le développement intégral du pays.
Durant deux jours, ces nouveaux commis de l’Etat ont appris les rudiments d’une gestion efficiente des entreprises qu’ils dirigent. Les présidents du conseil d’administration, les directeurs généraux, leurs adjoints ainsi que les directeurs financiers des entreprises du Portefeuille de l’Etat ont été appelés à changer de mentalité pour ne pas verser dans les détournements de l’argent de l’entreprise.
Ces deux jours d’atelier ont été animés par des experts de la Cellule d’innovation et de changement des mentalités, l’Agence de prévention et de lutte contre la corruption et de l’Inspection générale de finances. Le maître mot de ce séminaire-atelier était : conscientiser les mandataires des entreprises du Portefeuille.
Evidemment, dans ce pays, qui se veut démocratique, les séminaires se succèdent et se ressemblent en même temps. Pour le cas précis, on n’est pas à la première expérience d’un séminaire de renforcement des capacités des mandataires publics.
Il faut juste poser la question à la représentation de la Banque mondiale en RDC pour en connaître davantage.
En effet, il y a quelques années, la Banque mondiale, animée d’une bonne foi sans commune mesure, avait décidé de débloquer près de 180 millions de dollars américains, en deux tranches de 120 millions et 60 millions USD, dans le cadre du Projet compétitivité et développement du secteur privé (PCDSP). Ce projet, qui a d’ailleurs été à la base de la création du COPIREP, avait un volet consacré à la réforme des entreprises publiques. C’est de la mise en œuvre de ce projet que l’Etat congolais avait procédé en 2008 par un décret du Premier ministre à la transformation des entreprises publiques en trois catégories, à savoir les sociétés commerciales, les établissements et services publics.

La politisation a la peau dure
Le principe de la réforme des entreprises publiques, tel que conçu et mis en œuvre par le Copirep, était de parvenir à la dépolitisation de ces entreprises. Quinze ans après le processus de transformation de 2008, on est en droit de se poser quelques questions ? Est-ce que ces entreprises du Portefeuille de l’Etat sont plus viables qu’avant ? Quel est le bilan réel de l’appui de 180 millions USD de la Banque mondiale ?
Sans surprise, la réponse est négative sur toute la ligne. En réalité, le PCDSP a échoué sur la ligne. Quoi que transformées, les entreprises du Portefeuille de l’Etat ne se sont pas affranchies de la main politique. Le principe de la politisation reste d’ailleurs la règle dans leur gestion.
Sous Kabila, on a déploré cette tare, sans jamais l’élaguer. Félix Tshisekedi ne l’a pas non plus éliminée. Bien au contraire, le Chef de l’Etat s’en est servi pour caser le trop plein des membres de sa mouvance. Aujourd’hui, plus qu’hier, les entreprises du Portefeuille de l’Etat ploient sous le diktat politique.
Les dernières nominations dans le Portefeuille de l’Etat ont encore renforcé ce principe par des choix politiquement motivés.
On ne peut donc pas s’étonner de ce qui se passe à l’INPP où les membres du Conseil d’administration (PCA, DG et DGA) se sont taillés des salaires princiers, faisant de cet établissement un trophée de guerre qu’ils se partagent allègrement. Et dire que l’INPP n’est qu’un cas d’école parmi tant d’autres. Car, là où passe la main politique, c’est la prédation qui est la règle
A tout prendre, la Banque mondiale doit sûrement regretter ses efforts consentis dans le carte du PCDSP. Elle a jeté ses 180 millions USD par les fenêtres. Malheureusement, c’est une enveloppe qui est venu gonfler inutilement sa dette extérieure.

F.K.