Le dernier rempart

Two military stand guard on the solidified lava flow during a visit by Democratic Republic of Congo President Felix Tshisekedi to Goma, the provincial capital of North Kivu, on June 14, 2021. - The president visited Goma stricken by the eruption of the Nyiragongo volcano on May 22, 2021 which caused the death of about thirty people and the evacuation of nearly half a million people. (Photo by GUERCHOM NDEBO / AFP)

Dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu, l’état de siège est à son sixième mois. Quant à son bilan, les avis divergent. On se retrouve pratiquement dans la situation d’un verre à moitié vide ou à moitié plein, selon le prisme d’analyse.

Le plus évident est que, sur le terrain des opérations, il y a une nette évolution. C’est vrai que les groupes armés et d’autres milices continuent à faire preuve d’une certaine résistance, il faut néanmoins reconnaître que les opérations militaires menées dans le cadre de l’état de siège ont sérieusement entamé la capacité de nuisance de toutes les forces négatives qui écument la partie Est de la République Démocratique du Congo.

Il y a donc une action pédagogique qui doit être intensifiée pour rassurer les plus indécis. Ce n’est pas en quelques mois qu’on viendra à bout de la pieuvre qui endeuille depuis des années la partie Est de la République. Le plus important est qu’il y a une action qui a été engagée. Au Gouvernement, la détermination d’aller jusqu’au bout est bon. Ce n’est donc pas le moment de lâcher prise. Bien au contraire.

N’est-ce pas que l’ennemie est aux abois ? En tout cas, ces assurances sont du porte-parole des Forces armées de la RDC (FARDC), lors d’un récent face-à-face avec la presse.

Il y a lieu de croire en la capacité de riposte des FARDC. Les derniers évènements de Rutshuru (Nord-Kivu), où un groupe armé, identifié sous l’étiquette des ex-rebelles du M23, a été mis en déroute, prouve nettement que l’armée congolaise a nettement gagné non seulement en confiance, mais aussi en termes de dissuasion.

C’est vrai qu’il y a eu de ratés au lancement des opérations militaires inscrites dans le cadre de l’état de siège. Mais, ce n’est pas une raison de rompre ce pacte républicain qui a l’avantage de redonner espoir au peuple meurtri de l’Ituri et du Nord-Kivu. C’est encore une bonne raison d’aller de l’avant pour une paix durable dans cette partie névralgique de la RDC.

Quoi qu’il en soit, les FARDC ne sauront pas remplir efficacement leur mission sans une véritable adhésion populaire, étant entendu que ce qui se passe dans l’Est de la RDC rime parfaitement avec une guerre asymétrique où les ennemis se fondent facilement dans la population, avant d’opérer par surprise. Ce qui n’exclut pas des complicités internes, aussi à l’échelle militaire que civile.

On a encore frais en mémoire ce cri du cœur du président de l’Assemblée nationale : «Quittez les groupes armés !»

En tout cas, il n’est pas trop tard pour que les uns et les autres apportent tout leur soutien autant au Gouvernement qu’aux FARDC. Tout ayant été essayé, depuis des années, sans atteindre l’objectif, l’état de siège reste à ce jour le dernier rempart pour un rendez-vous avec la paix en Ituri et dans le Nord-Kivu.

ECONEWS