En septembre 2021, le Président Félix-Antoine Tshisekedi a ordonné une enquête sur les scandales de la fraude minière. A cet effet, il avait demandé à son gouvernement de prendre des mesures pour mettre fin à l’exploitation illicite des minerais, mais un scandale autour d’un conflit minier implique l’entourage du chef de l’Etat.
Même si très peu d’informations ont filtré sur l’audition de François Beya, conseiller spécial du président Félix Tshisekedi en matière de sécurité, arrêté le 5 février dernier, plusieurs sources évoquent un règlement de comptes sur fond d’une guerre de palais.
Selon l’hebdomadaire Jeune Afrique, un proche du président congolais aurait évoqué un problème de gestion des concessions minières.
François Beya était en effet en disgrâce depuis novembre dernier, après que sa gestion d’un conflit minier entre plusieurs membres de l’entourage de Félix Tshisekedi avait été fortement critiquée.
« …des dossiers liés à l’exploitation minière »
Mills Tshibangu, journaliste d’investigation vivant dans la province minière du Haut-Katanga, affirme que plusieurs acteurs politiques, notamment les proches du Président, sont impliqués dans l’exploitation minière.
Selon lui, la démission, en janvier dernier, de Jean-Marc Kabund, chef du parti présidentiel, de son poste de vice-président de l’Assemblée nationale est liée notamment aux disputes pour des intérêts miniers.
« Il a été accusé de beaucoup de compromissions dans des affaires minières. Effectivement, il y a aussi dans la démission de Monsieur Kabund des dossiers liés à l’exploitation minière », a-t-il dit.
Dans un rassemblement populaire à Kinshasa le week-end dernier, Devos Kitoko, secrétaire général de l’ECiDé, parti de l’opposant Martin Fayulu, a appelé leurs militants à ne pas croire aux « aventures » observées au sommet de l’Etat qui, selon lui, sont des « disputes internes pour le contrôle des carrés miniers ».
À qui profite l’industrie minière en RDC?
Si par le passé on a accusé les membres de la famille de l’ancien président Joseph Kabila d’avoir mis la main sur des dizaines de concessions minières, les activistes de la Société civile pensent aujourd’hui que rien n’a changé.
Jean-Claude Mputu est porte-parole de la plateforme « Le Congo n’est pas à vendre », qui lutte contre la corruption.
« Des acteurs de la Société civile locaux dans le Lualaba, dans le Haut-Katanga, dénoncent la mainmise des proches du Président de la République ou des alliés politiques dans l’exploitation des mines artisanales avec la complicité des Chinois ou d’autres entrepreneurs », a dit Mputu. Et de poursuivre : « Donc on est véritablement dans une continuité, plutôt que dans une rupture ou dans un changement. Ce qui a changé, c’est juste qu’on est en train de déshabiller Saint-Paul pour habiller Saint-Jean ».
Volonté affichée mais non suivie des faits
L’instruction de Félix Tshisekedi à son gouvernement de prendre des mesures nécessaires pour mettre fin à l’exploitation illicite des sites miniers n’a pas été suivie d’effet, déplore Jean-Claude Mputu.
«On a fermé quelques sites mais après quelques semaines, les sites ont réouvert et dans d’autres endroits les sites continuent. On voit que ces instructions étaient plutôt cosmétiques que réelles ».
Plusieurs rapports affirment que des hommes d’affaires, des acteurs politiques et des responsables militaires sont impliqués dans l’exploitation minière en RDC.
Tiré de la Deutsche Welle