En marge des Assemblées annuelles du FMI (Fonds monétaire international) et de la Banque mondiale, qui viennent de se tenir à Washington (Etats-Unis), le directeur du Département Afrique du FMI, M. Abebe Aemro Selassie, s’est prêté aux questions de la presse. C’était aussi l’occasion de faire le point sur les nombreuses interventions du FMI dans les pays subsahariens, dont la République Démocratique du Congo. Alors que la RDC aborde le dernier virage, soit la sixième et dernière revue de l’accord triennal conclu en juillet 2021 avec le FMI, à Washington, on se félicite de l’exploit réalisé par le gouvernement de Kinshasa. Devant la presse, le directeur du Département Afrique a jeté des fleurs au gouvernement congolais : «Je pense que le gouvernement doit être félicité d’avoir mené des réformes très difficiles et très importantes au cours des trois ou quatre dernières années».
La RDC est sur le point de conclure son programme triennal avec le FMI. Il s’agit d’un programme de 1,5 milliard de dollars US qui a contribué, d’une certaine manière, à la stabilité du pays. Quelles sont dès lors les perspectives de cette coopération avec la RDC dans un contexte de conflit permanent dans l’Est du pays ? C’est la question posée récemment à Washington, en marge des Assemblées annuelles du FMI et de la Banque mondiale, au directeur du Département Afrique du FMI, M. Abebe Aemro Selassie.
A cette question, ce haut fonctionnaire du FMI a eu une réponse juste, couvrant d’éloges le gouvernement pour le grand travail accompli dans le cadre de l’accord triennal conclu en juillet 2021.
«Je pense que le gouvernement (Ndlr : de la RDC) doit être félicité d’avoir mené des réformes très difficiles et très importantes au cours des trois ou quatre dernières années. Ce qui a offert beaucoup de degré de stabilité macroéconomique en cette période des chocs auxquels des pays ont été confrontés», a dit M. Selassie. Et d’ajouter : «Nous continuons à discuter avec le gouvernement. Le programme actuel prendra fin très bientôt. Et, s’il y a un vif intérêt de la part du gouvernement à conclure un autre programme, nous serions très heureux de participer à ces discussions. Mais on m’a dit que c’est le premier programme de l’histoire du Congo qui va passer par le cycle complet, trois ans sans aucune interruption. Donc, cela montre juste la cohérence, la fermeté dans la mise en œuvre du programme et la réforme. C’est un très bon signe ».
Niveau d’endettement : le FMI relativise
Est-ce que le niveau d’endettement, particulièrement de la RDC, qui a déjà dépassé le seuil de 10 milliards de dollars américains est une menace pour une économie aussi fragile ?
A cette question, le directeur du Département Afrique du FMI s’est montré plutôt pondéré : «Sur le niveau d’endettement, il est très important de tenir compte d’un large éventail de questions quand on parle de la nécessité d’un allégement de la dette. D’abord et avant tout, ce qui rend l’endettement problématique, c’est lorsqu’il devient insoutenable, lorsqu’il devient très difficile de payer, lorsqu’il faut détourner des ressources d’autres dépenses de développement. Et partout où cela a été le cas, nous avons exhorté les pays à l’allégement de la dette».
Certes, la dette extérieure de la RDC a augmenté, à l’instar d’autres pays africains, mais le directeur du Département Afrique du FMI relativise autant pour la RDC que d’autres pays de la région tels que le Rwanda : « Je tiens à préciser que l’évaluation de la dette, la durabilité, doit être très dépendante de beaucoup de considérations et il ne s’agit pas seulement d’une augmentation nominale du niveau d’endettement. Ce qui est également important, c’est de savoir si l’économie continue de croître, si les recettes fiscales continuent d’augmenter. Il y a beaucoup d’autres variables comme le niveau de croissance économique que le pays soutient, et ainsi de suite. Et dans le cas de la RDC, Oui, la dette a augmenté, mais elle reste soutenable. Exactement, parce que la fiscalité, les revenus se maintiennent très bien. Je pense qu’il faut tenir compte de tout cela en ce qui concerne l’endettement. Et notre point de vue, notre évaluation est que la dette reste soutenable avec les politiques budgétaires qui vont dans la bonne direction. Sur l’utilisation de ces ressources, je pense que l’essentiel pour nous est que ces ressources doivent être bien utilisées. Ce que nous réclamons, c’est que les ressources qui sont utilisées le soit de manière très transparente, sous réserve des bonnes considérations de gouvernance. Et d’après ce que nous voyons, il n’y a pas lieu de nous inquiéter dans ce domaine».
Faustin K.